Peut-on vraiment encore sauver la planète ?

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Dans leur roman « AIR », Raphaël de Andreis et Bertil Scali imaginent une dictature écologiste appliquant l'état d'urgence écologique : fermeture des frontières, limitation de vitesse à 30 km/h lorsqu’on est seul dans son véhicule, 20 m² de surface maximale par personne… Une pure fiction, et pourtant ! Pourquoi ce scénario sonne-t-il désormais à nos oreilles comme une évolution plausible ? Nos sociétés sont en effet marquées par une contradiction entre les faits scientifiques avérés, qui nous enjoignent à changer de toute urgence, et notre mode de vie qui s’obstine à dégrader chaque jour un peu plus l’environnement. La situation devient néanmoins si préoccupante qu’une question bien légitime vient à se poser : est-il déjà trop tard pour sauver la planète 🌍 ? Nos efforts sont-ils vains ou ont-ils réellement une chance d’influer sur la trajectoire apocalyptique qui est la nôtre ?

Peut-on vraiment encore sauver la planète ?

Et si la fin du monde était proche ?

« Aujourd’hui, nous nous sommes mis d’accord pour limiter à son niveau actuel la pollution dont nous sommes responsables. Un jour nous devrons faire mieux : nettoyer la planète », s’exclama le secrétaire général des Nations unies lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, 14 juin 1992. Il semblerait que ce jour soit arrivé. En tant que consommateurs, nous nous sentons en tension permanente entre notre raison et le mode de vie que nous menons, auquel il nous est difficile de renoncer.

Le 13 novembre 2017, 15 364 scientifiques à travers le monde signaient un appel solennel pour la préservation de notre support de vie, estimant que l’Homme se trouve dans une trajectoire de collision avec la nature. Ces hommes et ces femmes de science prédisent la fin de l'humanité, et l'effondrement de notre civilisation industrielle à très court terme. Selon eux, de nombreuses formes de vie actuelles pourraient être anéanties ou au moins condamnées à l'extinction d'ici la fin de ce siècle, soulignant qu’une misère généralisée et une perte de biodiversité catastrophique nous pendent au nez. Deux ans plus tard, 11 000 scientifiques tiraient à nouveau la sonnette d’alarme dans un appel publié par la revue BioScience 📢.

Sauver la planète ? Non… Sauver l’humanité !

En réalité, la véritable question est plutôt de savoir s’il est encore temps de sauver l’Homme ! S’il est évident que nous avons besoin de la planète pour survivre, de son côté, elle peut parfaitement se passer de nous. Si nous n’avons pas le pouvoir de la détruire à proprement parler, il est certain que nous exerçons une influence de plus en plus importante sur le système terrestre et son évolution.

La terre abrite une vie complexe, au terme de centaines de millions d’années d’évolution 🦖. Des millions d’années de mutations génétiques, d’adaptations à notre milieu, nous ont amenés à ce que nous sommes aujourd’hui, ce qui est également le cas de tous les êtres vivants peuplant notre planète. Notre terre et la vie qu’elle porte ont survécu à de nombreuses phases d’extinction massive au cours de son histoire, et nous nous trouverions aujourd’hui au matin de la sixième, cette fois-ci provoquée par l’Homme. Une situation inédite et complètement imprévisible. 👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?

L’urgence : préserver l’unique planète qu’on nous a léguée

Le changement trop rapide du climat et le réchauffement de l’atmosphère du fait des émissions de gaz à effet de serre nous mènent de moins en moins doucement, et sûrement, à la catastrophe. À terme, cela pourrait transformer notre terre grouillante de vie à une planète morte, dotée d’une atmosphère impropre au développement de la vie. Le patrimoine représenté par la planète est en péril, de même que l’espèce humaine. Et le temps nous fait déjà défaut pour y remédier ⌚. Réchauffement climatique, crise de l'eau, déforestation, désertification, surpêche, pollution des océans, de l'air, des sols, de l'eau, destruction des écosystèmes et de la biodiversité…

¼ Des espèces peuplant notre monde ont déjà disparu sur les 500 dernières années, avec un rythme de disparition 1.000 fois plus élevé que le processus de sélection naturelle 😱. Nous assistons à un effondrement de la biodiversité, qui menace notre propre survie, car la bonne santé des écosystèmes la conditionne.

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent sur la trajectoire actuelle, nous courrons à notre perte. Prendre des actions fortes ne peut donc plus attendre, nous martèlent les scientifiques et écologistes du monde entier. Au point qu’on peut légitimement se poser la question de savoir s’il n’est pas déjà trop tard… Les dés sont-ils déjà jetés ? Peut-on encore sauver la planète 🌍 ?

Une situation inédite et imprévisible

Le phénomène du changement climatique, d’origine humaine, induit des évènements climatiques extrêmes : précipitations, sécheresses, tempêtes, cyclones… Si tous les scientifiques s’accordent sur ce point, des incertitudes demeurent quant au rythme et aux variations auxquelles on doit s’attendre. Cette situation inédite laisse en effet beaucoup de place aux tâtonnements et aux hésitations. Mais une chose est sûre : le rythme des évolutions en cours est particulièrement inquiétant.

Par exemple, l’effet du réchauffement climatique aura un impact sur la température qui augmentera significativement en Europe, mais le « tapis roulant » océanique, le Gulf Stream, du fait de la perturbation des courants océaniques, pourrait s’arrêter et au contraire, être à l’origine d’un refroidissement. Dans quelle mesure, personne ne saurait encore le dire. Nous ne maîtrisons pas encore tous les tenants et les aboutissants des évolutions actuelles, de sorte qu’il est difficile de se projeter avec la précision nécessaire pour faire des pronostics fiables.

👉 Fonte des glaciers, un problème à ne pas prendre à la légère Multiplication des canicules, un indicateur clair du réchauffement climatique

Est-il déjà trop tard pour sauver la planète ? Le point de vue des pessimistes

Le défunt et illustre scientifique Frank Fenner estimait de son côté qu’il est déjà trop tard et que l’humanité s’éteindra dans moins de 100 ans, quoiqu’elle fasse ⚰️. Nous vivrions dans une époque où les activités humaines rivalisent avec les forces de la nature dans leur capacité à modifier l'écosystème de la Terre. Selon lui « Les efforts de réduction ralentissent un peu les choses, mais il y a déjà trop de monde ». Oiseaux de mauvais augure ou visionnaires ? Seul l’avenir nous le dira. Ce qui est certain, c’est que l’inaction nous condamnera tous, est-ce que ça ne vaut pas la peine d’essayer ?

Ralentir la tendance plutôt que de l’inverser

Néanmoins, il est à peu près certain qu’il ne s’agit plus d’inverser la tendance, déjà irrémédiablement engagée, mais de la freiner, de la ralentir, bref, de sauver les meubles. Ainsi, nous pourrions offrir une chance aux différences espèces vivantes, y compris à l’Homme, de s’y adapter 🌿. Mais pour cela, il faudrait agir très rapidement, immédiatement. C’est la condition essentielle pour avoir un impact et une chance d’influer sur ce rythme.

Le climat ne nous laissera pas d’autre choix que d’évoluer dans nos modes de vie, la question est de savoir si nous parviendrons à réagir avant qu’il ne soit trop tard. Selon Michel Colombier, nos modes de vie occidentaux, qui assurent notre confort, ne sont de toute manière pas accessibles à l’ensemble de la population mondiale.

Une surpopulation mondiale devenue insoutenable

Selon les experts, notamment le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le réchauffement planétaire ne pourrait être endigué que par une réduction massive de la population mondiale : réduire la population mondiale à environ 6 milliards d’individus, soit environ 2 milliards de moins qu’aujourd’hui, d'ici 2050 pourrait largement participer en effet à résoudre le problème du réchauffement climatique. Or, les projections prévoient que nous devrions atteindre les 10 milliards d’individus d’ici là… Nous accueillons, chaque seconde qui passe, 2,7 habitants supplémentaires 🚼. Nous sommes donc clairement en surpopulation.

La pénurie des énergies fossiles et des ressources naturelles nous guette, et nous ne tarderons pas à voir apparaître des millions de réfugiés climatiques.

Les grands leviers dont dépend notre survie

Nous vivons à crédit, le jour de « dépassement de la terre » - le jour de l'année où l'humanité a consommé la totalité des ressources que la Terre peut renouveler en un an - intervenant chaque année un peu plus tôt que la précédente. La plus grande partie du réchauffement climatique est imputable à la consommation d’énergies fossiles. C’est sur ce levier qu’il faut absolument agir pour sortir de l’ornière dans laquelle nous sommes embourbés, en combinant décarbonisation de l’énergie et stockage du CO2.

Il faut se résoudre à diminuer de manière conséquente notre consommation d’énergie, et payer plus cher des sources d’énergie plus respectueuses de l’environnement. C’est en comprenant qu’écologie et développement peuvent aller de pair que nous sauverons la planète. Si nous parvenons à combiner la croissance et le développement durable, et à cesser de les opposer, à créer un pont entre économie et écologie, il est encore possible de sauver l’humanité.

La première arme du changement demeure l’éducation, de même que la recherche, orientée vers la durabilité, nous devrons réinventer nos modes de vie et de consommation. En fait, ce sont nos mentalités qui devront évoluer en profondeur, afin de mettre un point d’arrêt à nos attitudes matérialistes et consuméristes. Notre système capitaliste, qui repose sur un modèle de croissance perpétuelle dévorant les matières premières, ne peut perdurer. Nous devons cesser de nous comporter en parasite et signer un traité de paix avec la nature, afin de léguer un monde vivable à nos enfants. Un nouveau modèle, salvateur, doit émerger, afin de produire de manière vertueuse.

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Cela passera également par la réduction de la consommation de ressources naturelles et de matière première dans chaque unité de production économique, en termes d'énergie, de métaux, de minerais, d'eau ou encore de bois, pour réconcilier la croissance et l’écologie. 👉 Les bons gestes pour économiser l'eau en période de sécheresse

L’économie circulaire, proposant de réutiliser les matières premières pour en faire des ressources, est l’une des clés de ce défi titanesque ♻️. Même si ça commence à prendre, le chemin à parcourir est encore très long, et cette stratégie ne deviendra réellement payante que lorsqu’elle aura été généralisée au niveau mondial.

Cet effort, c’est de nos sociétés occidentales qu’il doit émerger 💪. Comment demander à des populations en guerre, qui ont faim, qui luttent pour leur survie au quotidien de moins polluer ou de recycler ? D’autant que ce ne sont pas eux qui sont les plus gros pollueurs, mais bien nous qui menons un train de vie insoutenable pour la planète.

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Protéger de larges superficies naturelles afin de préserver la vie

En parallèle, les grandes organisations de préservation de l’environnement estiment que pour sauver la planète, sa biodiversité et maintenir un climat stable, 30 % de sa superficie devront être protégés d’ici 2030. D’ici 2050, c’est 50 % de la surface de la planète qui devra être préservée, afin que nous puissions continuer à bénéficier des inestimables services qu’elle a à nous rendre (filtration de l’eau potable, stockage du carbone…).

De la chute de nos civilisations à la disparition de l’humanité, il n’y a qu’un pas ?

Même si nous échappons à la fin du monde, la fin de notre civilisation industrielle est inévitable, en raison de son incapacité d'évolution, et en raison des inégalités dans la répartition des richesses et de la surexploitation de ressources limitées. En cause, on retrouve comme dans chaque effondrement des grandes civilisations s’étant succédé au fil de l’histoire une jouissance monopolistique de la richesse par les élites (nous), qui les aveuglent. Étant épargnés du besoin jusqu’à la chute finale, ils ne parviennent pas à concevoir le processus d'effondrement en cours, et continuent de creuser leur propre tombe.

Les plus grandes civilisations - les Huns, les Mayas ou les Romains – ont toutes sombré en raison d’une pression trop forte sur les ressources naturelles, et la création de fortes inégalités. Le problème, c’est que s’agissant de notre planète et de ses 10 milliards d’habitants d’ici 2050, il n’y a pas de plan B…

À retenir :

« L’Homme est un loup pour l'Homme ». Cette expression de Sigmund Freud prend aujourd’hui tout son sens. Jamais une espèce n’a été capable de modifier autant son milieu, et de le dégrader à cette échelle, au point de le rivaliser avec les forces de la nature et de le rendre impropre à sa propre survie. Réchauffement climatique, pénuries d’eau, déforestation, dégradation des océans, désertification, pollution, érosion massive des écosystèmes et de la biodiversité… Les scientifiques s’accordent sur un point : il ne s’agit plus aujourd’hui d’inverser la tendance, mais de la ralentir, de la limiter, afin de conserver une atmosphère propice à la vie et de donner à la vie une chance de s’y adapter. Notre seul espoir d’y parvenir, néanmoins, est de prendre des mesures fortes de toute urgence.

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👉 Comment protéger les océans ? À nous de jouer !

Sources : francetvinfo.fr, mrmondialisation.org, courrierinternational.com, lemonde.fr, lefigaro.fr, latribune.fr, r-magazine.ca, nationalgeographic.fr, notre-planete.info

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