Un début d’été 2023 marqué par une ligne orageuse dévastatrice
⛈️ Mi-juin 2023, près de 45 départements étaient placés en vigilance orange aux orages. Une ligne orageuse s’est en effet abattue sur le pays pendant plusieurs semaines, en commençant par la Bretagne, suivie de près par les Pays de la Loire, la Normandie, l’Île-de-France, les Hauts-de-France, le Centre, et le nord du Massif central, rapidement suivie par une seconde dégradation orageuse sur le Sud-Ouest et le Massif central.
La Seine-Maritime, tout particulièrement, a été durement touchée, victime d’importantes inondations et d’un épisode tornadique. Selon Pierre Cadiou, météorologue à Météo-France, il s’agit d’une série exceptionnelle, et même curieuse, marquée par 3 semaines consécutives voyant les orages s’enchaîner 🤔.
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Le super-orage de l’été 2022 : un monstre météorologique
Déjà, l‘été dernier, le mois d’août avait été ponctué par une série d’orages violents, marqué par un épisode d’une intensité jamais vue sur l’Île de beauté, provoquant le décès de 5 personnes rien qu’en Corse. L’orage du 18 août 2022 restera en effet dans les annales, avec des rafales à 225 km/h et des grêlons jusqu’à 11 cm de diamètre 😱. Un « derecho », ou super orage, pouvant être qualifié de monstre météorologique.
Mais dès le mois de juin 2022, Météo France avait émis l’alerte orages le plus étendue de l’Histoire du pays, plaçant 65 départements en vigilance orange, après le mois de mai le plus chaud jamais enregistré en France (+2,7 °C par rapport à la normale). Il s’agit encore aujourd’hui, avec 206.257 impacts de foudre, du mois de juin le plus foudroyé observé en France depuis le début des mesures en 1989, le mois de juin 2023 arrivant désormais en seconde position 🥈.
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Mais à quoi doit-on cette instabilité météorologique ?
Ah bon ? Vraiment ? Le dérèglement climatique impacte la météo 🫣?! Pourtant, ça n’est pas comme si nous n’avions pas été prévenus 😒 ! Les scientifiques nous alertent depuis de nombreuses années maintenant sur l’impact du réchauffement climatique sur les évènements météorologiques, et notamment sur le risque d’orages de plus en plus dévastateurs. Ainsi, l’activité orageuse se fait de plus en plus précoce, et augmente en intensité.
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Mais comment naît un orage, au juste ?
Une formation orageuse est le fruit de la rencontre de masses d’air chaudes et humides et d’une grande masse d’air froid. Grâce aux orages, l’énergie du bas de l’atmosphère est transportée vers la haute atmosphère, et plus la chaleur au niveau de la mer est élevée, plus la quantité d’énergie est importante, créant une grande instabilité convective.
Des évènements généralement fréquents en fin d’été et à l’automne, en raison des vagues de chaleurs qui précèdent généralement, mais plus rares en début de saison estivale. En effet, en cas de forte chaleur, la température de l’eau de surface augmente, ce qui intensifie son évaporation, formant alors une masse d’air chaude et humide, qui vient alimenter les orages. Autrement dit, plus le climat se réchauffe, plus les précipitations associées aux rages seront intenses, en raison d’une augmentation de l’évaporation et d’une plus importante capacité de l’atmosphère proche de la surface à contenir de la vapeur d’eau 🤓.
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Les orages seront-ils plus fréquents ?
S’il est difficile d’affirmer de manière certaines pour le moment que le réchauffement climatique s’accompagnera d’un plus grand nombre d’orages, il est en revanche établi que la proportion d’orages violents va, elle, augmenter 😬.
En effet, affirmer que le nombre d’orages augmente ou diminue est difficile, s’agissant d’un phénomène complexe et très localisé, pouvant échapper à la détection des stations météo.
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Des orages plus intenses et plus violents
Les climatologues sont formels : le réchauffement climatique s’accompagnera d’orages plus intenses et diluviens, dans la mesure où il accentuera cette formation de vapeur d’eau. Plus il fait chaud, plus l’atmosphère contient d’eau, et plus les orages en déverseront. Il faut compter environ 7% d’humidité en plus par degré de réchauffement supplémentaire, selon la Formule de Clausius-Clapeyron, une loi chimique qui régule la quantité d’eau dans l’atmosphère en fonction de la température 🤓.
De plus, le réchauffement du climat impacte également le régime des pressions, avec des écarts plus élevés, ce qui est susceptible d’augmenter la force du vent.
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Des inondations plus importantes
Une tendance qui se vérifie : les experts de Météo France ont en effet pu constater que ces dernières années, les orages ont donné lieu à des précipitations plus intenses. Tout à coup, les pluies diluviennes s’abattent alors, contrastant avec des semaines de sécheresses qui précèdent 😎.
Les inondations, amplifiées par l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols qui l’accompagnent, sont donc favorisées. Mais en campagne également, car les sols sont tellement secs à l’issue des périodes de sécheresses qui se multiplient que le sol absorbe moins l’humidité.
Car le réchauffement climatique réduit également la capacité des sols à absorber l’eau. En fait, loin de remplir les nappes phréatiques, ces ruissellements préservent juste (parfois) d’une sécheresse des sols. Le niveau des nappes est peu impacté par ce type d’épisodes.
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C’est quoi un orage violent ?
Un orage est qualifié de « violent » lorsqu’il s’accompagne de plusieurs des phénomènes suivants :
- Vents supérieurs à 90 km/h ;
- Grêlons d’au moins 1 cm de diamètre ;
- Précipitations importantes (au minimum 20 mm de pluie par heure).
- Le nombre d’impacts de foudre n’entre pas dans cette définition, mais peut constituer un indicateur sur l’intensité de l’épisode.
Vers de nouveaux fléaux météorologiques ?
Il est même possible que le réchauffement climatique fasse apparaître, avec l’augmentation des températures, des phénomènes que l’on ne connaissait pas sous nos latitudes 😥.
Par exemple, les cyclones se forment lorsque les eaux de surface des océans dépassent les 26 degrés, chaque degré supplémentaire impactant significativement leur fréquence et leur puissance.
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À retenir
Les orages suscitent crainte et fascination. Le mois de juin 2023 aura été, à l’image du mois de juin de l’année précédente, marqué par des épisodes orageux qui surprennent par leur durée et par leur intensité. De là à y voir une manifestation du réchauffement climatique ? La réponse est à nuancer : s’il n’est pas établi que le dérèglement climatique est susceptible d’augmenter leur fréquence, il ne fait plus débat que l’intensité des orages en est impactée. Les orages violents, à l’image du super-orage s’étant abattu sur la Corse au mois d’août 2022, devraient être plus fréquents et difficilement prévisibles, de même que les précipitations et inondations accompagnant ces évènements.
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Sources : lemonde.fr, reporterre.net, futura-sciences.com, meteorage.com, libération.fr, youmatter.world, geo.fr
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