Pourquoi, au juste, le niveau de la mer s’élève-t-il ?
Les océans sont nos principaux alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique : ces puissants puits de carbone absorbent également de plus en plus de chaleur, et se réchauffent, eux aussi, dangereusement. C’est pourquoi l’élévation du niveau de la mer est l’un des nombreux symptômes du dérèglement climatique. Comment expliquer ce lien de cause à effet ? 🤔
Lorsque l’eau se réchauffe, elle augmente de volume : c’est ce qu’on appelle la dilatation thermique. Ainsi, la chaleur accumulée dans l’océan, jusqu’à des profondeurs de l’ordre de 1000 mètres, est impliquée dans ce phénomène, qui porte entre ¼ et 1/3 de la responsabilité de l’augmentation du niveau de la mer actuel.
Le reste, on le doit bien sûr au phénomène d’importante fonte des glaciers, conséquence directe du réchauffement du climat, créant un déséquilibre entre l’écoulement de l’eau et son évaporation : cela perturbe le cycle de l’eau dans sa globalité. Sans oublier les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique qui fondent comme neige au soleil 🥶, du fait de l’augmentation des températures tant de l’atmosphère que des océans.
🤓 En revanche, la fonte de la banquise, qui est de l’eau de mer gelée flottant sur la mer, ne participe pas à ce phénomène, car en vertu du principe d’Archimède, l’eau alors produite occupe le même volume d’eau de mer que la glace occupait auparavant. Ce n’est pas le cas des calottes glaciaires et des glaciers, qui eux, y contribuent. On estime en effet que si l’Antarctique fondait en totalité, le niveau de la mer augmenterait d’environ 60 mètres 😱.
Montée du niveau de la mer : dans quelles proportions ?
Alors que le niveau moyen des océans a augmenté d’environ 23 cm depuis 1880, et de 7,5 cm sur les 25 dernières années, cette tendance s’accélère encore un peu chaque année, au point que les scientifiques estiment, au terme d’une récente étude publiée par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration – NOAA), que le niveau des océans devrait gagner 30 cm d’ici 2050.
Le dernier rapport du GIEC, de son côté, prévoit une élévation du niveau des océans de 63 à 101 cm d'ici à 2100 dans notre trajectoire actuelle.
📍 Bien sûr, cette élévation globale moyenne est fonction des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre. Une réduction drastique de ces dernières limiterait le phénomène à une montée d’environ 40 cm d’ici à 2100, si l’on en croit les propos de Benoit Meyssignac, chercheur au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos) de Toulouse, alors que si les efforts restent aussi timides que ce qui a l’air de se profiler, nous pourrions atteindre + 85 cm, à plus ou moins 25 cm près…
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Quelles en seront les conséquences ?
Ce phénomène s’accompagnera de nombreuses conséquences humaines et économiques. Inondations, érosion du littoral, contamination saline des nappes phréatiques et des terres agricoles… Une chose est sûre, nous ne sommes ni au bout de nos surprises, ni au bout de nos peines.
Les littoraux du monde entier seront impactés d’une manière ou d’une autre, avec des risques de submersions (temporaires ou permanentes) pour les zones les plus à risque, notamment en ce qui concerne les zones se trouvant déjà sous le niveau de la mer.
Des risques de submersion qui menaceront potentiellement, d’après le ministère de l’écologie, 1,4 million de résidents français situés notamment en Gironde, en Loire-Atlantique, en Seine-Maritime, au Nord, et dans le Pas-de-Calais, à l’horizon 2100. Plus globalement, près de 100 millions de personnes vivent dans des zones situées à un mètre du niveau de la mer dans le monde, comme par exemple dans le delta du Nil ou au Bangladesh. Ainsi, certaines petites îles ont déjà été immergées, comme c’est le cas de huit des Îles Salomon entre 2016 et 2022 🏖️.
Nombre de falaises et de plages seront progressivement grignotées, avec de fortes disparités entre les localités. Ainsi, là où certaines lignes du littoral ne perdent « que » quelques centimètres chaque année, d’autres pourront perdre plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres, et parfois très brutalement. Pour si peu que quelques tempêtes s’en mêlent, ou qu’une falaise soit suffisamment fragilisée pour s’effondrer brusquement, la côte fait brusquement un important bond en arrière. Par exemple, les fortes tempêtes qui ont frappé le littoral aquitain au cours de l’hiver 2013-2014 ont fait reculer le trait de côte de 25 mètres à certains endroits.
🧐 Une carte interactive élaborée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) permet ainsi de visualiser les zones exposées à l’élévation du niveau de la mer, en fonction du degré d’augmentation de ce dernier.
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Un problème qui n’arrive pas seul…
Le problème étant que les estimations sont encore approximatives et qu’il demeure difficile de mesurer précisément l’impact réel de ces bouleversements à venir. Il faut notamment considérer le phénomène dans sa globalité : la montée de la mer sera concomitante avec la multiplication d’évènements météorologiques de plus en plus extrêmes. Ainsi, si l’on couple l’élévation du niveau des océans avec des vagues plus violentes, les risques de submersion en sont d’autant plus importants.
🌪️ Notamment, du fait de l’élévation du niveau de la mer, les ouragans et typhons deviennent progressivement plus dangereux : ils se déplacent plus lentement, font plus de dégâts, et provoquent des précipitations plus importantes. Les tempêtes n’en sont que plus virulentes et dévastatrices.
Quid des mesures adaptatives ?
Une élévation désormais inévitable, même dans le meilleur scénario de réduction des émissions carbone, mais dont l’évolution à long terme dépend entièrement de notre capacité à limiter le réchauffement climatique. Quoi qu’il en soit, les mesures préventives et adaptatives sont incontournables.
Construction de digues, dispositifs d’enrochement, plantation de mangroves et de végétation, modification du tracé des routes, systèmes de drainage… De nombreux dispositifs devront être développés dans les prochaines années pour des centaines de villes côtières.
À retenir
Parmi les nombreux symptômes du réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer inquiète de plus en plus les scientifiques et experts du monde entier. Longtemps sous-estimée, les dernières estimations dépassent les projections précédentes, et font état d’une montée inéluctable, qui sera néanmoins fonction des efforts consentis en matière de réduction des émissions carbone. Fruit d’une part de la dilatation thermique des océans du fait de l’augmentation de leur température, et d’autre part de la fonte des glaciers et calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, les conséquences seront lourdes et impacteront des millions de personnes dans le monde. Un phénomène qui devrait, de toute urgence, faire l’objet de mesures préventives et adaptatives, afin d’anticiper sur ces risques.
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Sources : noaa.gov, nationalgeographic.fr, marine.copernicus.eu, reporterre.net, geo.fr, conservation-nature.fr, tf1info.fr, geoconfluences.ens-lyon.fr, cnrs.fr
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