C’est quoi, la mangrove ?
Les mangroves sont des forêts tropicales à la végétation dense, situées pile à l’interface entre ciel et mer, le long des côtes et des estuaires, qui s’épanouissent les pieds dans l’eau salée. Principalement constituées de palétuviers caractérisés par leurs racines aériennes, elles ne constituent qu’1% de la surface des forêts tropicales du monde, et rendent pourtant des services environnementaux inestimables 💪. Leurs racines dites « échasses » plongent dans la mer, donnant à l’ensemble une ambiance presque inquiétante : un décor parfait pour une œuvre de Tim Burton ! Elles leur permettent en fait de respirer au sein de cette végétation dense.
Cet ensemble de végétation se développe en eau saumâtre, dans un mélange d’eau douce et d’eau de mer peu profonde, riche en sel et pauvre en oxygène, dans un substrat mou et instable tantôt immergé tantôt inondé au gré des marées. Elle s’étend sur une superficie approximative comprise entre 14 à 23 millions d’hectares à travers le monde, et borde ¼ des côtes tropicales, principalement entre les latitudes 25°N et 25°S 🌍.
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Un écosystème richissime
Malgré des conditions a priori peu propices à la vie terrestre, cette végétation très particulière abrite une biodiversité absolument foisonnante, dans les eaux calmes du littoral. Elles procurent en effet un abri à un très grand nombre d’espèces : crustacés, poissons, mollusques, amphibiens, oiseaux, jeunes requins… ça grouille littéralement de vie dans cet écosystème de marais maritime, et il suffit de s’y aventurer ne serait-ce que quelques instants pour s’en convaincre. Serpents, tortues, lézards, et même crocodiles y prospèrent. Ce sont de véritables nurseries 🚼 pour de nombreuses espèces, qui participent généreusement à alimenter les océans en poissons. Les racines de palétuviers forment ainsi un véritable réseau labyrinthe au sein duquel les alevins grandissent à l’abri des prédateurs. Au Bangladesh, le tigre du Bengale y a même trouvé refuge.
En fait, plusieurs espèces en danger critique d’extinction dépendent intimement des mangroves pour survivre.
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Un rempart précieux contre les aléas
Nul ne l’ignore désormais, le réchauffement climatique va se traduire par des évènements climatiques extrêmes et plus fréquents. Tempêtes tropicales, montée des eaux, tsunamis, raz de marée, ouragans 😱… Les temps promettent d’être de plus en plus durs pour les littoraux du monde entier, menacés par l’érosion et vulnérables face à des éléments désormais sans concession. Les mangroves, par leur situation privilégiée le long des côtes et leur végétation dense, font efficacement barrière à ces aléas🫷, et protègent les terres d’une partie des effets délétères de ces catastrophes naturelles. Ainsi, elles jouent un rôle central dans la résilience des écosystèmes et dans la stabilisation du littoral.
🤓 Notamment, une étude conduite après le tsunami qui a dévasté Palu, sur l’île de Sulawesi, en 2018 a démontré que les dégâts ont été moindres dans les zones protégées par des mangroves, qui auraient des effets plus protecteurs que les ouvrages artificiels. Notamment, « Les maisons des villages de Kabonga et de Labuan Bajo, dans la circonscription de Donggala, n’ont pas été détruites, car elles étaient protégées par une forêt de mangrove de 50 à 70 mètres d’épaisseur. Les villages voisins dépourvus de mangrove ont été dévastés par une vague de 5 mètres de haut », rapporte Widjo Kongko, spécialiste des tsunamis dont les propos ont été rapportés par Courrier International.
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De puissants puits de carbone
Par ailleurs, les mangroves stockent d’importantes quantités de CO2 grâce à leur croissance rapide et leur haute efficacité photosynthétique, et participent, ainsi, à limiter le réchauffement climatique. N’ayons pas peur des mots, il s’agit même de l’écosystème au monde qui absorbe le plus de dioxyde de carbone. Elles stockent ainsi environ 34 millions de tonnes de carbone chaque année 💪. Enfin, les racines des palétuviers sont de véritables filtres purificateurs pour l’eau de mer, capables de retenir les nitrates, les phosphates et d’autres polluants de l’eau.
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Des écosystèmes menacés
Pression démographique, industrialisation, exploitation du bois, implantation des élevages de crevettes… Les mangroves sont détruites au profit des terres agricoles ou d’autres infrastructures. Il s’agit notamment d’un des milieux les plus productifs en biomasses. Ce joyau de la biodiversité est mis à mal par les activités humaines. Ainsi, 40% des mangroves de la planète ont déjà disparu depuis les années 1960 😠. C’est pourquoi l’UNESCO mène un projet de restauration des mangroves dans sept pays d’Amérique latine (Colombie, Cuba, Équateur, El Salvador, Mexique, Panama, Pérou).
À retenir Trait d’union entre terre et mer, les mangroves offrent un des écosystèmes les plus foisonnants qui soient sur terre. Elles contribuent à la sécurité alimentaire des communautés côtières tout autour du globe et abritent une biodiversité extrêmement riche. De plus, elles ont un rôle de véritable barrière naturelle contre les aléas naturels, de plus en plus fréquents, tels que les tempêtes tropicales, tsunamis, ou encore dans le cadre de l’élévation du niveau de la mer et de l’érosion du littoral. Il s’agit également du plus puissant puits de carbone qui existe. Préserver les mangroves, ces précieux écosystèmes très fragilisés par les activités humaines et le réchauffement climatique, est donc essentiel. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : ecologie.gouv.fr, wwf.fr, futura-sciences.com, caminteresse.fr, courrierinternational.com, geo.fr, odysseedelaterre.fr