Le plastique, un fléau environnemental hors de contrôle
Ce n’est pas compliqué : d’ici 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons 🐠, affectant toute la faune marine et contaminant notre propre chaîne alimentaire. Le gigantesque « vortex de déchets » de l’océan Pacifique, d’une surface d’environ 3 fois la France, en témoigne. Il contiendrait 1 800 milliards de morceaux de plastique flottant, pour une masse globale de près de 80 000 tonnes 😱.
Rien qu’en Méditerranée, 730 tonnes de déchets sont déversées chaque jour, les plastiques représentant au moins 85% du total des déchets marins, selon l'ONU Environnement.
Des débris plastiques ingérés par des oiseaux, poissons et mammifères marins : ce matériau à base de pétrole ou de gaz, sème la désolation sur son passage, d’autant qu’il contient des substances chimiques et des additifs pathogènes… Comment lutter contre ce monstre de plastique qui envahit tout ? 👉 Pollution marine, la comprendre pour bien agir.
Le G7 s’engage à une sortie du plastique d’ici 2040
C’est devant ces chiffres étourdissants que les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) ont débattus afin de trouver des solutions pour sortir du plastique à usage unique. S’en sont suivies les bases d’un futur accord international de lutte contre la pollution plastique, se fixant pour objectif de réduire à zéro toute pollution plastique supplémentaire d’ici à 2040, d’après le communiqué publié le 16 avril 2023 💪.
Dans cette optique, d’autres sessions de négociations intergouvernementales ont été organisées, dont l’une d’entre elles est en cours à Ottawa au Canada jusqu’au 29 avril 2024, afin de préciser les contours de ce futur traité international contre la pollution plastique. La dernière aura lieu au second semestre 2024 en République de Corée, avant une conférence diplomatique d’adoption du traité en 2025.
À l’origine de ce projet une résolution prise le 2 mars 2022 par 175 pays, s’engageant à élaborer d’ici 2024 un accord mondial juridiquement contraignant pour endiguer cette pollution. Bonne nouvelle : les Etats-Unis et le Japon accepteraient, à leur tour, de viser une sortie de la pollution plastique à l’horizon 2040. Une belle déclaration d’intention, certes, mais entachée par la réticence des USA et de la Chine qui bloque l’adoption de tout objectif concret en matière de réduction de la production…
Le futur texte, contraignant, reposerait, s'il émerge, sur des principes de précaution, de pollueur-payeur et de hiérarchie des déchets, et serait assorti de mesures et de contrôles sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques. Il viserait également l’élaboration d’une réglementation pour améliorer la durabilité des plastiques. Une interdiction mondiale des articles en plastique à usage unique pourrait ainsi émerger, de même qu’une taxe sur la production de plastique neuf 🌍.
Si les négociations échouent, la production annuelle de plastique dans les pays du G20 pourrait atteindre 451 millions de tonnes d’ici 2050 selon les taux de croissance actuels. Il est donc primordial qu’elles aboutissent à un texte ambitieux qui contienne des mesures radicales, pour initier un changement global systémique.
👉 Comment protéger les océans ? A nous de jouer !
La fin du plastique à usage unique en France d’ici 2040
On s’orientait déjà en France, avec la loi AGEC, vers une interdiction pure et simple de l’emballage plastique à usage unique d’ici 2040. Si les associations de protection de l’environnement avaient jugé l’échéance trop tardive, et avançaient que devant l’urgence de la crise, des mesures immédiates devaient être prises, les industriels, eux, l’estimaient irréalisable. Une industrie mondiale qui pèse aujourd’hui 522,6 milliards de dollars américains, soit 502 milliards d’euros.
Parmi les pays du G20 n’ayant pas encore introduit d’interdictions nationales sur les produits en plastique à usage unique, on trouve encore le Brésil, les États-Unis, l’Indonésie et la Turquie.
👉 Quels sont les secteurs et industries les plus polluants ?
Dans l’intervalle, des montagnes de plastique…
Une bonne nouvelle, certes, mais quand on sait que d’après les estimations des experts, la quantité de plastique déversée chaque année dans les océans devrait tripler d’ici 2040, et atteindre 29 millions de tonnes métriques, soit à peu près à 50 kilos de plastique par mètre de côte, on se dit que le plus tôt sera le mieux... En cause, la croissance démographique mondiale et l’importante progression de l’utilisation de plastique par habitant, en particulier dans les pays en développement comme l’Inde. Matériau bon marché, le plastique a encore de beaux jours devant lui 😔.
👉 Zoom sur la fabrication du plastique, l’un des plus gros fléaux
Vers des changements systémiques pour favoriser le recyclage
♻️ Pour recycler, encore faut-il collecter, et quand on sait que 2 milliards de personnes n’ont pas encore accès aux systèmes de collecte des déchets, on comprend l’ampleur du défi qui se présente aujourd’hui. Par ailleurs, alors que le prix du plastique neuf, de meilleure qualité, est bon marché, le recyclage du plastique déjà utilisé est complexe, de sorte que le taux de recyclage a tendance à chuter.
Pour faire simple, seuls 9 % de tous les déchets plastiques générés jusqu’à présent ont été recyclés à l’échelle mondiale. Un travail de titan pour les pays membres du G7 afin de contenir ce fléau.
👉 Les bactéries mangeuses de plastique, la nature contre-attaque
Un objectif hors de portée ?
En fait, d’après une récente étude publiée dans la revue Science, même si, dans le meilleur scénario possible, tout était mis en œuvre pour réduire la production plastique, elle ne pourrait, dans le meilleur des cas, n’être réduite que de 78% par rapport au niveau de 2016. D’après les experts, différer la prise de mesures décisives de 5 ans créerait 300 millions de tonnes supplémentaires de plastiques « mal gérés ».
Par ailleurs, quand on sait que la seule production de la Chine représente le tiers du bilan mondial, avec une augmentation de + 82 % entre 2010 et 2020, on se dit que le G7, c’est bien, mais qu’un accord mondial est incontournable pour endiguer ce raz-de-marée de déchets plastique 🌍. Une production de plastique qui ne manque pas, au passage, d’accélérer la crise climatique…
👉 Est-il encore possible de stopper le réchauffement climatique ?
À retenir :
Le 16 avril 2023, les pays membres du G7 prenaient l’engagement fort de débattre d’un accord historique visant le zéro pollution plastique d’ici 2040. Les bases d’un futur accord international étaient donc posées, et la discussion engagée s’est poursuivie à l’occasion de nouvelles sessions de négociations intergouvernementales, dont l’une d’entre elles est en cours à Ottawa au Canada jusqu’au 29 avril 2024. Le chantier est colossal, et implique d’importants changements systémiques. De plus, l’échéance étant fixée en 2040, nous n’échapperons pas, dans l’intervalle, à une augmentation de cet amoncellement immonde des déchets plastiques, qui devrait avoir triplé d’ici là. Dès maintenant, en tant que consommateurs, ne perdons pas de vue que nos décisions d’achat sont décisives !
Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
|
Sources : greenpeace.fr, geo.fr, lemonde.fr, nationalgeographic.fr, consoglobe.com, linfodurable.fr, reporterre.net, ecologie.gouv.fr