L’aye-aye, ce singulier primate
Son pelage brun foncé excepté sur la tête et le dos qui virent au blanc, sa grande queue touffue plus longue que son corps, ses grands yeux ronds et jaunes cerclés de noir, ses longs doigts effilés dotés de griffes pointues et tranchantes, ses grandes oreilles qui lui permettent d’écholocaliser ses proies, ses incisives qui poussent en permanence…
Malgré son apparence singulière, pas de doute : l’aye-aye n’est pas un croisement entre une chauve-souris et un rongeur, mais bien un primate, qui passe le plus clair de son temps dans les arbres de la forêt tropicale 🌴.
Il s’agit du dernier représentant de la famille des daubentonidés depuis la disparition de son cousin, l’aye-aye géant, il y a plus ou moins 1000 ans. 👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?
De jour, vous n’en croiserez pas : animal nocturne, il passe sa journée recroquevillé dans un petit nid en forme de boule, avec un seul trou d’entrée, calé dans la fourche d’un grand arbre des forêts tropicales humides, généralement à une altitude supérieure à 700 m. Animal solitaire et discret, sa taille est comprise entre 75 et 90 cm, queue comprise, ce qui en fait le plus gros primate nocturne du monde. Il ne pèse néanmoins que 2 à 3 kg.
L’étrange doigt de l’aye-aye, des fonctions étonnantes
Le détail morphologique qui caractérise le plus l’aye-aye est sans doute son majeur doté d’une longue phalange aux fonctions étonnantes 🖕. Il s’en sert pour tapoter les arbres et ressentir les variations de résonances dans le bois de manière à tracer une carte mentale des creux qui le sillonnent.
Son ouïe ultra-développée lui permet de repérer le plus infime bruit émis par les insectes xylophages. Grâce à ce doigt disproportionné, il parvient à récupérer les larves qui se déplacent sous l'écorce. Il s’en sert également pour atteindre la chair des noix de coco 🥥, ou vider les œufs de leur contenu, mais se nourrit également de fruits, de graines, de nectar et de champignons : il s’agit donc d’un insectivore et d’un frugivore.
👉 Découvrez le Quokka, l'animal le plus heureux de la terre !
Le lémurien que l’on prenait pour un démon
Le fossa, autrement désigné sous le terme de cryptoprocte féroce, autre espèce endémique de Madagascar, est le principal prédateur de l’aye-aye. Mais la menace représentée par ce carnivore féliforme n’est rien à côté de la pression exercée par l’Homme sur cette espèce.
Considéré dans la culture locale comme un animal annonciateur de malchance, il y est assimilé à un démon 😈, et décimé pour cette raison. Son nom serait issu du malgache « heh heh » qui signifie « je ne sais pas », réponse que les locaux donnaient lorsqu'on les interrogeait au sujet de cet étrange animal.
À noter également que le terme latin lemures (lémurien) désigne, de son côté, l’âme errante d'un mort. Son apparence effrayante, son mode de vie nocturne… Les tribus malgaches sont convaincues que son apparition aux abords d’un village annonce un malheur, et que son majeur démesuré lui permet de jeter des sorts maléfiques. D’autres le respectent comme un esprit de la forêt.
👉 Sacrés, vénérés, ces endroits où il fait bon être un animal
D’animal persécuté à animal protégé
Longtemps persécuté, il est désormais protégé par la loi depuis 2014, année où il a été inscrit sur la liste des espèces en voie d’extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les populations d'aye-aye ayant été décimées jusqu’à menacer la survie de l’espèce : en danger d’extinction, menacé tant par la déforestation, le braconnage, que le conflit avec les agriculteurs, sa préservation est désormais indispensable, d’autant que les femelles n’acceptent de se reproduire que tous les 2 à 3 ans et n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à 2 ans et ½ ♀️, contre un an et ½ pour les mâles ♂️.
Au point que des chercheurs américains ont récemment séquencé le génome complet de trois populations d’aye-aye afin d’orienter les efforts de conservation et d’établir des stratégies afin d’empêcher la disparition de l’espèce.
À retenir :
L’aye aye, cet étrange primate endémique de Madagascar, est assimilé dans la culture locale à un démon : il se dit qu’il peut, lorsqu’il montre du doigt sa malheureuse victime, lui jeter un sort ou le tuer, et ses grands yeux ronds et jaunes cerclés de noir n’arrangent rien. Raison pour laquelle il a longtemps été décimé, jusqu’à quasi-extinction. Désormais protégé, le plus rare des lémuriens de la planète pourra-t-il être sauvé de la persécution de l’Homme et de la destruction de son habitat naturel ?
Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
|
Sources : nationalgeographic.fr, futura-sciences.com, maxisciences.com
Les commentaires