Les océans, ces puits de carbone
🌍 Les océans jouent un rôle de puits de carbone, au même titre que les forêts, c’est même l’un des plus importants. Autrement dit, ils sont capables de capturer le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique grâce à deux mécanismes distincts : d’un côté, du fait que le CO2 a la propriété de se dissoudre dans l’eau, de l’autre, du fait que le phytoplancton, algues microscopiques, participe à l’absorber grâce à la photosynthèse, afin de le transformer en matière organique et en dioxygène (O2). Résultat : près de 30 % des émissions de CO2 que l’Homme produit sont capturés par l’océan.
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Le carbone capturé en excès provoque une acidification des océans
Malheureusement, en raison des activités humaines, les émissions de CO2 dans l’atmosphère de CO2 ont littéralement explosé : le taux est en effet supérieur de 50% par rapport aux niveaux préindustriels. Depuis le début de la révolution industrielle, soit au milieu du 18e siècle, les activités anthropiques ont ajouté environ 400 milliards de tonnes de carbone dans l'atmosphère, bouleversant l’équilibre du cycle du carbone. Combustibles fossiles, déforestation… On connaît la triste chanson.
D’une part, une grande partie de ce carbone s’accumule dans l’atmosphère sous forme gazeuse et piège la chaleur, causant le réchauffement climatique. Et d’autre part, les quantités absorbées par les océans augmentant continuellement, le pH de l’eau de mer se réduit, et les eaux océaniques ont vu leur acidité augmenter.👉 Anthropocène : qu'est-ce que c'est ?
😒 Pour les océans, donc, c’est la double peine, car ils voient leur température augmenter, de même que leur acidité.
🚜 D’autre part, et dans une moindre mesure, les activités agricoles participent également à cette acidification, en émettant dans l’atmosphère de grandes quantités de composés azotés, et notamment du protoxyde d’azote, qui se dissolvent, eux aussi, dans l’eau de mer.
🌊 Aucun océan n’est épargné par ce phénomène, et les zones les plus marquées sont situées à proximité des côtes. Globalement, les pôles sont davantage concernés, de même que les eaux de surface.
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C’est quoi, l’acidité ?
Une solution est plus ou moins acide ou à l’inverse, alcaline, en fonction de sa concentration en ions hydrogène (H+) et en ions hydroxyle (OH-), sur une échelle de 0 à 14 : c’est son pH. Il est neutre à 7, lorsque les concentrations de H+ et de OH- sont à égalité. En dessous de 7, elle est acide, et au-dessus, elle est alcaline.
Naturellement, les océans sont légèrement alcalins, avec un pH autour de 8,1 aujourd’hui - contre 8,2 avant la révolution industrielle. Cela n’a l’air de rien comme ça, mais ça signifie qu’ils sont environ 30 % plus acides 🫣. Les experts du GIEC estiment qu’à ce rythme, le pH pourrait descendre à 7,8 d’ici 2100, une nuance de taille qui serait lourde de conséquence sur la vie aquatique.
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En quoi c’est un problème ? Les conséquences de l’acidification des océans
L’acidification des océans est une bien mauvaise nouvelle pour nombre d’organismes aquatiques, mais plus particulièrement pour les créatures dont la coquille ou le squelette est carboné. En effet, elle modifie l’équilibre des carbonates dans l’eau de mer, parmi lesquels le carbonate de calcium, constituant principal des coquilles de nombreux organismes 🐚.
« L'acidification des océans est l'un des tueurs silencieux du changement climatique », si l’on en croit Rebecca Albright, conservatrice de l'Académie de zoologie des invertébrés et fondatrice du Coral Regeneration Lab (CoRL). Voyons pourquoi 👇
Mauvaise nouvelle pour les fruits de mer
🦪 Les huîtres, les coquilles Saint-Jacques, les moules, ou les palourdes, par exemple, sont impactés par une modification, même minime, de l’équilibre acide de l’océan. Coquilles ramollies, mue ralentie… L’énergie supplémentaire imposée à ces organismes par l’acidification des océans les fragilise, de sorte qu’ils ne jouent plus aussi bien leurs autres rôles (prédateur, proie, reproduction, immunité…). Cette acidification a également un effet corrosif sur certaines coquilles, mise en lumière au sujet des ptéropodes, ces petits escargots de mer, dans une étude publiée en 2012.
Les coraux, les grandes victimes de l’acidification
L’acidification des océans n’est pas un détail pour la biodiversité, et menace, par le biais des coraux, les plus précieux écosystèmes de toute la vie marine 🐠. Ces animaux à la structure calcaire, déjà bien mis à mal par le réchauffement climatique et certains filtres solaires chimiques utilisés dans les crèmes solaires des touristes, peinent à se développer en milieu acide, et deviennent encore plus vulnérables.
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Le plancton, maillon essentiel aux écosystèmes marins
L’acidification affecte également la capacité du plancton océanique à se renouveler, en raison de son squelette calcaire, et autant vous dire que dans l’océan, le plancton c’est la vie : il est à la base même de tout l’écosystème marin, à la fondation de toute la chaîne alimentaire. Des centaines d’espèces de poissons, requins, et autres organismes dépendent de lui pour leur survie, et de fil en aiguille, c’est notre propre chaîne alimentaire qui est compromise. Mais plus encore, il joue un rôle clé dans l’oxygénation des océans, et par voie de conséquence, dans la production de l’oxygène de l’atmosphère terrestre.
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Des conséquences difficiles à appréhender
Globalement, l’acidification des océans menace les écosystèmes marins (cycles des nutriments, reproduction, développement, échanges gazeux, coraux affaiblis, odorat des poissons perturbés…), dans une mesure encore difficile à définir ou à quantifier parfaitement. Mais il pourrait bien y avoir, aussi, des grands gagnants à cette acidification, notamment chez les crustacés (crabes, homards…), qui pourraient profiter d'une augmentation de la teneur de l'eau en carbonate et fabriquer leurs carapaces plus facilement.
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Comment y remédier ? Vous l’avez compris, le principal levier d’action pour limiter l’acidification des océans est de réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère, donc de réduire drastiquement notre consommation d’énergie et notre dépendance au combustible fossile.
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À retenir :
Parmi les différentes facettes du changement climatique, l’acidification des océans avance à pas feutrés. Les émissions massives de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’ont pas uniquement pour effet d’emprisonner la chaleur : les océans, importants puits de carbone, en absorbent donc davantage, ce qui a pour effet d’acidifier progressivement l’eau de mer. Ce phénomène s’annonce lourd de conséquence pour la vie marine et les écosystèmes, qui se trouvent pour certains déjà défavorablement impactés par ces variations. Les coraux, par exemple, en sont d’autant plus vulnérables. Une raison de plus, si besoin était, de réduire dès aujourd’hui et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.
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Sources : insu.cnrs.fr, iaea.org, nationalgeographic.fr, youmatter.world, geo.fr, lemonde.fr, futura-sciences.com