Le captage de CO2, un complément prometteur pour éliminer plus de CO2
Décrite par les experts du GIEC dans leur 6e rapport d’évaluation comme une des pistes à explorer pour limiter le dérèglement climatique, la solution semble simple, du moins sur le papier : selon eux, entre 5 et 16 milliards de tonnes de CO2 éliminés (dans des réservoirs tels que la végétation, les sols, les formations géologiques ou l’océan) seront nécessaires chaque année sur la seconde moitié du siècle, alors qu’actuellement, seulement 2 millions de tonnes le sont réellement 🤔. 👉 Ce qu'il faut retenir du dernier rapport du GIEC
Les techniques d’élimination de CO2 de l’atmosphère (CDR) pourraient donc agir comme compléments aux autres efforts menés en matière de réduction des émissions de CO2, et venir au secours des puits naturels de CO2 – forêts, et océans, principalement – qui ne parviennent que très partiellement à capter les effrayantes quantités d’émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines. Ce n’est en effet que grâce à un mécanisme d’émissions négatives, comme c’est le cas, par exemple, de la reforestation, que nous pourrons compenser les émissions incontournables de CO2, appelée émissions résiduelles, qui persisteront quoi qu’il en soit 🌳.
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Deux usines de captage direct de CO2 aux Etats-Unis à l’horizon 2025
Pour piéger le CO2 atmosphérique, la technologie peut venir à notre secours. Parmi les solutions envisagées, on trouve le captage de CO2 de l’air, ou DACCS. Une technologie dont les Etats-Unis comptent bien s’emparer avec l’installation prochaine de deux usines de capture directe du CO2. Un million de tonnes de CO2 par an pourraient ainsi être extraites et stockées à l’horizon 2025, depuis chacun de ces sites implantés au Texas et en Louisiane 💪.
Le 11 août 2023, le Département américain de l’énergie annonçait en effet son intention d’allouer 1,2 milliard de dollars (soit 1,1 milliard d’euros) pour développer ces deux usines, qui pourraient ainsi compenser les émissions annuelles de 445 000 voitures.
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Comment fonctionneront ces usines de captage direct de CO2 ?
🤓 Les usines captureront à l’aide de grands ventilateurs l’air ambiant, et piégeront les molécules de carbone au moyen de solvants liquide ou de sorbants solides. Le carbone sera ensuite compressé, puis acheminé à une zone de stockage, avant d’être réinjectés dans d’anciens gisements de pétrole et de gaz, de veines de charbon, ou encore sous l’océan. Ainsi, ils pourront soit être définitivement stockés, soit être réutilisés sous forme de carburant, de produits chimiques ou de ciment, par exemple.
La capture de CO2, un marché émergent en expansion
Mais ce n’est pas le premier pays à se lancer le grand défi de la capture de CO2 : une quarantaine d’installations commerciales sont actuellement en service, et on trouve notamment une usine en Islande qui capte chaque année 4000 tonnes de CO2 pour les injecter en profondeur sous terre où il est transformé en pierre. Une fois stocké dans des sols de roche solide, le CO2 piégé dans les réservoirs réagit chimiquement avec les minéraux environnants, jusqu’à ce que les éléments se lient, créant des minéraux solides : c’est le stockage minéral du CO2. C’est, à l’heure actuelle, le plus gros dispositif existant de ce genre, qui sera prochainement détrôné par les deux monstres américains, plaçant les Etats-Unis en tête de ce marché naissant ✌️.
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Un processus coûteux et difficile à généraliser à grande échelle
Néanmoins, il s’agit d’un processus très coûteux : Actuellement, éliminer et stocker une tonne de dioxyde de carbone coûte plusieurs centaines de dollars 💰. C’est pourquoi de nouvelles approches sont à l’étude.
Si l’on en croit une étude récente publiée dans la revue Science Advances, une nouvelle technologie permettrait de capturer jusqu’à 3 fois plus efficacement le CO2 que ce que les méthodes permettaient jusqu’à présent, et de stocker ce dernier sous la mer sous forme de bicarbonate de soude, pour un coût bien inférieur. En parallèle, une équipe de scientifiques de l’université UCLA à Los Angeles travaillent sur un projet nommé SeaChange, qui consisterait à retirer une partie du CO2 contenu dans l’eau de mer afin de renouveler la capacité des océans à capter du CO2 atmosphérique, et de lui rendre son rôle de puits naturel de carbone. Balaise ! Une piste supplémentaire pour pallier la problématique du coût exorbitant du captage de CO2 directement dans l’air.
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Captage de CO2 dans l’atmosphère : attention à l’effet rebond !
Une technologie prometteuse, certes, mais dénoncée par certains comme une sorte de chèque en blanc qui pourrait inciter, finalement, à plus d’émissions. Certains géants pétroliers et industriels y voient déjà une licence pour continuer à fonctionner pour les prochaines décennies 😠. Une inquiétude qui ne semble pas dénuée de fondement, dans la mesure où le projet texan d’usine de captation de CO2, qui s’étalera sur près de 43 000 hectares, est en partie menée par… l’entreprise américaine Occidental Petroleum, firme pétrolière 🙄. D’autres investisseurs comme Airbus, d’ailleurs, se sont associés aux Américains dans le cadre de ce projet d’envergure, aux côtés d’autres grandes compagnies aériennes. Le PDG du géant américain des combustibles fossiles, Vicki Hollub, a d’ailleurs déclaré lors d’une conférence sur le pétrole et le gaz tenue en mars dernier que la capture directe de l’air « donne à notre industrie une licence pour continuer à fonctionner pendant les 60, 70, 80 prochaines années », ne laissant place à aucune équivoque sur ses intentions.
Il s’agira donc, pour certains, du prétexte parfait pour continuer à abuser de l’énergie fossile, alors que le captage de CO2 directement dans l’atmosphère ne saurait être qu’un effort complémentaire à une profonde transition énergétique, incontournable si l’on souhaite atteindre les objectifs fixés en matière de climat.
Les autres arguments contre le captage direct de CO2 dans l’atmosphère
Par ailleurs, pour avoir un effet significatif sur les concentrations mondiales de CO2, il faudrait en fait que le dispositif soit déployé à très grande échelle, ce qui nécessiterait une quantité folle d’énergie.
D’autre part, la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC), organisme des Nations Unies, est assez sévère à l’égard des solutions progressivement déployées permettant de capturer du CO2 dans l’air, estimant que ces dernières sont technologiquement et économiquement non prouvées à grande échelle, et peuvent potentiellement faire induire des risques environnementaux et sociaux à venir.
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À retenir
Réduire nos émissions est indispensable, mais cela ne réglera pas le sort du CO2 déjà relâché dans l’atmosphère. C’est pourquoi les experts du GIEC préconisent, en complément des efforts de transition énergétique et de réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère, d’augmenter significativement les éliminations et le stockage de CO2. Dans cette course contre la montre, aucune piste n’est désormais exclue, et le captage direct de CO2 dans l’air en fait partie. Les Etats-Unis sont en passe de se placer en tête de ce marché qui connaîtra une forte expansion dans les années à venir en installant sur leur sol deux imposantes usines de capture et de stockage, capables de piéger au moins 1 million de tonnes de CO2 par an chacune. Chèque en blanc pour poursuivre les émissions ou réel progrès climatique, seul l’avenir le dira !
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Sources : huffingtonpost.fr, ouest-france.fr, bfmtv.com, cerfia.fr, usbeketrica.com, ouest-france.fr, actu.fr, radiofrance.fr, science.org