La surpêche : le triste état des lieux
Pas moins de 93 % des stocks de poissons sont pleinement exploités (57,3%) ou surexploités (35,4%) dans le monde 🌍. Des stocks qui tombent alors à un niveau d’abondance tellement faible que leur pêche n’est tout simplement plus rentable. Si nous continuons sur cette voie, la plupart des espèces aujourd’hui consommées dans le monde auront disparu au milieu du siècle. En fait, plus de la moitié des océans est exploitée de manière intensive… 👉 Comment protéger les océans ? À nous de jouer !
🤓 Ainsi, on parle de surpêche lorsque la hausse du nombre de captures entraîne une diminution du nombre de prises, une diminution de la taille et de l’âge moyen des prises et une diminution du nombre d’individus mâtures susceptibles de se reproduire. Le thon rouge d’Atlantique, très recherché pour sa chair onctueuse qui ravit les amateurs de sushis, en est un triste symbole, et pour cause : il n’arrive à maturité sexuelle qu’entre 4 et 9 ans, et est bien souvent pêché avant d’y parvenir.
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Une illusion de l’abondance qui persiste : les ravages de la surpêche
Non, les océans ne sont pas d’une abondance sans fin : comme toutes les ressources naturelles de la planète, des prélèvements trop importants mettent en péril les populations de nombreuses espèces marines. Au passage, de nombreux autres animaux marins qui ne sont pas initialement pris pour cible périssent, pris au piège dans les filets. Les pratiques de plus en plus intensives favorisent ainsi la capture accidentelle d’autres espèces, telles que les dauphins, requins, ou encore les raies 🎣.
🐠 D’après les chercheurs de l’Ifremer, seuls 56% des stocks de poissons pêchés et consommés en France sont exploités durablement, n’empêchant pas une reproduction satisfaisante et un renouvellement de la population étudiée. C’est infiniment mieux qu’il y a 20 ans, où cette proportion n’était que de 15%, mais ce n’est pas foufou pour autant. Dans les ports européens, 50 espèces seulement représentent 95% des prises, 10% des espèces sont considérées comme effondrées et la quasi-totalité des stocks de Méditerranée est surpêchée. De même, la pêche illégale représente 20% des captures.
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Plus les populations diminuent, plus les méthodes de pêche sont destructrices
Afin de maintenir un niveau de prises de nature à satisfaire la demande mondiale, le nombre et la puissance des navires de pêche n’ont de cesse d’augmenter 🚢. Navires plus grands, techniques plus invasives, plus profondes, plus reculées… Nous vidons, petit à petit, les mers, et flirtons de plus en plus dangereusement avec la pénurie. Des chaluts géants, véritables usines flottantes, mettent en péril l’équilibre de ces précieux écosystèmes.
Alors qu’il y a encore quelques dizaines années, il suffisait d’encercler un banc de poisson au moyen d’une senne coulissant – un filet de poisson déroulé en surface pour capturer ces derniers – pour bénéficier d’une pêche facile et abondante, les choses ont changé et les pêcheurs doivent se montrer plus incisifs, faute de proies en nombre suffisant. Désormais, c’est à bord de véritables navires de guerre que les professionnels se lancent à l’assaut de la mer, équipés de sonars permettant de localiser les bancs de poissons, et de moteurs puissants. Les filets de pêche récents peuvent à présent se dérouler sur des kilomètres 😱.
Certains braquent sur l’eau une de lampe extrêmement puissante qui diffuse une lumière attirant les poissons. 💥 D’autres utilisent la pêche à l’explosif, une véritable horreur. Les chaluts de fond, de leur côté, tractent de vastes filets ratissant les fonds marins, et décimant tout sur son passage, sans aucune sélection.🪝Les palangres sont des dispositifs munis de milliers d’hameçons, qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres.
⚡La pêche électrique, également, interdite dans l’UE depuis 2021 au même titre que le chalutage profond, est assez terrifiante : il s’agit d’équiper les filets des chaluts d’électrodes, qui envoient des décharges électriques attirant les poissons sous l’effet du champ magnétique, qui sont paralysés avant de remonter à la surface, couverts de brûlures et d’ecchymoses. Les pêcheurs ne savent plus quoi inventer pour ratisser chaque mètre carré des océans afin de remonter à la surface leur précieux butin.
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La pêche, enjeu majeur de sécurité alimentaire et précieux moyen de subsistance
Pourtant, la pêche est un grand enjeu de sécurité alimentaire mondiale. Une surpêche qui prive, accessoirement, de nombreux pays en développement d’un précieux moyen de subsistance, comme c’est le cas du Sénégal. Or, le poisson est la principale source de protéines et de revenu pour plus de 800 millions de personnes sur la planète. La vraie question, c'est : combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
L’équilibre des écosystèmes marins en péril
Mais au-delà de ça, il faut voir le problème comme un effet domino géant : Si les populations de poissons prédateurs sont victimes de surpêche, le haut de la pyramide alimentaire est perturbé, et les proies herbivores pullulent, ce qui menace le plancton, consommé massivement, ce même plancton qui permet la captation du CO2. Oui, le plancton, à qui nous devons 70% de l’oxygène présent dans l’atmosphère 😱.
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Des poissons de plus en plus contaminés au mercure
Mais un second impact, moins connu mais tout aussi préoccupants, des effets combinés à la fois de la surpêche et du réchauffement climatique, c’est l’augmentation de l’accumulation de contaminants neurotoxiques comme le mercure chez les espèces marines, et notamment le poisson que nous consommons 😲. Un véritable problème de santé publique qui se profile. En effet, en cas de surpêche sur une espèce donnée, les flottes de pêcheurs se rabattent souvent sur la base de la chaîne alimentaire, ce qui perturbe la composition du réseau alimentaire d’autres espèces, et favorise le transfert de contaminants comme le mercure jusqu’aux prédateurs supérieurs, qui se rabattent, à leur tour, sur des proies différentes, plus petites ou en plus grand nombre. Et ces prédateurs sont bien souvent ceux sur lesquels nous jetons notre dévolu 🍽️…
Pourquoi l’aquaculture n’est pas la solution
L’aquaculture, pratique particulièrement répandue en Asie, tente de prendre le relais, et alimente à près de 50% les étals des poissonniers. Chine, Indonésie, Inde, Bangladesh, Vietnam… Ils approvisionnent le monde entier 🌍. Le problème, c’est que ces poissons d’élevages sont nourris… à base de poissons sauvages 🙃. Si, si… Des poissons transformés en farine, à destination des élevages. Pourtant, l’utilisation de farine d’insectes pourrait représenter une excellente alternative.
Par ailleurs, l’intensification de l’aquaculture a des effets négatifs sur l’environnement, et participe à une importante pollution des eaux (rejet de déchets, de produits chimiques, de médicaments…). Les maladies et parasites dévastent ces populations de poisson, menaçant de contaminer les espèces sauvages. Le développement de ces élevages participe également à détruire des écosystèmes entiers, parmi les plus précieux de la planète, comme c’est le cas de la mangrove.
Réguler pour une pêche durable
Il existe un principe de liberté de la mer qui domine une grande partie des océans. À l’origine, on considérait les ressources halieutiques comme inépuisables. Si certaines réglementations ont émergé concernant les Zones Economiques Exclusives (ZEE) qui appartiennent aux Etats côtiers et s’étendent jusqu’à 200 miles marins (370km) des côtes, les eaux sont internationales ou de haute mer sont encore une zone de non droit où presque tout est permis, à l’exception de quelques pratiques interdites. Même s’il existe une Politique Commune de la Pêche (PCP) européenne, cette dernière se contente de fixer des quotas de capture bien supérieurs aux préconisations scientifiques, tout en accordant des subventions pour la modernisation de la flotte💰.
Pourtant, les océans sont résilients. Il suffirait de laisser la population reproductrice se reconstituer pour rétablir les stocks, ce qui relancerait le secteur de la pêche. De nombreuses expériences ont démontré qu’avec des pratiques de pêches raisonnées, tout le monde y gagne, et les populations pourraient connaître des augmentations substantielles, mais il faudrait pour cela une véritable volonté politique en la matière.
Par exemple, l’interdiction dans les pays de l’UE de la pêche au-delà de 800 mètres de fond en vigueur depuis 2016 a eu un impact très positif sur la biodiversité marine. Réguler la pêche est un pari gagnant à long terme. Si par exemple, on réduit les prises de capelan, la morue, qui est son prédateur direct, verra son stock augmenter, une bonne nouvelle pour les pêcheurs, dans la mesure où justement, la valeur marchande de la morue est supérieure à celle du capelan.
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À retenir
Réchauffement climatique, pollution plastique, surpêche… Les grandes menaces qui planent sur les océans sont de plus en plus préoccupantes dans un monde qui consomme de plus en plus de poisson. Et avec nos quelque 8 milliards de bouches à nourrir, il en faut du poisson ! C’est pourquoi la demande ne fait qu’augmenter, tandis que les ressources hyaluroniques, surexploitées, ne cessent de décliner. À l’aide de techniques de plus en plus destructrices pour les fonds marins et pour la biodiversité, nous n’avons de cesse de piler toujours plus de poisson dans des océans qui ne parviennent plus à renouveler leurs stocks : à ce rythme, de nombreuses espèces pourraient disparaître. Une régulation de la pêche semble donc incontournable pour préserver la biodiversité marine est les ressources alimentaires des générations futures.
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Sources : geo.fr, theconversation.com, sciencesetavenir.fr, lesechos.fr, wwf.fr