L'effet rebond en écologie, qu'est-ce que c'est ?

C’est quoi, l’effet rebond ?

🤓 Initialement, l’effet rebond est une notion économique désignant un accroissement de la consommation imputable à la réduction de limites jusque-là posées à l’usage d’un bien, d’un service ou encore d’une technologie. Mais cette notion, lorsqu’elle s’applique à l’écologie, désigne un effet pervers, et complètement paradoxal, des avancées en matière d’efficacité énergétique. Sur le papier, les progrès en question semblent de bon augure, mais dans les faits, les économies réalisées s’accompagnent d’une augmentation de la consommation d’équipements, qui nécessitent eux-mêmes de l’énergie tant pour leur fabrication que pour leur fonctionnement, de sorte que l’impact environnemental, au final, s’avère plus délétère qu’il n’y paraît : la consommation énergétique, finalement, rebondit, au point de réduire considérablement, voire d’annuler, les économies d’énergie attendues 🙃.

C’est ce qu’on appelait « le paradoxe de Jevons », que l’on doit à Williams Stanley Jevons auteur du livre The Coal Question (1865) : une amélioration de la performance énergétique peut conduire, de manière paradoxale et plus ou moins inattendue, à une augmentation de la consommation d’énergie. Poussé à son paroxysme, on parle d’effet « backfire » ou retour de flamme, lorsque les gains d’efficacité se traduisent par une hausse de la consommation énergétique, et pas seulement par des économies d’énergie inférieures aux prévisions 😱.  

👉 La transition énergétique, un enjeu de taille

L’efficacité énergétique qui accroît la demande et anéantit nos efforts

Pour le petit point terminologique, On peut distinguer l’effet rebond direct, selon lequel l’amélioration de l’efficacité énergétique et la production d’un processus de production plus efficient provoque une plus grande consommation du bien en question, de l’effet rebond indirect, qui consiste à investir les gains tirés de la moindre consommation énergétique dans l’acquisition d’autres biens et services. Dans un cas comme dans l’autre, le bilan global du progrès en question est donc plus que mitigé 🤔.

Ainsi, l’effet d’usage se traduira par une plus importante utilisation du bien plus efficient, en raison de la diminution de son coût d’acquisition et de fonctionnement. L’effet de revenu, de son côté, libère des ressources financières qui se trouvent réinvesties dans d’autres produits eux-mêmes énergivores, et l’effet de substitution reviendra à remplacer prématurément un appareil qui fonctionne encore très bien, et qui de fait ne sera pas amorti d’un point de vue environnemental.

👉 Les énergies renouvelables sont-elles vraiment écolos ?

L’effet rebond, l’éternelle fuite en avant de la consommation énergétique

C’est un fait : à chaque fois que l’innovation permet une certaine économie d’énergie ou de matière, nous consommons plus 🙄. Ainsi, quand un bien ou un service devient moins cher, on tend à en consommer en plus grande quantité, ou à consommer d’autres biens en remplacement.

Tant que la recherche ultime poursuivie par nos sociétés sera la croissance, produire mieux se traduira par une consommation toujours plus importante. C’est donc un changement dans la dynamique d’ensemble qui doit être opéré. En effet, produire mieux doit être synonyme, avant tout, de produire moins, et de consommer moins. La transition écologique ne saurait ainsi se passer d’une transformation profonde du système de production et de consommation dans son ensemble.

👉 La voiture électrique est-elle vraiment écolo ? Oui, mais !

L’effet rebond en exemples

Mieux que de longs discours, c’est encore en exemples que l’effet rebond en écologie se comprend le mieux. Ainsi, un ménage qui procède à une meilleure isolation de son logement, qui change de système de chauffage pour quelque chose de plus vertueux, verra ses factures énergétiques diminuer, ce qui augmente son pouvoir d’achat. En contrepartie, peut-être poussera-t-il un peu plus fort le thermostat, ou reportera-t-il ces nouvelles ressources sur d’autres types de consommation elles-mêmes énergivores : le consommateur va jeter son dévolu sur d’autres produits, dont l’impact environnemental n’est pas plus vertueux 😒. Peut-être que les économies réalisées permettront l’organisation d’un voyage en avion, ou l’acquisition de matériel numérique.

Autre exemple : les « tote bags », déployés en remplacement des sacs plastique à usage unique dans les boutiques, nécessitent beaucoup d’eau et de pesticides pour leur conception : il faudrait les utiliser 7000 fois pour amortir leur empreinte environnementale, et les rendre plus écolos que les sacs plastiques à usage unique qu’ils remplacent, d’après une étude du Ministère de l’environnement et de l’alimentation danois 😱 !

De son côté, dans le secteur du numérique, le bilan est spectaculaire : les avancées en matière d’efficacité énergétique peuvent atteindre 20% par an, mais sont complètement annulées par une croissance des volumes de production de 10 à 50% par an. Résultat, la consommation d’énergie primaire du secteur augmente de 9% tous les ans.

Enfin, le télétravail lui-même, vanté pour être green-friendly en réduisant les trajets pour se rendre au travail, connaît son propre effet rebond : à la maison, il faut bien se chauffer, s’éclairer, et la pratique crée de nouvelles mobilités en étoile autour du domicile du télétravailleur au quotidien. Des trajets qui peuvent être conséquents du fait de la relocalisation périurbaine fréquente des télétravailleurs plus loin de leur lieu de travail.

L’effet débond : comment contrer l’effet rebond

À l’inverse, afin de ne pas annihiler tous nos efforts en matière d’économie d’énergie, il conviendrait de profiter des gains d’efficacité tout en limitant nos besoins. C’est donc une modification en profondeur des comportements qui devra accompagner les progrès en matière d’efficacité énergétique, afin de contourner l’effet rebond inévitable à l’heure actuelle, ce qui implique des changements majeurs dans les politiques publiques : ce sont en définitive les comportements, et non la technologie, qui détiennent les véritables clés de la transition énergétique. Le progrès technique en matière énergétique ne peut être le seul levier de cette stratégie, car il ne garantit pas une moindre pression sur les ressources naturelles, et est même susceptible d’aggraver cette dernière.

👉  Quelles sont les 5 causes principales du réchauffement climatique ?

Sources : youmatter.world, slate.fr, radiofrance.fr, tf1info.fr, cairn.info, lafabriqueecologique.fr, futura-sciences.com, theothereconomy.com