Pourquoi les océans se réchauffent-il ?
L’océan est-il en train de perdre la bataille contre le réchauffement climatique ? Tout semble l’indiquer… Les activités humaines, notamment depuis le début de la révolution industrielle, ont provoqué d’immenses émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, provoquant un réchauffement inédit du climat.
Combustibles fossiles, déforestation… Un cocktail mortel pour la planète, dont l’atmosphère ne cesse de se réchauffer, et qui entraîne en conséquence une modification des paramètres des océans, en termes de réchauffement, d’acidification des océans, d’hypoxie et de salinité.
Le plus grand puits de chaleur de la planète arrive à saturation
En effet, l’océan entretient des échanges permanents avec l’atmosphère, et stocke notamment une grande partie de l'énergie thermique excédentaire générée par le réchauffement climatique. Ainsi, depuis les années 1970, l’accumulation de chaleur en question a été absorbée à hauteur de 90% par nos immensités bleues 💪.
Et là, on se dit : heureusement qu’ils sont là 😅 ! Il faut néanmoins savoir que compte tenu de l’immensité des océans, ils nécessitent bien plus d’énergie que l’air pour se réchauffer, et le processus est donc plus lent : les océans ont énormément d’inertie. Mais ce rôle régulateur n’est pas sans conséquence et la partie supérieure de l'océan connaît une augmentation bien plus rapide.
Au-delà de ça, plus la température des océans augmente, plus leur capacité à absorber le dioxyde de carbone est affectée, les gaz étant moins solubles dans une eau plus chaude, alors qu’ils ont absorbé 20 à 30 % des émissions de dioxyde de carbone dues à l'activité humaine depuis les années 1980. Un précieux puit de carbone qui menace donc de saturer.
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Des augmentations records de la température des océans en 2023
Si la plus grande partie de la chaleur a été absorbée par la couche la plus élevée des océans, soit jusqu’à 700 mètres, ce sont les 75 premiers mètres qui en ont le plus pâti. Or, il se trouve justement que la majorité de la vie marine vit dans la partie supérieure de l'océan, et est directement impactée par ces augmentations de températures. 👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?
Ainsi, la température de la surface de l’océan a déjà grimpé de 0,88 °C depuis le début de l’ère préindustrielle, et s’emballe complètement depuis quelques mois, dépassant la barre des 21 °C en mars dernier. Le mois de mai s’est ainsi placé à 0,26°C au-dessus de la moyenne établie entre 1991 et 2020, ce qui en fait le mois de mai le plus chaud jamais enregistré 🥵.
Les relevés des scientifiques s’affolent : ainsi, une carte des mers et océans de la Nasa relevait à la mi-juin que la température de l'eau était anormalement élevée sur la façade atlantique et le long du littoral méditerranéen français, avec 22°C de comptabilisé à Nice.
Les vagues de chaleur marines se font également plus fréquentes et plus pressantes, avec des températures pouvant atteindre plusieurs degrés supplémentaires.
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Le tragique effet en cascade du réchauffement des océans
En fait, l’interdépendance entre climat et océan est telle qu’un effet domino dévastateur et incontrôlable est en passe de provoquer un cercle vicieux, dont l’issue est particulièrement inquiétante. En voici certains des maillons, dont la liste n’est néanmoins pas exhaustive.
Un appauvrissement de la biodiversité
Le réchauffement des océans perturbe les fonctions physiologiques des organismes aquatiques, qui sont très sensibles aux variations de leur milieu et au stress engendré par la chaleur. Croissance, alimentation, reproduction… De nombreuses fonctions peuvent être affectées par de telles perturbations, au point de mettre en danger la pérennité même de la chaine alimentaire dans son ensemble. Or, près de la moitié de la population mondiale dépend de la pêche pour couvrir ses besoins en protéines 🐠. D'ailleurs... 👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
Les coraux, notamment, sont en grand danger, ce qui représenterait un véritable drame pour l’ensemble de la vie marine. La Grande barrière de corail pourrait même avoir disparu d’ici 10 à 20 ans si la tendance se poursuit. Ce joyau de la biodiversité, véritable pouponnière de la vie marine, a pourtant une valeur inestimable et blanchit inexorablement.
Même punition pour le plancton, tout aussi important ! Cet organisme détient également un rôle central dans la vie marine, à la base même de tous les réseaux alimentaires. Le phytoplancton est en effet consommé par le zooplancton, lui-même consommé par les crustacés, et ainsi de suite… Mais plus important encore : le phytoplancton produit l’essentiel de l’oxygène terrestre 😱 ! Autant dire que la situation est plus que préoccupante… C’est donc tout l’écosystème terrestre dans son ensemble qui donne des signes d’essoufflement.
Des niveaux d’oxygène en chute libre
Le problème étant qu’avec l’augmentation des températures des eaux océaniques et l’augmentation du CO2 aquatique, et donc de l’acidification des océans, les niveaux d’oxygène baissent, et parfois de manière considérable, ce qui impacte la reproduction et la croissance des poissons, et accroît leur vulnérabilité. Par exemple, des dizaines de milliers de poissons ont été retrouvés morts début juin 2023 au large de la côte du golfe du Texas, sans qu’aucune autre explication que le manque d’oxygène lié à une température excessive n’ait pu être démontré, aucun produit chimique n'ayant été retrouvé dans les eaux. Une hypoxie qui leur a été fatale.
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La chaîne alimentaire mondiale en péril
Mais c’est également la répartition des ressources alimentaires marine autour du globe qui sera sévèrement impactée par le phénomène 🌍. Les océans tropicaux pourraient être désertés au profit d’océans plus tempérés, comme l’Arctique, du fait de la migration des espèces vers les pôles. L’équateur, à l’origine foisonnante, pourrait à terme devenir une zone morte.
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Des événements météorologiques de plus en plus extrêmes sont à craindre
Autre conséquence désastreuse du réchauffement de la mer : les tempêtes, ouragans et cyclones tropicaux vont, eux aussi, gagner en intensité. En effet, plus la mer est chaude, plus l’air est chargé de vapeur d’eau, et à même de nourrir des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes. He oui, c'est le cycle de l'eau. En attestent les précipitations intenses et le cyclone tropical Yaku imputables aux eaux exceptionnellement chaudes au large du Pérou.
L’élévation du niveau de la mer accentuée
L’eau chaude prenant plus de place que l’eau froide, la dilatation thermique vient s’ajouter au fait que le phénomène du réchauffement des océans aggrave celui de la fonte des glaces du Groenland ou de l'Antarctique : résultat, le niveau de la mer augmente avec une inquiétante rapidité.
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Vous n’avez encore rien vu… El Niño, vous connaissez ?
Il s’agit d’un phénomène bien connu des océanologues qui se caractérise par un épisode de réchauffement accentué des eaux de surface du Pacifique, et ce jusqu’à 300 mètres de profondeur. On le retrouve régulièrement autour de Noël, près des côtes de l’Amérique du Sud (El Niño désigne ainsi l’enfant Jésus). Le régime des vents s’en trouve perturbé, de même que la température de la mer, ou encore les précipitations. Il est établi qu’El Niño affecte le climat mondial, et que le réchauffement climatique joue sur sa fréquence et son intensité, mais on ne sait pas encore dans quelle mesure…
Or, le pic de température observé récemment intervient en dehors de l’épisode climatique El Niño, qui est attendu pour la fin de l’année. Des conditions météorologiques extrêmes et des canicules marines dévastatrices sont donc à craindre 😱.
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À retenir :
Climat et océans sont deux alliés qui travaillent main dans la main depuis la nuit des temps. Ainsi, les océans sont d’incroyables régulateurs du climat, en capturant une partie du CO2 excédentaire de l’atmosphère, d’une part, et en absorbant une grande partie de l'énergie thermique excédentaire, d’autre part. Néanmoins, nos immensités marines donnent d’inquiétants signes de saturation, ce qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Les températures des océans augmentent en effet dangereusement, comme en attestent les relevés des derniers mois, les plus chauds jamais enregistrés. Un phénomène qui menace d’engendrer des effets en cascade très préoccupants, que ce soit au regard de la biodiversité marine, et donc de la sécurité alimentaire mondiale, que de la multiplication des évènements climatiques extrêmes, ou de l’élévation du niveau des eaux. Outre le fait qu’un océan à bout de forces se traduira également et inévitablement par une aggravation du réchauffement climatique en lui-même #UneSeuleTerre
Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : geo.fr, nationalgeographic.fr, theconversation.com, ocean-climate.org, bfmtv.com, banquemondiale.org, huffingtonpost.fr, climate.copernicus.eu, youmatter.world
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