Les bactéries mangeuses de plastique, la nature contre-attaque

Mis à jour le par Equipe Rédaction

En 2050, il devrait y avoir plus de déchets plastiques que de poissons dans l’eau des océans : entre 9 et 14 millions de tonnes de plastique continuent en effet d’y être déversées chaque année. Si nous poursuivons sur notre lancée, plus de 600 millions de tonnes de plastique pourraient être produites en 2025, et 750 millions de tonnes pourraient se retrouver dans nos océans d’ici 2050 😱. Devant la préoccupante incapacité de l’Homme à endiguer cette pollution, la Nature est-elle en passe de s’en charger elle-même en créant des bactéries et enzymes dévoreuses de plastique ? Une adaptation qui intéresse vivement les scientifiques, qui y voient une piste pour venir à bout, peut-être un jour, des milliards de tonnes de déchets plastiques qui jonchent la planète.

Les bactéries mangeuses de plastique, la nature contre-attaque

La recherche scientifique en ébullition

🔬  Alors qu’en 2016, déjà, des chercheurs japonais de l’université de Kyoto découvraient une bactérie (Ideonella sakaiensis) se nourrissant de déchets plastiques, et notamment de polyéthylène téréphtalate (PET), plus récemment, des scientifiques suédois ont à leur tour mis à jour l’existence d’enzymes destructrices de plastique.

🤓 Cette bactérie Ideonella sakaiensis par qui tout a commencé est parvenue, pour se nourrir, à trouver un moyen de séparer les deux molécules pourtant réputées inséparables du PET en créant deux enzymes, capables de dissoudre ce qui relie les atomes de carbone et les atomes d’oxygène du polyester. 

En gros, la bactérie ne mange pas directement le plastique, mais elle provoque sa dissolution en brisant ses liaisons moléculaires et dissocie ses composants initiaux. C’est là qu’on observe toute la merveille de la nature qui réalise l’exploit de rendre biodégradable ce qui ne l’est pas.

👉 Le 7ème continent de plastique, qu'est-ce que c'est ? Quel danger ?

En fait, c’est en étudiant cette bactérie mangeuse de plastique que des scientifiques américo-britanniques ont créé, par hasard, en 2018, une super-enzyme, la PETase 2 🦸, en mesure de décomposer les déchets de manière plus rapide et efficace, suivis en 2020 par des chercheurs allemands, du centre de recherche environnemental de Helmoltz à Leipzig, qui ont découvert, au sein d'une déchetterie, une bactérie qui se nourrit des briques chimiques de plastique à base de polyuréthane 😋. Enfin, en 2021, une autre équipe suédoise a planché de son côté également sur le potentiel de dégradation du plastique par les bactéries.

C’est ainsi que 200 millions de gènes prélevés aux quatre coins de la planète ont été prélevés et passés au crible, afin d’évaluer le potentiel de ces micro-organismes qui auraient développé, en réponse à un environnement ultra-pollué, des enzymes capables de dégrader certains plastiques en petites molécules. 

Conclusion : il s’avère que des dizaines de milliers d’enzymes (30 000) sont destructrices de plastique 🥳 !

👉 Zoom sur la fabrication du plastique, l’un des plus gros fléaux

L’incroyable contre-attaque de la Nature

Des micro-organismes qui peuvent décomposer le plastique à seulement 15°C (là où Ideonella sakaiensis, découverte en 2016, nécessitait une température de 30°C), les chercheurs étant parvenus à isoler 19 souches de bactéries et 15 de champignons poussant sur des déchets plastiques dans différents endroits du globe 🌍. 

En effet, devant la pollution plastique qui envahit chaque recoin de la planète, la Nature contre-attaque et certaines espèces fongiques, notamment, sont particulièrement efficaces, parvenant à digérer presque toutes les formes de plastique. Ce matériau qui n’est apparu, finalement qu’il y a moins d’un siècle, pousse petit à petit les micro-organismes à s’adapter à sa présence, et à développer peu à peu des outils biochimiques pour s’en nourrir.

👉 Le continent de plastique colonisé par tout un écosystème

Cette fascinante adaptation à notre pollution sauvera-t-elle la planète ?

Ainsi, les micro-organismes s’adaptent, jusqu’à inventer des substances capables de dégrader nos déchets les plus tenaces. Une merveilleuse illustration de la profonde résilience de la Nature. Une bonne nouvelle pour l’environnement, certes, mais qui reste à évaluer. Future solution de recyclage ? Outil de lutte contre la pollution plastique dans les Océans, notamment contre certains microplastiques ?

Rhodococcus ruber, par exemple, cette bactérie déjà connue pour être capable de dégrader certains polluants chimiques, pourrait permettre de dévorer une faible partie des microplastiques, et de le transformer en CO2. Tous les espoirs sont-ils permis ?

👉  Présence massive de nanoparticules dans l'eau en bouteille

Le biorecyclage du plastique en plein développement

De fil en aiguille, la première usine au monde de biorecyclage de PET (une initiative de la start-up auvergnate Carbios), ou polyéthylène téréphtalate, devrait ouvrir ses portes en France en 2025 🤗, fonctionnant grâce à une de ces enzymes, une protéine capable de couper la liaison entre les monomères à la façon d'un ciseau moléculaire (rappelons que les matières plastiques sont des polymères, des enchaînements de molécules unitaires : les monomères), le tout pour fabriquer du PET neuf.

En comparaison, les procédés actuels de recyclage de plastique ne font que réutiliser le même plastique aux termes d’un long procédé, ce qui n’est possible qu’un nombre de fois limité. Tandis qu’avec cette enzyme, on parviendra à faire du plastique neuf avec du vieux 💪.

Plus récemment, des chercheurs de l’université d'Édimbourg viennent de modifier une bactérie E. Coli pour la rendre capable de transformer des déchets plastiques en acide adipique, une matière première utilisée pour fabriquer de nombreux produits de la vie courante (le nylon, les parfums, les médicaments…).

👉 Pollution marine, la comprendre pour bien agir

La fin de la pollution en masse, seule véritable issue à la pollution plastique

Quoi qu’il en soit, la seule issue à la crise actuelle de la pollution plastique réside en grande partie dans la diminution de la production plastique, et notamment l’interdiction du plastique à usage unique... 

En effet, ces bactéries en enzymes mutantes auront bien du mal à venir à bout de la pollution plastique que nous avons accumulée dans les Océans, compte tenu de l’ampleur de cette dernière : il va en falloir du temps, à ces enzymes, pour grignoter toutes ces immondices 🤢 !

👉 Zéro pollution plastique en 2040 ? Les pays du G7 s'y engagent

À retenir :

Depuis un peu moins de 8 ans, de nombreuses équipes de scientifiques sont en ébullition depuis la découverte d’une bactérie mangeuse de déchets plastique. De fil en aiguille, les chercheurs ont découvert des enzymes très étonnantes capables de dégrader le plastique à une vitesse inégalée jusqu’à maintenant. Une incroyable contre-attaque de la Nature, victime d’une pollution plastique massive, qui illustre ses prodigieuses capacités de résilience. Des capacités qui pourraient être mises à profit pour développer des procédés de biorecyclage du plastique, et aider à trouver une issue pour les millions de tonnes de déchets plastiques générés chaque année.

Explorer - protéger - se ressourcer
#BornToBeWild


Sources : nationalgeographic.fr, futura-sciences.com, caminteresse.fr

Retrouvez les articles sur le thème :

Article proposé par Equipe Rédaction

Amoureux de la nature - Born To Be Wild

Nos derniers articles

Le greenhushing, vous connaissez ? Quels dangers ?

Bye bye le greenwashing, place au greenhushing. Face à une pression verte grandissante et soucieuses de conserver leur réputation, les entreprises se montrent de plus en plus discrètes sur leurs actions en faveur de l’environnement. Il faut dire que nombre d’entre elles ont usé d’allégations trompeuses sur leurs prétendus engagements durables. Alors pourquoi ce silence soudain ? D’où vient le greenhushing et quels sont ses effets sur l’engagement durable et les initiatives des entreprises ? Comment les entreprises engagées peuvent-elles communiquer à nouveau, sans crainte d’être pointées du doigt ? On met des mots sur un silence un peu trop pesant.

Le service civique écologique : une expérience vertueuse.

Selon une étude IFOP de 2022, 90% des jeunes se disent concernés par le changement climatique dont 51 % le considèrent comme leur première source d’inquiétude. En parallèle, Face à ce constat, à l’urgence climatique et dans un contexte national de planification écologique, l’Etat a annoncé en Janvier 2024, la création d’un Service Civique Écologique. C’est une forme particulière de service civique qui permet aux jeunes de s’engager au service de la société tout en contribuant à la préservation de l’environnement. Il offre aux jeunes l’opportunité de participer activement à la transition écologique, tout en développant des compétences professionnelles et personnelles. Ce programme s'inscrit dans une démarche de sensibilisation et d'action concrète pour protéger la biodiversité, lutter contre le changement climatique et promouvoir des modes de vie durables.

Doryphores : comment protéger naturellement vos pommes de terre ?

Les doryphores, ça vous parle ? Originaires du Mexique et des États-Unis, ces petits insectes ravageurs sont redoutés des jardiniers et des agriculteurs. Particulièrement friands des cultures de pommes de terre, d'aubergines ou de tomates, les petits coléoptères se reproduisent rapidement et dévorent les feuilles des plantes. Ainsi, ils affaiblissent les plants et réduisent considérablement les rendements possibles. Alors comment leur dire au revoir efficacement sans menacer l’environnement ? Ramassage, répulsifs naturels, nématodes, prévention… Pas de panique, de nombreuses méthodes existent pour débarrasser naturellement vos potagers des œufs, des larves ou des gloutons doryphores. Voici 8 astuces à tester, sans conséquences ni pour vos sols, ni pour vos légumes, ni pour votre santé.

SFDR pour une finance verte, qu'est-ce que c'est ?

Accompagner et encadrer le secteur de la finance dans sa transition écologique, en voilà un objectif ambitieux ! C’est ce que s’efforce d’encourager l’Europe qui ambitionne de pousser les entreprises à une plus grande transparence de manière à inciter les investissements « durables », plus responsables et plus vertueux. Parmi l’arsenal mis en place pour parvenir à une finance verte, on trouve la SFDR – la Sustainable Finance Disclosure Regulation. C’est quoi, la SFDR ? Comment ça fonctionne ? Est-ce efficace ? Décryptage 👇

La transition énergétique, un enjeu de taille

🌍 Nos modes de consommation et de développement ne sont définitivement pas durables, et malgré une importante inertie, la transition énergétique mondiale est en marche. C’est quoi, au juste, la transition énergétique ? Quels sont ses enjeux ? Saura-t-elle prendre de vitesse le basculement climatique en cours ?

Les océans plus chauds que jamais, un signal clair ...

🌍 Climat et océans sont intimement liés : si l’océan joue un rôle dans le climat, il subit également les effets du réchauffement climatique. En effet, la surface des océans, elle aussi, enregistre des records de température. Le service européen Copernicus a en effet annoncé que la surface des mers avait atteint une température d'environ 19,7 degrés en moyenne en 2024, avec un pic à 21,2 °C, des valeurs encore jamais enregistrées. En quoi c’est un problème ? Pourquoi le réchauffement des océans est-il une menace à ne surtout pas négliger ? On vous dit tout.

Remplacer les engrais chimiques par des champignons, la bonne idée

Et s’il existait une solution capable d’augmenter les rendements des cultures tout en réduisant le recours aux engrais chimiques et en luttant contre la sécheresse ? Qui permettrait d’ouvrir la voie de l’agriculture vers une transition environnementale et durable, tout en étant réaliste économiquement ? On en rêvait, la start-up Mycophyto serait-elle en train de le faire 😃 ? Une chose est sure, cette solution à mi-chemin entre biotechnologie, big data et intelligence artificielle n’a pas fini de faire parler d’elle !

Le télétravail est-il vraiment meilleur pour l’environnement ?

Gain de temps, meilleure productivité, moins de stress, meilleur équilibre de vie… Si le télétravail est très apprécié des salariés, est-ce également le cas pour l’environnement ? Il s’est démocratisé pendant le confinement et il est généralement présenté comme une bonne pratique susceptible d’alléger considérablement notre empreinte carbone. Mais est-il si vertueux qu’il n’y paraît ? La banalisation du télétravail, bonne ou mauvaise nouvelle pour la planète ?

Quels sont les fruits & légumes les plus polluants ?

L’abus de consommation de viande est néfaste tant pour la santé que pour l’environnement : c’est pourquoi au lieu de surconsommer des protéines, réduire sa consommation de barbaque et végétaliser davantage son alimentation est un geste résolument écoresponsable. Mais attention, tous les fruits et légumes ne se valent pas et l’environnement est bien souvent sacrifié sur l’autel du profit et de l’agriculture intensive. C’est donc au consommacteur de faire les bons choix au moment de passer à la caisse et d’éviter les fruits et légumes les plus polluants pour la planète ! Suivez le guide 👇

Faire du camping : écologique ou pas ?

Dormir à la belle étoile, en tente, en van, en camping-car ou réserver son mobile home au camping des Flots bleus… Derrière le terme “camping” se cachent plusieurs réalités. On peut définir le camping comme l’activité de séjourner pendant plusieurs jours en plein air et dans la nature, dans un habitat nomade. En apparence, faire du camping est donc plutôt connecté à la nature et donc une forme de tourisme responsable. Est-il vraiment plus écologique et respectueux de l’environnement ? Et si oui, sous quelles conditions ? Tentons de répondre à la question. Pour mesurer l’impact écologique du camping, il faut prendre en compte plusieurs éléments tels que la gestion des déchets, l’empreinte carbone des déplacements ou encore l’influence de notre présence sur l’écosystème local. Tous ces facteurs permettent de comparer le camping à d’autres modes de tourisme dits “responsables” ou encore d’estimer le caractère éco-friendly d’un camping par rapport à un autre. Alors, à tous les campeurs qui souhaitent concilier vacances, nature et conscience écologique et qui se demandent suivez le guide et découvrez quelques conseils pour faire de votre aventure camping un mode de vacances plus responsable.

La playlist nature qui fait du bien

Nature - Peinture

Amareo

  1. Côte maritimeZen Ambiance D'eau Calme
    3:28
  2. Se délasserZen Ambiance D'eau Calme
    3:29
  3. Orage: Pluie Sur Le ToitSons De Pluie HD
    3:10
  4. Orage: Pluie ForteSons De Pluie HD
    2:55
  5. Ronronnement relaxantOasis de sommeil
    3:27
  6. La tempête tropicale à l'horizonSomnolent Jean
    1:42
  7. Pluie dans la Forêt, Pt. 01Sons de la Nature Projet France de TraxLab
    1:23
  8. Chant de cigales, Vol. 1Bruitages
    3:02
  9. Sons des rivières: Vent, ruisseauBruits naturels
    4:17
  10. Relax NaturelleChant d'Oiseaux
    2:39
  11. Bruits de feu crépitantZone de la Musique Relaxante
    3:29

Qui sommes nous?

Chaque jour, nous avons à cœur de vous montrer les merveilles de Mère Nature et de vous offrir un bol d'air frais. Nous vous donnerons également quelques conseils pour prendre soin de notre belle planète, sans injonction ni culpabilisation. 👉Pour en savoir plus sur nous.

La citation qui nous parle