La sécheresse hivernale : une bombe à retardement

Mis à jour le par Equipe Rédaction

L’hiver 2023 a été marqué en France par une sécheresse hivernale sans précédent, cumulant entre le 21 janvier et le 21 février 32 jours de jours consécutifs sans pluie 😱. Un épisode caractérisé par un déficit global des précipitations dépassant les 75%, non compensé par les importantes pluies intervenues au mois de mars 2023. L’été précédent ayant déjà été marqué par une sécheresse historique, il était pourtant plus que jamais important de connaître un hiver des plus humides. Or, la sécheresse hivernale est une véritable bombe à retardement. Explications.

La sécheresse hivernale : une bombe à retardement

C’est quoi, la sécheresse hivernale ?  

Si la sécheresse est bien souvent estivale, elle n’épargne plus aucune période de l’année, et peut sévir pendant l’hiver. 🤓 La sécheresse hivernale se caractérise par des précipitations durablement inférieures aux normales de saison au cours de la période hivernale. Or, il s’agit justement de la « période de recharge » pour les réserves hydrologiques, notamment dans les régions dont le climat est tempéré, et où se succèdent habituellement des étés chauds et secs compensés par des hivers froids et humides.

Anticyclones, températures plus chaudes que la normale, phénomènes météorologiques tels que El Nino… Elle peut avoir de nombreuses origines, intensifiées par le réchauffement climatique qui perturbe le régime des précipitations.

Assèchement des sols, nappes phréatiques déficitaires… Les conséquences

Il faut savoir que les périodes de sécheresse estivales et le stress hydrique qui les accompagnent sont liés aux épisodes de sécheresse hivernale qui les ont précédés, et qui les aggravent considérablement. En effet, les nappes phréatiques, déjà taries par les sécheresses estivales de plus en plus fréquentes et intenses, ne se rechargent pas au cours de cette période charnière qui devrait leur permettre de se reconstituer, soit de septembre à mars, c’est-à-dire avant que la végétation ne recommence à pomper dans ces réserves pour ses propres besoins 🌱. D’ailleurs, les mois statistiquement les plus pluvieux en France sont décembre et janvier sur la moitié nord, tandis qu’au sud, il s’agit plutôt de novembre. 👉 Comment les nappes se rechargent-elles ?

De plus, le déficit de neige se fait lourdement sentir au printemps qui suit, lors de la fonte, car les apports d’eau pour les rivières et les lacs de retenue sont insuffisants.

Une « période de recharge » qui ne joue pas son rôle

En ce qui concerne l’hiver 2022/2023, la période de recharge s’est en donc trouvée retardée et demeurait déficitaire. En effet, plus la sécheresse est durable, plus les pluies qui suivent mettront de temps avant de recharger efficacement les nappes : il faut d’abord que les sols s’humidifient, avant que l’infiltration puisse se propager en profondeur. Les déficits, saison après saison, se cumulent donc. 👉 Le cycle de l'eau : le comprendre pour en prendre soin

Ainsi, à la sortie de l’hiver 2022/2023, les relevés des nappes phréatiques indiquaient qu’elles avaient un niveau d'eau très bas dans 36 départements, un niveau bas dans 19 d'entre eux et un niveau modérément bas dans 20 autres. Autrement dit, 80% des niveaux étaient modérément bas à très bas. De même, les débits des cours d’eau étaient insuffisants.

Mais en réalité, le déficit se creusait depuis bien plus longtemps encore car à l’hiver 2022/2023, et depuis août 2021, tous les mois avaient été déficitaires en pluie à l'exception des mois de décembre 2021, juin 2022 et septembre 2022, l’année 2022 ayant été remarquablement chaude et sèche 😥.

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👉 Le « Plan Eau », que contient-il au juste ?

À retenir :
Si l’on évoque souvent la sécheresse estivale, qui, du fait des températures caniculaires qui l’accompagnent souvent, sont plus spectaculaires, la sécheresse hivernale n’en est pas moins dangereuse et vicieuse : elle avance à bas bruit, mais creuse le lit du déficit hydrique de l’été suivant, d’autant plus s’il se révèle chaud et sec. En effet, c’est au cours de cette « période de recharge » que les nappes souterraines profitent des précipitations en principe plus importantes pour se reconstituer, du fait notamment que la végétation soit en sommeil et n’intercepte pas une partie de cette précieuse eau. Hiver pluvieux, hiver heureux : faisons la danse de la pluie pour l’hiver prochain !
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Sources : lemonde.fr, youmatter.world, Europe1.fr, meteofrance.com, cieau.com

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