Comment l’Homme a marqué la Terre au fer rouge
L’anthropocène désigne ce phénomène par lequel les marqueurs de l’Homme sur Terre, aboutissement des pratiques humaines sur l’environnement, sont désormais si présents, si profonds, que rien ne pourra les effacer 👏. Comment nous y sommes pris pour réussir cette prouesse ? Ni plus ni moins de la manière dont nous traitons l’environnement et la nature depuis des décennies : déforestation, nucléaire, agriculture intensive, déchets plastiques et microplastiques, augmentation de la teneur en CO2 dans l’atmosphère, pollution en nitrate et en phosphate… Des pratiques dont les conséquences sont parfaitement identifiées et palpables : dérèglement climatique, insécurité alimentaire, migrations, précarité énergétique, diminution des ressources naturelles et vitales, acidification des océans, érosion catastrophique de la biodiversité…
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L’humanité actrice principale du déclin planétaire
C’est la première fois que les habitants de la planète deviennent, avec pertes et fracas, moteurs des changements qui l’affectent : c’est la grande collision, le point de rupture dans le lien unissant l’Homme et la Terre. Elle marque une modification profonde dans notre positionnement avec l’environnement naturel dans lequel nous évoluons.
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Le « Plastiglomérat », ou la fusion des déchets de l’Homme et de la nature
Cela se perçoit aisément ne serait-ce qu’au travers de l’urbanisation qui peut, en tant que telle, être vue comme une altération des processus sédimentaires du fait de la formation de strates rocheuses artificielles. Mais également ce qu’on appelle le « Plastiglomérat », une empreinte ineffaçable et délétère de l’influence humaine sur le système terrestre, qui désigne l’émergence d’une roche non naturelle ayant fait son apparition au sud d’Hawaï du fait de l’agrégation de déchets plastiques qui ont fondu dans la lave basaltique, et qui se sont mélangés avec des sédiments marins🐚.
Une roche artificielle, fruit des activités humaines qui ont envahi les espaces naturels, qui a profondément modifié les écosystèmes marins. Les équilibres environnementaux s’en trouvent bouleversés, et de manière indélébile et irrémédiable. Ce Plastiglomérat témoignera, des siècles après notre disparition, de notre empreinte sur Terre. C’est l’illustration même de l’anthropocène 👣.
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Une notion émergente au centre des débats
Ce sujet à débat, qui place l’Homme au centre de la géologie, a été théorisé initialement en 2000 par Paul Josef Crutzen, prix Nobel de Chimie en 1995, et par le biologiste américain Eugene F. Stoermer. Le début de la Révolution industrielle de 1850 en aurait marqué le début, succédant à l’ère interglaciaire, l’« holocène », qui a duré environ 12 000 ans, qui elle-même succédait à l’époque glaciaire du Pléistocène 🥶. L’holocène nous aurait ainsi offert une phase de stabilité permettant à l’espèce humaine de prospérer, en raison notamment d’une hausse des températures. Visiblement un peu trop, car elle lui a permis d’accélérer son activité au point de façonner son environnement de manière complètement excessive et déraisonnable, de nature à provoquer des changements environnementaux non soutenables.
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📌 Certains spécialistes considèrent encore que l’empreinte de l’Homme sur Terre ne peut pas encore être considérée comme un phénomène géologique, qu’il ne répond pas à tous les critères en la matière. On vise ici des notions assez techniques : continuité sédimentaire, taux de sédimentation, modification importante de la faune et de la flore sur une durée importante qui se caractérise en partie par des fossiles… De même, faudrait-il considérer qu’elle a débuté en 1784, année du perfectionnement de la machine à vapeur, qui correspond au début de l'utilisation des énergies fossiles, en 1850, début de la Révolution industrielle ou en 1950, date, marquée par l’apparition des premières bombes nucléaires, où divers composants chimiques et particules de plastique d'origine anthropique apparaissent dans les sédiments ? |
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Vers une reconnaissance officielle
Il s’agit néanmoins d’une notion encore controversée, qui n’a pas à ce jour d’existence officielle, non encore reconnue par la Commission Internationale de Stratigraphie (CIS), et qui donne lieu à des débats animés entre scientifiques et géologues. Elle tend néanmoins à émerger officiellement, sous l’influence notamment de l’opinion publique et des médias. Le fait que l’Homme laissera un désordre planétaire considérable derrière lui et que ses traces seront indélébiles n’est néanmoins pas discuté. Qu’il s’agisse d’une véritable ère géologique, ou d’une simple métaphore, cela a-t-il vraiment une importance de jouer sur les mots ? Le terme, d’ores et déjà utilisé par les scientifiques, restera.
Sortir de la léthargie pour agir
L’Homme parviendra-t-il à réagir à temps afin de permettre la résilience des écosystèmes qui subsistent 🌿 ? Une chose est sûre, une nouvelle géopolitique, une politique de la Terre, doit émerger, et vite, plaçant la Terre comme un sujet politique et non plus comme un objet : la relation de dépendance de l’Homme à la Terre ne peut plus être ignorée et doit faire évoluer les politiques et relations internationales. La vision binaire de l’Homme qui se perçoit comme étant séparé de son environnement le mène à sa perte, entraînant dans sa chute de nombreuses autres espèces. Le déni collectif semble 🙈🙉, encore aujourd’hui, bien ancré, du fait notamment d’une foi dans le progrès et la science qui volerait à notre secours au moment opportun 🦸🏻♂️ et des puissants lobbies économiques, créant et entretenant une soif de consommation insatiable dans l’esprit des consommateurs. 👉 Le Green Friday qui dit non au black friday !
Pour l’heure, les pays demeurent léthargiques, et répugnent encore à s'engager pour ne pas compromettre leur croissance économique ni contrarier des intérêts puissants. Pendant ce temps, l’empreinte de l’Homme sur l’environnement planétaire continue son chemin, et devient si intense qu’elle rivalise avec les plus grandes forces de la nature 🌍.
À retenir : L’anthropocène, « L’âge de l’Homme », désigne une nouvelle ère géologique dans laquelle l’Homme a atteint une telle influence sur la planète qu’il est devenu la principale force de changement sur Terre, rivalisant avec les plus grandes forces de la nature. Les équilibres naturels sont irrémédiablement rompus, et la Terre portera les marqueurs de l’Homme sur Terre des siècles durant après notre extinction. Pour la première fois, les habitants de la planète deviennent moteurs des changements qui l’affectent, du fait des profondes modifications et altérations opérées. Si le concept géologique en lui-même est encore décrié et sujet à débat, le point de rupture, de non-retour, lui, fait l’unanimité. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : geo.fr, vie-publique.fr, unesco.org, sciencesetavenir.fr
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