C’est quoi, le 7ème continent de plastique ?
Nous devons cette découverte à l’océanographe américain Charles Moore, en 1997 : Au retour d’une course maritime en voilier, il emprunte en effet une voie inhabituelle et alerte le monde entier sur l’existence d’un véritable vortex de plastique dérivant entre Hawaï et la Californie 😱. Ce continent poubelle, gigantesque décharge en pleine mer, ne cesse, depuis, de grossir. Elle s’étendrait ainsi sur plus de 1,6 million de km2, soit trois fois la surface de la France.
🌏 Un amas de déchets qui a depuis été étudié de près, et qui a dévoilé aux scientifiques la fascinante complexité de son mécanisme de formation et de son cycle de « vie ». Il abriterait même aujourd’hui son propre écosystème, composé de minuscules crabes, anémones et de dizaines d'autres d'espèces.
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De quoi est composé le 7ème continent de plastique ?
Plus de 300 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde chaque année. En fait, 80 % des déchets plastiques qui arrivent dans les océans y parviennent via les rivières. Une grande partie d’entre eux va ensuite s’échouer sur les plages, une autre rejoint les fonds marins, ou reste plus ou moins en surface, selon le cas.
Mais il faut savoir que près de la moitié des déchets alimentant ce vortex de plastique serait en fait du matériel de pêche abandonné. Une étude publiée le 1er septembre 2022 dans la revue Scientific Reports affirme même que 86 % des déchets piégés dans les vortex de plastique proviennent d’activités liées à la pêche industrielle 🎣 : filets de pêche, cordes, fragments de bouées marines…
On connaissait déjà les ravages engendrés par la surpêche sur les stocks de poissons et la biodiversité marine, avec une augmentation constante du nombre des navires et du matériel de pêche, mais beaucoup moins la pollution générée par ce secteur, issue principalement de 5 pays : Japon, Chine, Corée du Sud, États-Unis, et Taïwan.
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Combien existe-t-il de vortex de plastique ?
En fait, il n’existe pas un seul et unique continent de plastique : on en dénombre 5 jonchant les océans du monde entier, situés dans le Pacifique Nord, dans le Pacifique Sud, dans l’Atlantique Nord, dans l’Atlantique Sud et dans l’océan Indien 🗺️.
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Comment se sont formés les vortex de plastique ?
Les déchets plastiques, lorsqu’ils finissent leur course dans la mer, ne coulent bien souvent pas : ils sont entraînés par les gyres océaniques, des espèces de cyclones sous-marins, fruits d’une convergence de courants, sous l’influence également de la rotation de la Terre 🌍, et s’accumulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Nord et dans le sens inverse dans l’hémisphère Sud, selon le principe de la force de Coriolis, avant de stagner ensuite.
Ces gyres océaniques, en effet, tournent continuellement sur eux-mêmes, piégeant ainsi les déchets plastiques et les ramenant à leur centre.
Biodiversité marine en danger, chaîne alimentaire contaminée
Ce vortex de plastique se dégrade peu à peu, libérant dans l’eau de mer des microplastiques : ces minuscules particules de plastique, mesurant entre 0,05 et 0,5 centimètre, qui dérive ensuite et pollue chaque recoin de notre terre… La menace sur la faune et sur la flore est énorme : ces microplastiques sont confondus par les organismes marins avec du plancton, et sont consommés par ces derniers, s’insinuant dans la chaîne alimentaire de tous ceux qui suivront, et accessoirement, dans la nôtre 🍽️.
En effet, en se mélangeant aux micro-organismes, ils s’accumulent peu à peu à tous les échelons de la chaîne alimentaire. Et pour cause : d’après les analyses menées dans cette poubelle géante, la masse de plastique y est six fois plus élevée que celle du plancton ! Rien d’étonnant, quand on sait qu’on peut y trouver jusqu’à 969 777 fragments de plastique par km2…
Mais la consommation de plastique cause également le décès de nombreux animaux marins, qui s’étouffent en les ingérant, ou en s’entravant dans les plus volumineux. Tortues, mammifères marins, oiseaux 🐬… C’est une véritable hécatombe pour la faune marine. Ainsi, 276 morceaux de plastique auraient été retrouvés dans le corps d’un oisillon de 90 centimètres, un bien triste record rapporté par l’océanologue Jennifer Cavers.
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À quoi ressemble le 7ème continent, en vrai ?
On pourrait penser qu’il s’agit d’une espèce d’énorme île flottante composée de déchets compactés, mais en fait, son apparence est bien plus diffuse et perverse. Ça ressemble davantage à une immense soupe de plastique, une pollution sournoise mais redoutable.
Comment protéger les océans de ces gigantesques soupes de plastique ?
Si nous poursuivons sur notre lancée, les océans compteront autant de plastique que de poissons dans d’ici à 2050 😱.
Bien sûr, le nettoyage des vortex existants, même s’il est envisagé et si certaines solutions technologiques sont étudiées et développées, notamment par the Ocean Cleanup, c’est bien à la source qu’il convient d’agir afin de prévenir leur apparition et leur expansion. Pour cela, les axes sont bien connus et identifiés et passent par la réduction drastique de la production et du recours au plastique, et par le développement du recyclage ♻️. Le plastique est omniprésent dans nos quotidiens : essayez seulement de passer ne serait-ce qu’une seule journée sans en utiliser, vous réaliserez rapidement que c’est loin d’être si simple qu’il n’y paraît ! Le salut des océans ne saurait passer que par un changement profond des modes de vie et de consommation, et notamment la fin des plastiques à usage unique.
Il faudrait également se concentrer sur le nettoyage des canaux et rivières qui débouchent dans les océans. Mais en priorité, il semblerait que les pratiques en matière de pêche industrielle soient à revoir en profondeur, compte tenu de la part écrasante de responsabilité du secteur dans la création et la formation de ces vortex de déchets…
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À retenir Le 7ème continent de plastique, découvert par hasard en 1997 par un navigateur, n’a depuis cessé de grossir et de prendre de l’ampleur. Épouvantable symptôme, parmi d’autres, d’un mode de vie et de consommation intenable pour la planète, il répugne autant qu’il fascine. Composés de milliards de tonnes de déchets plastiques agglutinés par l’effet des gyres océaniques, ces puissants courants marins, il pose, ou plutôt ils posent, car on en dénombre en réalité 5, un problème actuellement insoluble, nuisant considérablement à la faune marine et produisant une quantité délirante de microplastiques, ces minuscules particules de plastiques qui s’insinuent de manière effrayante dans toute la chaîne alimentaire. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : linfodurable.fr, nationalgeographic.fr,
geo.fr, lemonde.fr, reporterre.net, nature.com