La neige anthropique : quand il neige de la pollution

C’est quoi la différence entre la neige naturelle et la neige anthropique ?

La neige naturelle est en principe composée de cristaux de glace, formant un matériau complexe blanc, qui présente des caractéristiques physiques variables en fonction de l’environnement dans lequel il se forme. Température, humidité… de nombreux paramètres influent sur son épaisseur, sa dynamique et la taille de ses grains. Elle se forme à des altitudes élevées lors de perturbations météorologiques vastes 🌨️.

De son côté, la neige anthropique, industrielle, ou encore de pollution, comme son nom l’indique, est liée à l’activité humaine, et plus particulièrement aux activités industrielles, qui libèrent une grande variété de gaz dans l’atmosphère.

🤓 Elle naît en fait de l'agrégation de particules d'eau en suspension et de petites particules de pollution. L’humidité de l’air se condense alors autour de ces minuscules particules, issues des industries, des véhicules, ou autre, appelées « noyaux de condensation », pour former des flocons de neige. Des épisodes mettant en lumière l’étendue de la pollution de l’air aux particules fines, qui avance généralement masquée.

Il s’agit donc d'une interaction entre les activités humaines et certaines conditions climatiques spécifiques, intervenant bien souvent sous l’influence d’un puissant anticyclone qui piège l’air froid et humide au sol, formant une sorte de couvercle qui interdit la dispersion de l’humidité, d’une part, et des polluants, d’autre part. En comparaison avec la neige naturelle, elle se produit à des altitudes plus basses et reste très localisée, dans les zones proches des sources de pollution 😶‍🌫️.

En France, le phénomène se rencontre ponctuellement, et a été observé à plusieurs reprises, comme ce fut le cas dans le Val de Saône, entre la région lyonnaise et Mâcon en janvier 2021, aux alentours de la centrale nucléaire de Cattenom, ou encore en Moselle, en février 2021, engendrant une épaisse couche de 15 à 30 cm de neige en une nuit. En réalité, de nombreuses localités sont concernées chaque année.

👉 Quels sont les secteurs et industries les plus polluants ?

L’apparence atypique de la neige industrielle

🔎 Ressemblant à du givre au sol et tombant comme de la neige, elle est toutefois bien plus sèche, et intervient en raison de concentrations élevées de pollution atmosphérique d'origine industrielle.

D’après le Dr Julian Mayes, consultant indépendant en météorologie et en climatologie résidant sur place lors d’un épisode intervenu le 23 janvier 2023, dans le comté de Surrey, à quelques kilomètres de l'aéroport de Heathrow, en Angleterre, la neige présente au sol avait une texture étrange, rappelant celle de la noix de coco desséchée 🥥. Elle revêt généralement une forme en aiguilles.

Des conditions météorologiques qui ne coïncident pas avec des chutes de neige

Ainsi, cette neige peut tomber par temps sec. Un épisode neigeux anormal, donc, en l’absence de front météorologique balayant la zone.

De ce fait, prédire un épisode de neige industrielle est quasiment mission impossible, les météorologues ne disposant pas de données précises sur les émissions industrielles, qui ne sont pas prises en compte dans les modèles météorologiques.

L’outil SentinelHub de Copernicus est parvenu, à l’occasion de l’épisode survenu à Surrey en janvier 2023, à capturer des images satellites mettant en évidence trois grandes bandes blanches au sol dans certaines parties du comté, près d’installations industrielles au sud-est de l’aéroport d'Heathrow 🛰️.

La neige de pollution est-elle dangereuse ?

Des implications sont à craindre en termes de qualité de l’eau et de dégradation des sols, du moins localement. Néanmoins, pendant l’épisode, il n’est pas plus dangereux de respirer à l’endroit de ces chutes de neige que lors d’un épisode de pollution de l’air. 

C’est juste qu’en temps normal, cela passe plus inaperçu 🫣. Au contraire, le phénomène a tendance à lessiver la pollution qui retombe au sol et à assainir l’air ambiant.

Un phénomène qui se raréfie

Il s’agit d’un phénomène rare, et qui le deviendra encore plus, très probablement, au gré du réchauffement climatique qui fait augmenter les températures moyennes, le phénomène nécessitant la réunion de certaines conditions, comme des températures suffisamment basses mêlées à un certain taux d’humidité dans l’atmosphère.

Sources : tameteo.com, geo.fr, cnrs.fr