L'eutrophisation : tout savoir sur cette pollution de l'eau

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Dans la catégorie « pollution des écosystèmes », on vous présente l’eutrophisation ! Un terme barbare qui désigne un syndrome de mauvaise qualité des eaux douces ou marines caractérisé par la prolifération de végétaux aquatiques, en raison d’apports excessifs en phosphore et en azote… Ce terme est en effet tiré du grec « eutrophos », qui signifie « bien nourri », ou « nourrissant » : ces algues reçoivent trop d’apports et se développent de manière anormale et excessive, ce qui n’est pas sans poser problème pour la biodiversité environnante… Quelles sont les causes de l’eutrophisation ? En quoi est-ce néfaste ? Le point sur cette réaction en chaîne dévastatrice 👇

L'eutrophisation : tout savoir sur cette pollution de l'eau

C’est quoi, l’eutrophisation ?

Nos sociétés humaines se sont bien souvent établies en bordure d’eau, de lacs ou le long du littoral : l’eau est en effet essentielle à leur développement. La contrepartie, c’est que bien souvent, elle est le réceptacle, volontairement ou non, de nombreuses substances et déchets liés aux activités humaines, dépassant les capacités d’épuration naturelle 🌍. Chacun a pu observer un jour sans vraiment le savoir ce phénomène qui se manifeste par une apparition de marée verte au printemps, que ce soit dans un lac, une rivière ou même sur le littoral marin, comme c’est parfois le cas en Bretagne. Ce syndrome saisonnier ne passe en effet pas inaperçu et témoigne d’une altération des eaux et d’une modification des équilibres biologiques de l’écosystème considéré.

Une réaction en chaîne dévastatrice

Un déséquilibre écologique se crée en effet en raison d’apports trop importants en phosphore, et notamment en phosphate (PO43-), et en azote ou en nitrate (NO3-) 🤓. Ces apports sont excessifs, et causent une véritable explosion du développement des végétaux, qui s’accumulent localement et sont source de nombreux désagréments. Le mécanisme n’est pas bien difficile à comprendre :

  • pour se développer, les végétaux aquatiques ont notamment besoin de lumière, d’une température adéquate et d’un apport en azote et en phosphore. C’est pourquoi, par exemple, leur développement est limité entre l’automne et le printemps : ils ne reçoivent alors pas suffisamment de lumière et les températures sont trop basses. À l’inverse, la teneur de l’eau en azote et en phosphore est en principe très limitée à la belle saison, ce qui est censé canaliser leur expansion.
  • Seulement voilà, les activités humaines sont venues mettre leur grain de sel là-dedans 😒: de nombreux rejets d’origine agricole, domestique ou industrielle viennent libérer d’importantes quantités d’azote et de phosphore dans ces milieux naturels, faisant parfois exploser leur concentration que ce soit en eau douce ou dans les mers et océans, généralement par l’intermédiaire des cours d’eau qui s’y déversent. 👉 Comment protéger les océans ? À nous de jouer !
  • Les eaux deviennent hyperfertilisées par le déversement de ces détergents et engrais 💪.
  • La végétation prospère alors, et ne rencontre plus aucune limite dans son développement, boostée par ailleurs par un ensoleillement et des températures idéales, parfois jusqu’à saturation. Une bonne nouvelle pour les algues, une mauvaise pour la biodiversité 👎!
❓ Quelles sont ces algues folles qui posent problème ? 
Ce sont bien souvent les macro-algues vertes telles que les Ulves et les Entéromorphes, mais également des microalgues comme le phytoplancton.

L’anoxie du milieu, fatale pour la biodiversité

Parmi les conséquences de ce déséquilibre, on trouvera en tête de gondole un appauvrissement très conséquent de la biodiversité. Car cette végétation hors de contrôle permet le développement de nombreuses bactéries dites aérobies (c’est-à-dire gourmandes en oxygène), en raison de l’abondance des matières organiques liée à sa décomposition. Les couches profondes de l’eau s’appauvrissant en oxygène, plus encore en présence d’eau captive ou stagnante, comme les mares, étangs, lacs ou marais.

L’oxygène ayant disparu, ce sont les bactéries anaérobies, qui elles n’ont pas besoin d’oxygène, qui prennent le relais. Ne parvenant pas à consommer toute cette matière organique, qui s’accumule, un mécanisme de fermentation se déclenche, provoquant des dégagements gazeux de méthane ou de sulfure d’hydrogène.

L’eutrophisation cause ainsi la disparition de nombreuses autres espèces végétales, privées de lumière interceptée en surface, et animales, victimes d’un manque de dioxygène et des fonds saturés en dépôts végétaux. C’est ce qu’on appelle l’anoxie du milieu, c’est-à-dire la privation d’oxygène, fatale pour la plupart des espèces 😟.

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Les activités humaines montrées du doigt

Bien que ce déséquilibre puisse parfois avoir une origine naturelle, il est le plus souvent causé par les activités humaines. Si les phosphates sont désormais interdits dans les lessives depuis le 1er juillet 2007 en France, et sont restreints dans toute l’UE depuis le 10 février 2012, cela ne suffit pas à enrayer le phénomène, du fait de l’utilisation massive des détergents et engrais. 👉 Comment faire sa lessive maison soi-même ?

🚜 L’agriculture, notamment, porte une forte responsabilité en ce qui concerne l’azote : même en l’absence de rejet volontaire dans les milieux naturels, les engrais, fumiers ou lisiers sont dispersés en trop grande quantité sur les cultures et ne sont pas intégralement absorbés. L’excédent, entraîné par les précipitations et les eaux de ruissellement, rejoint les cours d’eau, puis les mers. Mais cela passe également par les rejets d’eaux usées et boues d’épuration, le phénomène étant accentué par la déforestation et les incendies de forêt qui favorisent le ruissellement et l’érosion. Le réchauffement climatique passe également par-là, et vient l’amplifier encore un peu.

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Des stocks qui s’accumulent dans les milieux naturels

Mais même en cas d’action locale visant à limiter plusieurs années de suite les rejets en phosphore dans les cours d’eau, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. La raison est simple : une partie du phosphore est captée par les sédiments marins et le lit des rivières, et est susceptible de maintenir une forte concentration pendant bien longtemps 😯. Même en cas de mesures fortes pour limiter leur rejet, les stocks importants de phosphore et d’azote s’étant accumulé dans les milieux – sols, eaux souterraines et sédiments - entretiendront encore bien longtemps ce fléau…

À retenir :

L’eutrophisation désigne un syndrome de pollution des écosystèmes aquatiques, caractérisée par une prolifération complètement folle des végétaux aquatiques. En cause ? Un apport excessif en phosphore et en azote, bien souvent du fait des activités humaines… La modification des équilibres biologiques est telle qu’elle peut mener jusqu’à l’anoxie du milieu, c’est-à-dire la privation d’oxygène. La destruction de cet écosystème entraîne immanquablement la disparition de la plupart des espèces qui y vivent. Il faut savoir que le lac Léman était victime de cette pollution avant que le gouvernement n’interdise l’usage des phosphates dans les lessives dans les années 80. Agriculture raisonnée ? Dénitrification et déphosphatation des eaux usées ? À quand des mesures efficaces pour épargner nos cours d’eau et leur précieuse biodiversité ?

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Sources : planet-vie.ens.fr, geo.fr, inrae.fr, youmatter.word, cnrs.fr

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