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Où trouve-t-on la majeure partie de la glace sur la planète ?
À l’origine, la terre s’est formée avec un volume d’eau avoisinant les 1 400 millions de km3, qui n’a pas évolué depuis, et que l’on trouve sous forme gazeuse, liquide et solide. La majorité de l’eau douce disponible sur notre Terre est ainsi contenue dans la glace 🥶.
Il faut savoir que les glaciers de haute montagne représentent moins de 1% de la glace présente sur le globe, les 99% restants étant localisés sur les pôles. D’un côté, on trouve la banquise située au pôle Nord, et de l’autre, le continent Antarctique, qui mesure plus de vingt-cinq fois la France et entièrement entouré de l’océan Austral, et dont la calotte glaciaire repose en grande partie sur de la terre ferme, même s’il contient également une part de banquise. C’est cet Antarctique qui contient, finalement, plus de 90% de la glace mondiale, ou devrait-on dire de la cryosphère, c’est-à-dire de la surface où l’eau est présente sous sa forme solide 🧊.
Un état des lieux très inquiétant : des glaciers qui fondent comme neige au soleil
Du fait du réchauffement climatique, la quantité de glace diminue inexorablement chaque année depuis plusieurs décennies, tendance qui connaît une forte accélération : ce n’est pas compliqué, elle fond comme peau de chagrin. 👉 Empreinte carbone : qu’est-ce que c’est ? Comment la calculer, la réduire ?
En ce qui concerne les hautes montagnes, cela se traduit par une surface enneigée qui diminue d’année en année, et un manteau neigeux qui perdure moins longtemps ❄️. Ce phénomène ne se fait toutefois pas sentir avec la même intensité partout sur la planète. Par exemple, si le Kilimandjaro ou les Andes sont durement impactés, pour l’heure, les chaînes de hautes montagnes asiatiques y résistent mieux. Cette année, les spécialistes alertent notamment sur une fonte estivale sans précédent du glacier alpin, qui devrait disparaître encore plus tôt que dans les scénarios les plus pessimistes, notamment en cas de vagues de chaleur à répétition dans les années à venir…
Malgré le fait que l’Arctique et l’Antarctique soient des zones très peu peuplées, ils souffrent l’un comme l’autre avec beaucoup d’intensité des conséquences du réchauffement climatique, et ce n‘est malheureusement que le début. Depuis 40 ans, la surface couverte par les glaces diminue d’environ 13% tous les 10 ans en Arctique. En Antarctique, les glaciers perdent du terrain à l’Ouest, mais s’accroissent et s’épaississent à l’Est : concrètement, le volume de glace global diminue, mais la surface recouverte augmente.
📍 Une nouvelle étude menée par des climatologues laisse notamment craindre la fonte du plus grand glacier du monde, situé au cœur de l'Antarctique : l'inlandsis Est-Antarctique. Il serait en effet bordé d'eaux de plus en plus chaudes, et sa fonte entraînerait une hausse des océans d’environ 60 mètres 😱 ! |
Les études scientifiques tirent la sonnette d’alarme
Une équipe internationale de scientifiques a démontré, à partir d’images satellites, que quasiment tous les glaciers du monde s'amincissent et perdent de la masse, au terme de l’étude la plus complète et précise en la matière à ce jour. L’ampleur du phénomène est donc absolument effarante : les glaciers perdent environ 267 milliards de tonnes de glace par an, phénomène qui tend à s’accélérer. Ceux qui fondent le plus rapidement se trouvent dans les Alpes, en Islande et en Alaska.
Dans la décennie précédant 2015, les calottes du Groenland et de l'Antarctique ont perdu plus de 400 milliards de tonnes de masse par an, et les glaciers des montagnes, près de 280 milliards de tonnes de glace chaque année, d'après le projet de rapport officiel de la prochaine session du Giec 🥺.
Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), les glaciers de près de la moitié des sites classés au patrimoine mondial pourraient disparaître totalement d’ici 2100 si nous poursuivons nos émissions de gaz à effet de serre au même rythme qu’aujourd’hui.
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Quelles sont les raisons de la fonte des glaces ?
Comme souvent, ce phénomène est complexe et multifactoriel. Essayons d’en comprendre les principales causes :
- Compte tenu de la forte concentration de gaz à effet de serre aux pôles, les températures y augmentent encore plus vite qu’ailleurs, ce qui favorise cette fonte des glaciers🌡️.
- Les courants océaniques, eux aussi, ont leur part de responsabilité. L’augmentation de la température mondiale entraîne une hausse de celle des eaux équatoriales, qui ensuite longent les côtes pour rejoindre les pôles, notamment l’Arctique où elles descendront en profondeur. En conséquence, les eaux de l’Arctique se réchauffent également : depuis 1970, leur température a déjà augmenté de 2,5°C, ce qui impacte logiquement la fonte des glaces.
- Comme un effet domino, la fonte des glaciers favorise la fonte des glaciers, puisque la banquise, en réfléchissant les rayons du soleil, isole les eaux froides et maintient leur fraîcheur. Moins il y a de glace, plus l’énergie solaire est directement absorbée par l’eau, qui se réchauffe inexorablement ♨️.
- Les glaciers de haute montagne, en fondant généreusement, déversent une plus grande quantité d’eau douce dans l’Océan, ce qui impacte la salinité et modifie la densité de l’eau. Les masses d’eau, moins denses, ont plus de difficulté à s’enfoncer dans les profondeurs, ce qui gêne la formation de glace et perturbe les courants.
- Par ailleurs, depuis les années 60, l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère a également modifié les vents, amenant vers l’Antarctique des vents d’Ouest durant l’été, de sorte que des eaux plus chaudes sont également drainées dans la région.
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La fonte des glaciers : des conséquences cataclysmiques
Eau potable, agriculture, conséquences sociales, économiques, migratoires majeures… Des millions de personnes seront impactées par le phénomène de réchauffement climatique et de fonte des glaciers dans les décennies et siècles à venir.
La montée du niveau de la mer
Il faut savoir que notre planète a toujours alterné les périodes glaciaires et interglaciaires et les épisodes de réchauffement. Par exemple, lors de la période du Pliocène il y a 3 millions d’années, le niveau de la mer était alors supérieur de 20 mètres au niveau actuel. Néanmoins, c’est la rapidité d’évolution et ses causes qui diffèrent aujourd’hui, en grande partie imputables aux activités humaines.
En quoi cela pose un important problème pour l’humanité, qui pourtant ne vit ni dans les Océans, ni sur les Pôles ? Car cette fonte provoquera logiquement une montée des eaux très significative : une élévation de quelques dizaines de centimètres suffirait déjà à rendre inhabitables de nombreuses régions du monde. Rien que d’ici la fin du siècle, près de 400 millions de personnes pourraient être impactées par une élévation du niveau de la mer 🌊.
Logiquement, quelle que soit la quantité d’eau contenue dans les Océans, que celle-ci soit sous forme solide ou liquide, cela n’a pas d’impact sur son volume global, conformément au principe d’Archimède. C’est pourquoi nous ne devons pas la montée du niveau de la mer à la fonte de la banquise en Arctique, mais à celle de l'Antarctique, du Groenland et de haute montagne, c’est-à-dire la fonte des glaciers terrestres. Si l’Antarctique en entier fondait, on estime que le niveau moyen de la mer augmenterait de 70 m, redessinant complètement la cartographie des littoraux et créant des mers intérieures 🗺️.
Il existe également un mécanisme de dilatation thermique des Océans : plus leur température est élevée, plus leur volume augmente.
📌 Les spécialistes considèrent que la mer aura ainsi augmenté de 55 cm à 1 m d’ici 2100. Plus de 10% de la population mondiale, vivant dans les métropoles côtières, les îles ou les deltas, seront alors exposées à ce scénario catastrophe. New-York, Tokyo ou encore Shanghai, notamment, sont très proches du niveau de la mer. |
En poursuivant les émissions de gaz à effet de serre sur le rythme actuel, nous pourrions à terme créer une planète complètement dépourvue de glace dont la température moyenne s’élèverait à 26 °C au lieu de 14°C. Rien qu’en Europe, Londres ou Venise seraient rayées de la carte. Une bonne partie du Danemark et les Pays Bas seraient immergés. Les spécialistes estiment que d’ici 2050, la mer pourrait déjà connaître une avancée de 50 cm sur la côte de Nouvelle-Aquitaine en France.
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Les menaces pour l’accès à l’eau potable et sur la fertilité des sols
La montée des eaux a également un impact sur les sols et eaux douces, qui s’en trouvent salinisés, ce qui menace la fertilité et les récoltes, de même que l’adaptation des poissons qui se raréfient dans les filets 🐟. Par exemple, plus de 250 millions d’habitants dépendent des glaciers de l'Himalaya comme source d’eau, qui alimentent les rivières participant à nourrir 1,6 milliard de personnes supplémentaires.
À court terme, bien sûr, nous n’y verrons que du feu car les glaciers fondent plus vite, ils fourniront plus d’eau aux rivières, avant d’atteindre un pic, et de décliner, jusqu’à tarir, cette pente descendante étant à craindre dès les prochaines décennies…
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Une augmentation des catastrophes naturelles et évènements climatiques extrêmes
Les glaciers sont indispensables à la régulation du climat en raison de leur couleur blanche immaculée qui réfléchit 95 % des rayons du soleil de manière à maintenir les températures suffisamment basses pour être vivables partout dans le monde. La modification de la densité de l’eau et des courants océaniques a un impact sur le climat, provoquant des hivers plus froids et des étés plus chauds ☃️.
Le nombre d’évènements climatiques extrêmes s'intensifie donc corrélativement à la montée des eaux. Des inondations diluviennes sont également à prévoir. Crues, lacs glaciaires, la fonte des glaciers s’accompagne d’importants risques de catastrophes naturelles. Au Pakistan, qui abrite plus de 7 000 glaciers, des villages ont ainsi été entièrement ravagés.
Des flux migratoires sans précédent
De larges flux de migrations – potentiellement plus de 140 millions de réfugiés climatiques en 2050 - sont à prévoir. En Afrique, même si en comparaison des autres continents, assez peu de terres seraient perdues du fait de la montée des eaux, les températures en feraient une zone en grande partie inhabitable.
Des conséquences dévastatrices sur la faune
Les glaciers constituent l’habitat naturel de nombreux animaux (ours polaires, manchots empereurs, baleines boréales 🐳). La faune sera durement impactée, de nombreux animaux étant déjà contraints de migrer vers de nouveaux territoires et d’entrer en compétition avec d’autres espèces, et notamment l’Homme. Les populations d’ours polaires, par exemple, sont sévèrement fragilisées, de même que les colonies de manchots empereurs qui pourraient perdre 93 % de leurs effectifs d’ici la fin du siècle 🐧.
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À retenir : Le phénomène de fonte des glaciers du fait du réchauffement climatique prend des proportions telles que le pire est à craindre. À la clé, des conséquences majeures sur la disponibilité des ressources en eau, l'élévation du niveau de la mer et le climat sont à craindre… Le seul moyen d’enrayer ce phénomène serait de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, mais nous n’en prenons pas le chemin. Les régions polaires qui nous paraissent si lointaines participent grandement à maintenir des conditions habitables pour notre planète. Même si le réchauffement climatique aura forcément un impact, désormais inexorable, il est encore possible de le limiter et de maintenir un équilibre. C’est un effort mondial, aussi étatique qu’individuel, qui doit être fourni d’urgence. Même en cas de mesure de grande ampleur, des siècles seront nécessaires pour inverser la tendance. Néanmoins, 1/3 de la masse glaciaire actuelle pourrait encore être préservé. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : Le Monde, CNRS, maxisciences.com, geo.fr, geo.fr, nationalgeographic.fr, lindependant.fr, france24.com, conservation-nature.fr
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