C’est quoi une extinction de masse ?
L’air de rien, la Terre a déjà 5 extinctions de masse à son actif : autrement dit, à 5 occasions, la vie a presque disparu de la planète. Une extinction de masse ou massive désigne une crise biologique majeure ayant un impact cataclysmique sur les espèces vivantes : la moyenne de disparition des espèces animales, tant terrestres que marines, et végétales intervenues au cours des extinctions de masses identifiées jusqu’alors tourne autour de 75%.
Elles marquent généralement la transition d’une forme de vie dominante pour une autre 🌍. Pourtant, d’un point de vue géologique, ces périodes sont relativement courtes.
Contrairement aux apparences, il n’y a pas que du mauvais dans les extinctions de masse. Sur le moment, c’est sûr que ça a dû être un peu trash. Mais l’être humain aurait eu sans doute eu beaucoup plus de mal à percer s’il avait côtoyé les grands dinosaures du Jurassique 🦖. C’est d’ailleurs leur extinction qui a permis aux mammifères et aux oiseaux de prospérer et d’évoluer.
D’autres formes de vie émergent, c’est ça qui est merveilleux dans la nature : « la vie trouve toujours un chemin », réplique célèbre du film Jurassic Park.
🧪 Une récente étude souligne l'approche de la "sixième extinction de masse", exacerbée par les activités humaines qui détruisent les écosystèmes et menacent la biodiversité. Publiée dans la revue PNAS, cette recherche révèle que 73 genres d'êtres vivants, principalement des oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles, se sont éteints au cours des 500 dernières années, un chiffre bien supérieur au taux d'extinction naturel estimé.
Les scientifiques, dont Gerardo Ceballos, pointent du doigt la destruction des habitats et la surexploitation des ressources comme principales causes. Ils appellent à une action urgente pour préserver les genres restants et éviter un potentiel effondrement de la civilisation, soulignant que l'avenir de l'humanité est en jeu. |
Les 5 premières extinctions massives
Opérons un rapide tour d’horizon des 5 premières périodes d’anéantissement biologique traversées par notre planète, on a cité :
- L’extinction ORDOVICIEN-SILURIEN il y a 444 millions d’années, en raison d’une période glaciaire courte, mais intense 🥶;
- L’extinction du DÉVONIEN il y a 383-359 millions d’années : 75 % de toutes les espèces terrestres ont alors disparu sur une période d'environ 20 millions d'années…
- L’extinction du PERMIEN il y a 252 millions d’années : la plus meurtrière de toutes avec 96% des espèces marines et ¾ des espèces terrestres qui se seraient éteintes (même les insectes ont presque disparu au cours de cet épisode🦟 !) ;
- L’extinction du TRIAS-JURASSIQUE il y a 201 millions d’années ;
- L’extinction du CRÉTACÉ-PALÉOGÈNE il y a 66 millions d’années : l’œuvre du fameux astéroïde d'environ 12 kilomètres de diamètre, qui aurait frappé la Terre avec une puissance un milliard de fois plus élevée que la bombe atomique d’Hiroshima, ayant sonné le glas de 76% des espèces de la planète, dont les dinosaures 🦕. Leur absence a ensuite profité aux mammifères, et de fil en aiguille, l’homo sapiens est apparu pour mettre un beau bazar dans tout ça jusqu’à initier la 6ème extinction de masse…
C’est d’ailleurs un peu dingue de se dire que si à l’occasion d’une seule de ces extinctions précédentes, un seul des animaux dont nous descendons n’avait pas tenu le coup, nous ne serions tout simplement pas là, non ? On pense par exemple à l’Astrapis, ce petit poisson de la taille d’une main🐟, ancêtre de tous les futurs êtres vivants vertébrés de la planète, qui a survécu à l’extinction de l’Ordovicien.
À quoi doit-on ces extinctions de masse ?
La plupart du temps, elles sont dues à des changements majeurs dans le cycle du carbone terrestre (tiens donc !), excepté pour l’extinction du Crétacé-Paléogène imputable à un énorme astéroïde.
Ainsi, de grandes éruptions et volcans géants auraient projeté des quantités massives de CO2 dans l’atmosphère, causant un réchauffement planétaire, l’acidification des océans, et une perte d’oxygène dans l’eau... Comme un petit air de déjà entendu, n’est-ce pas 🙄 ?
👉 L'eutrophisation : tout savoir sur cette pollution de l'eau
La 6ème extinction de masse, d’origine humaine, a déjà commencé
La 6ème extinction de masse est en marche, et le rythme s’accélère. Contrairement aux précédentes, néanmoins, l’unique coupable de cette situation est l’Homme.
Le dernier rapport du WWF est sans détour : près de 70 % des effectifs d'animaux sauvages – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens ou reptiles - ont disparu depuis 1970. On parle bien ici d’effectif, et non d’espèces.
Il s’agit d’une alerte rouge pour la planète, et pour l’humanité ⚠️. L'Amérique latine est une région des zones géographiques les plus sévèrement touchées : 94% des populations de vertébrés sauvages ont d’ores et déjà disparu dans cette région clé pour la régulation du climat et la biodiversité.
Mais si l’on prend en compte les invertébrés, comme les insectes ou les mollusques, qui constituent pourtant la grande majorité des espèces animales connues, cette 6ème extinction de masse est absolument effrayante. En fait, entre 7,5% et 13% des 2 millions d’espèces connues pourraient déjà avoir disparu depuis l’an 1500, soit de 150 000 à 260 000 espèces rayées de la carte ☠️.
Au cours du XXème siècle, plus de 237 000 populations appartenant à 515 espèces de vertébrés terrestres sont sur le point de s’éteindre, situées en grande majorité dans des régions tropicales et subtropicales, ont été éliminées. Sans notre aimable participation, il aurait fallu des milliers d’années pour observer une disparition aussi vertigineuse 👏.
Et le problème, c’est qu’en matière d’écosystème, l’extinction nourrit l’extinction : lorsqu’une espèce disparaît, elle déstabilise les autres, par ricochet.
👉 6 gestes simples à adopter pour aider les abeilles
Une extinction de masse au rythme sans précédent
Déforestation, surpêche, braconnage, réchauffement climatique, pollution des océans, propagation des espèces invasives, urbanisation… L’érosion de la biodiversité constatée par les scientifiques nous conduit droit à un nouveau carnage. La disparition des espèces se poursuit à un rythme alarmant, malgré les avertissements des experts du monde entier📣.
Ce qui distingue cet épisode d’extinction de masse, qui n’en est qu’à ses balbutiements si rien n’est fait, c’est qu’elle suit un rythme sans précédent : Si pour le moment, nous sommes loin en pourcentage des 75% de disparition d’espèces peuplant notre planète, les extinctions interviennent à un rythme des centaines de fois plus rapides qu’elles ne le feraient naturellement, si on la compare à la moyenne des 10 millions d'années qui viennent de s'écouler.
Sans parler des espèces encore inconnues dans les fins fonds des forêts et océans qui disparaîtront avant même que nous les découvrions. Le niveau d'une extinction massive, c’est-à-dire le seuil des 75% d’espèces rayées de la carte, pourrait ainsi être atteint d'ici 240 à 540 ans. En comparaison, les autres épisodes d’extinctions massives se sont étalés sur des milliers voire des millions d’années…
Sachant qu’il faut compter environ 7 millions d'années pour se remettre d’une extinction massive, la situation est plus qu’alarmante. Le constat est simple : la population mondiale a tellement augmenté ces dernières décennies que les ressources manquent pour subvenir à ses besoins, et rend impossible une cohabitation avec les espèces sauvages. En pillant leurs ressources, en dégradant leur habitat, en morcelant les milieux naturels, nous les fragilisons, nous les acculons, parfois jusqu’à l’extinction 🥺.
Du fait des activités humaines, le climat de la planète évolue très rapidement, et l’histoire de la Terre nous a déjà prouvé combien les changements climatiques brusques et soudains pouvaient perturber profondément les écosystèmes et les mener jusqu’au point de rupture et au chaos.
👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
Sauver la biodiversité pour sauver l’espèce humaine : agir et vite
Les écosystèmes de la terre souffrent, les populations animales fondent comme neige au soleil, tout comme les glaciers. Pourtant, l’être humain semble rester insensible face à ces chiffres, qui lui sont martelés depuis des dizaines d’années maintenant 🙈🙉.
Notre planète est tellement fascinante : la préserver relève de notre responsabilité. Il nous revient de laisser notre fatalisme au placard. Il est vital de relâcher la pression que nous faisons peser sur l’environnement et de mettre en place des actions de préservation ambitieuses et à la hauteur du désastre annoncé 💪.
Car ce que nous semblons éluder, c’est que cette 6ème extinction de masse met la survie de notre propre espèce en danger. Compte tenu de l’évolution alarmante de la situation, nous ne disposons que d’une ou deux décennies pour agir. 👉 Peut-on vraiment encore sauver la planète ?
S’il est désormais établi que la 6ème extinction de masse est en cours, le fait que nous ayons les cartes en main pour y mettre un terme l’est également. La nature est profondément résiliente🌿 : les mesures de protection, lorsqu’elles sont mises en place, sont efficaces et permettent d’inverser des tendances pourtant catastrophiques au premier abord sur une espèce ou une population donnée.
👉 Apprendre aux enfants le respect de l'animal et du vivant
À retenir :
Notre planète en a déjà vu des vertes et surtout des pas mûres : elle a traversé au cours de son histoire 5 extinctions de masse au cours desquelles une proportion très importante des espèces vivantes a littéralement été décimée. Jusqu’à 96% des espèces marines et ¾ des espèces terrestres en ce qui concerne l’extinction du PERMIEN il y a 252 millions d’années ! Autant dire qu’elle est rodée…
C’était sans compter sur l’intervention de l’Homme qui n’a de cesse de scier la branche sur laquelle il est assis. Car si ces périodes ont à chaque fois trouvé leurs origines dans des évènements et évolutions naturels s’étalant sur des milliers d’années, la 6ème extinction massive, celle qui a déjà démarré et qui évolue insidieusement à une vitesse folle, est d’origine anthropique : l’espèce humaine en est la seule responsable.
Peut-on encore l’empêcher ? Survivrons-nous à la catastrophe que nous avons nous-même provoquée ? Oui et oui A CONDITION d’agir, et vite : il ne nous resterait que deux décennies pour inverser la tendance. D’après les termes de Bruno David, naturaliste et président du Muséum national d'histoire naturelle, « Quand elle disparaît, la biodiversité ne fait pas de bruit », enjoignant l’humanité à arrêter de jouer contre son propre camp…
Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
|
Sources : nationalgeographic.fr, futura-sciences.com, planetanimal.com, nationalgeographic.fr, geo.fr, libération.fr, reporterre.net, lemonde.fr, save4planet.com