Les espèces invasives : comprendre leur impact sur la biodiversité locale

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Les espèces invasives ou espèces exotiques envahissantes (EEE) sont responsables de 16% des extinctions mondiales d’animaux et de plantes. Un rapport d’évaluation publié en 2023 considérait déjà les espèces invasives comme l’un des cinq principaux facteurs directs de la perte de biodiversité (avec l’agriculture intensive, le changement climatique et la pollution entre autres). Du fait de sa position géographique, la France est d’ailleurs l’un des pays d’Europe les plus concernés. Frontalière de 8 autres pays, bordée de 3 mers et océans, la France est à la croisée des climats et des axes commerciaux. Qu’est-ce qu’une espèce invasive ? D’où viennent-elles ? Quels sont les impacts de ces espèces invasives sur la biodiversité locale et comment les éviter ? Voici quelques éléments de compréhension.

Les espèces invasives : comprendre leur impact sur la biodiversité locale

Qu’est-ce qu’une espèce invasive ?

Des animaux et des plantes venus du monde entier se sont progressivement installés, reproduits et dispersés en France métropolitaine et dans nos territoires d’outre-mer au point d’affecter la biodiversité locale. Le développement de ces espèces invasives, dites Espèces Exotiques Envahissantes (EEE), engendre des impacts économiques et sanitaires. Totalement liées à l’activité humaine, accidentelles ou intentionnelles, les introductions d’espèces non autochtones se sont multipliées avec l’accélération de la mondialisation. Parmi les 10 espèces les plus dangereuses, on trouve notamment :

  • 🦟 Le moustique tigre, venu des forêts tropicales d’Asie du Sud Est, est dangereux pour les humains car il peut transmettre le paludisme, la dengue ou le chikungunya. Et si vous vous demandez à quoi servent les moustiques...
  • 🐢 La tortue de Floride, introduite en France volontairement comme animal de compagnie, s’avère vorace pour les plantes et d’autres animaux.
  • 🐝 Le frelon asiatique s’est particulièrement développé ces dernières années et s’avère être un gros prédateur pour les abeilles butineuses. C’est donc une menace à la pollinisation.
  • 🐿️ L’écureuil gris : tout droit venu d’Amérique du Nord, il est considéré comme invasif dans plusieurs pays d’Europe. Plus gros et fort que son cousin roux, il s’approprie le territoire et cause des dommages en abîmant l’écorce des arbres (qui abrite de nombreux insectes utiles).
  • 🦐 L’écrevisse américaine ou écrevisse de Louisiane : venue d’Amérique du Nord et du Mexique au début du 20e siècle, elle est particulièrement plus résistante que les écrevisses originaires du territoire, dont la population réduit à cause d’un virus transmis par leur cousine exotique.
  • 🦫 Le ragondin : introduit d’Amérique du sud pour sa fourrure, cette espèce semi-aquatique est invasive car ses terriers déstabilisent les berges de fleuves et marais.
  • 🐸 La grenouille-taureau : originaire de Floride, cette espèce carnivore et opportuniste dévore tout, de jour comme de nuit. Insectes, araignées, lombrics, escargots, petits poissons, lézards, tortues, rongeurs, chauve-souris (qui sont d’ailleurs en danger), serpents et même oiseaux.
  • 🦝 Le raton laveur : considéré invasif depuis 2016, il est à la fois prédateur et porteur de nombreuses maladies. Il a été introduit en Allemagne d’abord pour sa fourrure.  
  • 🦅 L’ibis sacré : originaire d’Afrique subsaharienne et introduit en France par un zoo, l’Ibis sacré est un prédateur pour de nombreuses espèces endémiques.
  • La coccinelle asiatique : importée dans les années 80 pour lutter contre la prolifération des pucerons, elle se reproduit particulièrement vite et représente une menace pour les insectes à corps mous, leurs larves et leurs œufs.

Bilan de l’impact : 218 invasives pour 1215 locales

Selon un rapport de l’IPBES, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, près de 37 000 espèces exotiques auraient été introduites dans des régions et milieux naturels autres que leur milieu d’origine. 

Souvent liées au commerce international et aux déplacements humains, ces migrations d’espèces animales et végétales perturbent l’équilibre de l’écosystème local de référence. Certes, toutes les espèces introduites ne sont pas nocives pour les autres espèces. 

Pourtant 3.500 ont été recensées comme nocives ou menaçantes pour les espèces autochtones. Le rapport estime que ces plantes ont causé la disparition de 60% des espèces locales. Et parmi ces 3500 espèces, 218 ont été responsables de l’extinction de 1215 espèces locales dont 50,9% sont des vertébrés. 

Un constat tel que 80% des pays membres de l’IPBES ont revu et adapté leurs plans nationaux pour la biodiversité incluant des objectifs de gestion des espèces invasives. À date, seuls 17% ont légiféré sur la question ou mis en place des réglementations nationales traitant spécifiquement de ces questions. Depuis 1970, on estime que le coût de la prévention de ces risques a quadruplé.

Comment prévenir l’impact des espèces invasives ?

Des mesures de prévention et de manière générale, la détection rapide et la lutte précoce contre les espèces nuisibles aux autochtones sont les principaux leviers d’action. C’est par des mesures préventives que l’Australie a pu lutter contre la propagation de la punaise marbrée.

Depuis l’adoption en 2022 du cadre mondial Kunming-Montréal pour la biodiversité a permis de définir un plan d’action à horizon 2030 incluant l’objectif de diviser par deux l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Le rapport encourage aussi une approche intégrée spécifique à l’environnement rencontré ainsi qu’un travail de recherche et d’amélioration des connaissances en matière de lutte contre les espèces invasives. 

Enfin, des stratégies de sensibilisation et d’action concrètes sont nécessaires pour prévenir, alerter, surveiller ou freiner efficacement la progression des espèces invasives. Dans ce cadre, nous avons tous un rôle à jouer, qu’on soit citoyen, éleveur, jardinier, touriste, amoureux de la nature ou chasseur.

Pour aller plus loin :

À retenir :
Dans notre contexte mondialisé, certaines plantes et certains animaux exotiques introduits par l’homme, volontairement ou non, mettent en danger la survie et la reproduction d’espèces autochtones. Redoutables prédatrices, parfois porteuses de virus, ces espèces exotiques qualifiées d’invasives ou envahissantes constituent une menace tant pour la biodiversité que pour la santé humaine.
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Sources : Vie publique - Office Français de la Biodiversité - Cadre Mondial Kunming-Montréal pour la biodiversité - Géo

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