La pollution des avions en question
« Mesdames, Messieurs, nous approchons actuellement de la magnifique ville de Paris, il fait un temps superbe, et nous nous apprêtons à atterrir à l’aéroport Charles de Gaulle. Nous espérons que vous avez passé un agréable voyage et vous revoir bientôt sur nos lignes ! » 😎. Ce que votre aimable commandant de bord a oublié de vous dire, c’est que vous avez émis, depuis votre décollage depuis New York, 1,178 tonnes d’équivalent CO2 par passager, consommé au total 111 000 litres de kérosène (soit 88 tonnes), et que votre vol à lui tout seul représente grosso modo les émissions annuelles maximales que devrait respecter chaque Français pour lutter contre le réchauffement climatique 😱 !
👉 Quels sont les secteurs et industries les plus polluants ?
Il est vrai qu’il ne s’agit pas du moyen de transport le plus vert qui soit 😅 ! Un avion consomme en moyenne 3 litres de carburant par passager, avec un taux moyen de remplissage, pour 100 kilomètres parcourus. Et bien sûr, on emprunte principalement l’avion pour de très longues distances, parfois difficiles à atteindre avec un autre moyen de transport. C’est ainsi que la distance moyenne parcourue en avion est de 2 400 kilomètres.
Pourtant, si on regarde les chiffres dans leur globalité, on est presque étonné de constater que le trafic aérien n’est responsable « que » de 2 à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre 🤔. En effet, si ¼ des émissions mondiales de CO2 sont imputables aux transports, il faut relever que les ¾ de cette fraction sont dues aux transports routiers (camions, bus et voitures). L’avion n’arrive qu’en seconde position de cette compétition qui n’a rien de bien glorieux.
👉 Quel est le moyen de transport le moins polluant ?
🚗 Pour autant, en y regardant de plus près, les trajets en voiture ne sont pas beaucoup plus vertueux… Les avions seraient-ils injustement mis aux piloris ? En fait, tout dépend ! Vous serez étonné de vous apercevoir que bien souvent, l’avion émet en réalité à peu près autant de CO2 par km et par passager qu’une voiture, et parfois moins, contrairement aux idées reçues.
Avions vs/ voiture : un match presque nul ?
🤓 Avant toute chose, il faut comparer ce qui est comparable et la pollution émise par un avion par trajet doit être divisée par le nombre de ses passagers, logiquement.
Ainsi, plus l’avion est petit, plus il consomme par rapport au nombre de passagers transportés, et à l’inverse, plus il est plein, plus l’empreinte s’allège 🪶 ! De même, le nombre d’escales est une donnée centrale dans ces estimations, car le décollage d’un avion représente près d’1/4 des émissions totales de CO2 d’un trajet.
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À ce sujet, les sources divergent énormément, mais l’agence européenne pour l’environnement, s’appuyant sur les taux d’occupation moyens des appareils, estime le taux d’émissions à 285 grammes de CO2 par passager et par kilomètre pour un avion, contre 104 grammes pour la voiture. Le ministère de la Transition écologique considère, de son côté, que les avions, en fonction des circonstances (modèle, distance, taux de remplissage…) émettent entre 73 et 254 grammes d'équivalent CO2 par passager et par km.
Mais si l’on en croit des estimations les plus récentes, avion et voiture seraient en fait au coude à coude !
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À partir de trois passagers, la voiture l’emporte !
Selon l’ICCT (International Council on Clean Transportation), sur un trajet long, une voiture occupée par 2 personnes émet en fait un chouia plus de CO2 que si ces deux personnes avaient pris l’avion 😯. Lorsque trois personnes sont transportées, en revanche, les émissions sont alors inférieures de 15% à celles qui auraient été émises s’ils avaient pris l’avion.
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Sur une distance moyenne, de quelques centaines de kilomètres, on considère donc que la voiture demeure préférable à l’avion au-delà de deux passagers, mais qui l’aurait cru, l’avion est en fait la solution la plus écolo pour un seul individu !
En effet, l’émission par passager d’un Paris-Toulouse est proche de 80 kg d'équivalent CO2, contre plus de 130 kg pour une voiture moyenne.
Des chiffres qui divergent cependant, de ceux proposés par l’outil de calcul de l’Ademe, qui en arrive néanmoins à la même conclusion, et qui estime de son côté le coût de ce trajet à 135 kg pour l’avion contre 147 kg d’équivalent CO2 pour la voiture (en prenant en compte les émissions directes, la construction des véhicules et la production et distribution de carburant et d'électricité, mais pas la construction des infrastructures). L’empreinte environnementale est donc presque équivalente, sauf à remplir davantage sa voiture.
Conclusion : et oui, la voiture serait à peu de chose près aussi polluante que l’avion, si ce n’est plus 🫢 !
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La pollution cachée de l’avion…
Oui, mais !
Mais ce n’est pas tout, car l’avion émet aussi de l'ozone et des cirrus, issus de cette fine couche nuageuse laissée derrière les appareils, qui ont eux aussi un effet réchauffant. C’est ce qu’on appelle le forçage radiatif : ces traînées, bien qu’éphémères, qui bloquent une partie des rayonnements émis par la terre dans l’atmosphère. Une pollution « hors CO2 » généralement non prise en compte dans les estimations et simulations.
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C’est ainsi qu’une étude scientifique de 2021 publiée dans la revue Atmospheric Environment affirme que pour connaître l’impact réel du secteur aérien sur le climat, il faudrait en fait multiplier par 3 les seules émissions de CO2 retenues. En partant de ce postulat, le réchauffement climatique contribuerait alors à hauteur de 6% au réchauffement climatique mondial, des chiffres confirmés par le réseau Stay Grounded dans un rapport d’octobre 2022.
… Et de la voiture !
D’un autre côté, d’autres facteurs indirects peuvent également alourdir le bilan environnemental de la voiture, comme les embouteillages, par exemple, qui provoquent une émission de CO2 2,5 fois supérieure qu’en conditions normales. Ou encore l’utilisation de la climatisation qui provoque une augmentation des émissions de 7 à 20%.
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Une chose est sûre, il s’agit d’un débat difficile à trancher compte tenu de la multitude de critères à prendre en compte 🤯 !
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Réponse : il faut prendre le train !
✅ La bonne réponse est bien sûr : « c’est le train, qu’il faut prendre ! », détrônant de très loin tant l’avion que la voiture 😉 ! Un TGV émettrait en effet, avec 285 passagers, 3,37 grammes d'équivalent CO2 par passager et par km. Échec et mat pour nos deux gros pollueurs !
Ce qu’il est important de retenir, c’est donc que l’avion et la voiture ont des empreintes carbone tout à fait comparables et contribuent de manière considérable au réchauffement climatique.
À retenir :
L’avion est généralement fustigé pour l’importante pollution qu’il génère, au point que le flygskam, ou la honte de prendre l'avion, émerge : il s’agit d’un sentiment de culpabilité ressenti par les voyageurs qui, bien que sensibilisés, continuent d’avoir recours à ce moyen de transport. Pourtant, la voiture n’a en réalité pas grand-chose à lui envier en la matière et, d’après les estimations les plus récentes, rivaliserait avec l’avion question émissions de CO2. En réalité, il demeure bien difficile de les départager car de nombreux paramètres sont à prendre en compte. Quoi qu’il en soit, l’un comme l’autre sont à éviter autant que possible au profit d’autres moyens de transport plus vertueux, comme le TGV, qui permet lui aussi de couvrir de longues distances et de satisfaire vos envies d’ailleurs, y compris à l’étranger !
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Sources :
geo.fr, libération.fr, futura-sciences.com, stay-grounded.org, greenpeace.fr, ici.radio-canada.ca, youmatter.world, radiofrance.fr