Les pays les moins responsables en première ligne
On montre souvent du doigt les pays les plus pauvres en raison de leur croissance démographique jugée insoutenable pour la planète, ou encore les pays émergents, en raison de l’augmentation relativement récente de leurs émissions de gaz à effet de serre. Or, il s’agit justement des régions dont la part de responsabilité est la moins importante dans la crise climatique actuelle 🙃. 👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
Il se trouve, par exemple, que le continent africain est justement celui qui émet le moins de gaz à effet de serre, mais que c’est celui qui est le plus vulnérable face aux effets du changement climatique en cours, et le moins à même de s’y adapter. En effet, frappées de plein fouet, de nombreuses régions du globe, et à commencer par les leurs, vont devenir progressivement inhabitables 🌍.
En Inde, les moussons sont déjà devenues plus variables, extrêmes et imprévisibles, alternant entre pluies diluviennes qui dévastent les récoltes et longues périodes de sécheresses. Au Bangladesh, les estimations actuelles en matière d'élévation du niveau de la mer estiment que le pays pourrait perdre 11 % de ses terres et que 18 millions de personnes seraient contraintes de quitter les zones côtières d'ici à 2050, faisant craindre une migration de masse sans précédent pour des raisons climatiques.
Le Pakistan, responsable d’1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a été frappé par des inondations dévastatrices l’an dernier, faisant de terribles ravages humains, matériels, et sanitaires.
De même, si l’on en croit le rapport de l'ONG GermanWatch publié en janvier 2022, Porto Rico, Haïti et le Myanmar ont été les territoires les plus touchés par des événements météorologiques extrêmes au cours des deux décennies écoulées.
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Une injustice Nord-Sud insupportable
Pourtant, c’est bien le Nord, c’est-à-dire les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l’Europe, et les pays de l’ex-Union soviétique, qui, tout en ne représentant que 20 % de la population mondiale est responsable de 80 % de l’accumulation historique de CO2 et autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère 😠. Le changement climatique est en effet pour l’essentiel le résultat de l’augmentation massive des quantités d’émissions de CO2 et de méthane (CH4) émises par les pays occidentaux, à partir du XIXe siècle. 👉 Réchauffement climatique : définition, enjeux, causes, solutions
🤓 C’est ce qu’on appelle l’injustice environnementale ou climatique : ceux qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre sont en définitive les plus vulnérables aux bouleversements du climat, une injustice montrée du doigt par le GIEC dans son rapport, confirmant l’écrasante responsabilité des pays du G20.
Des pays riches, qui de leur côté, sont un peu culottés, car maintenant qu’ils ont bien brûlé la bougie par les deux bouts, et émis des quantités folles de CO2 dans l’atmosphère, ils montrent du doigt les pays pauvres qui se sont, à leur tour, lancés dans la course à l’enrichissement 🤨. Le tout pour ne pas avoir à réduire leur part du gâteau, bien sûr, leur déniant par la même occasion tout droit au développement. Une dette historique qui devrait, pourtant, être honorée.
Des pays moins résilients et plus vulnérables
Par ailleurs, les pays les moins riches sont confrontés à une autre difficulté de taille : ils manquent cruellement de fonds pour s’adapter et atténuer les effets du dérèglement climatique.
Les conséquences des catastrophes climatiques s’en trouvent donc aggravées, en raison d’une moindre résilience et de capacités d’adaptations moins importantes. Ils n’ont pas accès aux ressources financières et institutionnelles nécessaires pour se remettre des pertes et dommages engendrées (conflits, pandémies, catastrophes naturelles, mégafeux, sécheresses…), un coût estimé entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030 💰. 👉 Orages violents & réchauffement climatique, faut-il s'habituer ?
Il existe donc une réelle tension entre le caractère commun du phénomène du dérèglement climatique, qui frappe l’humanité dans son ensemble, et la manière inégale dont les différentes populations y sont confrontées, sans oublier la part de responsabilité très variable des pays dans cette situation. Or, les conséquences du changement climatique ne manqueront pas de nous atteindre, nous aussi, de plein fouet dans un second temps : qu’en sera-t-il des flux migratoires qui toucheront les pays les plus riches, lorsque les pays du Sud deviendront tellement inhospitaliers qu’ils ne pourront plus accueillir la vie 🌿?
Cette injustice, reconnue depuis bien longtemps, était censée être compensée par la mise en place d’un Fonds vert pour le climat depuis 2011, qui promettait aux pays du Sud 100 milliards de dollars par an. Une somme dérisoire face aux besoins qui seraient réellement rendus nécessaires par la question climatique.
Depuis, un mécanisme de financement des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables, en échange d'un engagement à abandonner progressivement les énergies fossiles, a été adopté le 20 novembre 2022, à l’issue de la COP 27. Un fonds « pertes et préjudices » pour les pays vulnérables dont les détours devraient être précisés à l’occasion de la COP 28 qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï.
La planète, ce bien commun
Or, la planète est un bien commun, et nous devrions tous jouir des mêmes droits à l’espace écologique qu’il représente 🌍. Cette lutte pour l’espace écologique est notamment devenue palpable depuis l’émergence d’autres pays, tels que la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud : d’un côté, les riches ne réduisent pas leurs émissions, et de l’autre les pauvres augmentent les leurs.
Mais en définitive, s’il est vrai que la Chine a considérablement augmenté ses émissions de gaz à effet de serre ces dernières décennies, le pays n’est responsable que de 11% des émissions totales cumulées depuis 1950.
Comment répartir la part d’effort de chacun ?
La réponse à la question de la part de responsabilité de chacun n’est pas anodine, car elle revient à se demander à qui il incombe aujourd’hui de faire telle ou telle proportion d’effort dans la réduction d’émissions de gaz à effet de serre, chacun se renvoyant joyeusement la balle pendant que la situation stagne.
On pourrait en effet penser que c’est aux pays occidentaux que revient le devoir de réduire leurs émissions, et d’assumer ainsi les conséquences de leurs actes, mais dans les faits, évidemment, l’enthousiasme n’est pas le maître mot à cette idée. Une notion de dette écologique, ou climatique, émerge donc.
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À retenir L’injustice environnementale ou climatique désigne le fait que les pays qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre soient justement ceux qui sont les plus vulnérables aux bouleversements du climat, et qui en assument les premiers les plus sévères conséquences. Concrètement, les pays du Nord, à partir de la Révolution industrielle, sont historiquement responsables de 80 % du CO2 émis dans l’atmosphère, et donc du réchauffement climatique qui s’ensuit. A l’inverse, ce sont les pays du Sud, les pays les moins riches et les moins à même de s’adapter à ces changements soudains, qui en pâtissent le plus aujourd’hui. Une injustice qui laisse présager des vagues immenses de réfugiés climatiques dans les prochaines décennies depuis les zones géographiques qui deviendront progressivement inhabitables vers les pays du Nord. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : lemonde.fr, cairn.info, radiofrance.fr, greenpeace.fr, carefrance.org
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