L’huître, ce fleuron de la gastronomie française, mais pas que
Chaque année, plusieurs millions de tonnes d’huîtres sont consommées dans le monde, la Chine dominant ce marché mais la France prenant néanmoins la tête des pays européens avec une production annuelle d'environ 130 000 tonnes 🏆. Quoi de plus logique lorsqu’on sait que les Français sont les premiers consommateurs au monde d'huîtres fraîches, et profitent allègrement de ses apports nutritifs exceptionnels ! Ce met très prisé sur le plan gastronomique symbolise la fête et le raffinement 🥳 : c’est sans nul doute l’un des fleurons de notre gastronomie, et les souverains, d’ailleurs, en raffolaient.
Les services écosystémiques rendus par l’huître
🦪 Ces mollusques marins bivalves de la famille des Ostreidae sont d’une part succulents, mais rendent également de nombreux services écosystémiques en formant des mini-récifs biogéniques, véritables oasis de biodiversité. Les huîtres participent entre autres à la séquestration du carbone, et à stabiliser la côte et à la protéger de l’érosion.
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L’huître, l’autre victime du réchauffement climatique
Mais malheureusement, l’huître, elle aussi, pâtit du réchauffement climatique et de ses nombreux impacts. Les menaces qui planent sur ce délicieux mollusque sont nombreuses, et inquiètent au regard du taux de mortalité très élevé observé par les ostréiculteurs depuis une vingtaine d’années : la filière est déjà en souffrance…
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Les effets du réchauffement des océans sur les huîtres
L’huître est très sensible à son environnement, qui influe sur son développement et sa reproduction. C’est un animal qui ne peut pas réguler sa température interne et elle a besoin de l’hiver pour se reposer et économiser son énergie. Et aujourd’hui, comme chacun le sait, il n’y a plus de saison. Les canicules marines, qui ont pour effet de diminuer l’oxygène dans l’eau et de favoriser le développement de bactéries, fragilisent les huîtres. 👉 Les océans plus chauds que jamais, un signal clair ...
C’est ainsi que la hausse des températures favorise le développement de pathologies et augmente le taux de mortalité des jeunes sujets, avec des taux de mortalité pouvant atteindre les 75 % certaines années. Des virus, heureusement, inoffensifs pour l’homme tels que le virus herpès OsHV-1, mais très meurtrier avec les mollusques dans une eau comprise entre 16 et 24 °C, profitent de ce contexte très avantageux 🤒.
Oui, étrangement, les épisodes de mortalité les plus dévastateurs interviennent quelques mois après un hiver se distinguant par sa douceur et sa pluviosité, les fortes pluies modifiant la salinité de l’eau et sa teneur en phytoplanctons. Les sécheresses à répétition, de leur côté, limitent la formation de plancton, aliment de base des huîtres, de sorte qu’elles conservent une taille modeste.
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Acidification des océans et huîtres : attention, danger !
Par ailleurs, l’acidification des océans, l’un des autres symptômes du réchauffement climatique, est très énergivore pour les huîtres qui en sont affaiblies. En effet, l’excès de CO2 capté par les océans entraîne une acidification de l'eau de mer, et par la même occasion une diminution de la concentration en carbonate de calcium qui se trouve être un élément chimique essentiel pour la construction des coquilles d’huîtres et de leur squelette interne. Les coquilles sont moins épaisses, plus légères, ce qui fragilise les huîtres, plus vulnérables aux chocs et aux prédateurs.
De fil en aiguille, la surmortalité est ainsi de plus en plus fréquente et importante 😔.
La science au secours des huîtres
Cocorico2 est un projet mené par l’Ifremer et le CNRS dans le but d’étudier la résilience et les réactions des huîtres et des moules au réchauffement climatique et d’anticiper sur les réactions plausibles de ces coquillages face aux projections du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Des stations expérimentales ont été mises en place afin de permettre, peut-être, d’en savoir plus au cours des prochaines années sur les capacités de résiliences des huîtres face aux effets du changement climatique 🧪. De même, un réseau de sondes a été déployé sur six sites conchylicoles depuis le nord de la Bretagne jusqu’à la Méditerranée afin d’assurer un suivi de l’acidification des océans et d’évaluer la vulnérabilité des espèces à long terme.
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Les pistes pour aider les huîtres à surmonter les effets du réchauffement climatique
Certaines pistes pourraient être envisagées, comme l’association des huîtres avec certaines algues qui captent le CO2 et redressent localement le PH, notamment les laminaires, qui sont des genres d’algues brunes. Une autre piste consisterait à remettre des coquilles vides réduites en poudre dans les milieux naturels, de manière, là encore, à redresser le PH dans les lagunes semi-fermées 🐚. Un travail d’amélioration génétique des souches pourrait également privilégier la résistance aux maladies.
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À retenir On les adore, et on s’en délecte depuis la nuit des temps, que ce soit au détour d’un plateau de fruit de mer ou au menu du Réveillon : on ne se lasse jamais des huîtres, qui sont de surcroît excellentes pour la santé (hors intoxication alimentaire, cela va de soi). Pourtant, elles pourraient bien se raréfier du fait des effets combinés du réchauffement climatique et de son corollaire, l’acidification des océans. Ces délicieux mollusques souffrent en effet, et sont rendus plus vulnérables, au point de connaître une surmortalité parfois très importante. Des programmes de recherche planchent sur la question de savoir si l’huître pourra s’y adapter, et de quelle manière il sera possible de l’y aider. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : sciencesetavenir.fr, ouest-france.fr, geo.fr, linfodurable.fr