Des animaux sauvages en voie de disparition
L’exploitation des animaux dans les cirques devient d’autant plus choquante que nombre d’entre eux sont aujourd’hui des animaux en voie de disparition 🐯. Il est donc de plus en plus dérangeant de voir les derniers individus d’espèces en déclin contraints de se donner en spectacle sur une piste et soumis à des conditions de dressage et de détention cruelles et contre nature, alors même qu’ils devraient bénéficier d’un statut protecteur et de conditions de vie adaptées.
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Des pratiques d’un autre temps
Humiliés, frustrés, stressés, maltraités… cet « art » appartient désormais à un autre temps et envoie un message pédagogique et éthique déplorable pour un public souvent jeune, à qui on devrait plutôt inculquer le respect de l’animal et du vivant. Nous ne pouvons plus nous cacher, comme au XIXème siècle, derrière une méconnaissance des besoins essentiels et de la sensibilité des animaux concernés, qui développent pour la plupart des troubles du comportement du fait de leurs conditions de détention 🎪.
Vers l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques en France en 2028
Plus d’une vingtaine de pays européens ont déjà interdit l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques, de même que 42 pays dans le monde, et la France s’est mise au diapason, enjoignant les cirques à se séparer de leurs animaux exotiques aux termes d’une loi contre la maltraitance animale.
Ainsi, fin septembre 2020, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, annonçait la « fin progressive » des animaux sauvages dans les cirques, une intention qui s’est concrétisée au travers de la loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. Un délai a néanmoins été accordé aux professionnels du secteur, qui devront s’y soumettre à compter du 1er décembre 2028. Mais de nombreuses agglomérations en France interdisent d’ores et déjà la présence de cirques donnant en spectacle des animaux sauvages sur leur territoire 🐘.
Une interdiction qui ne viserait néanmoins que les cirques itinérants, et non les cirques fixes tels que le Cirque d’hiver à Paris ou les parcs animaliers.
🐬 Elle vise aussi les delphinariums, et interdit, à partir de 2026, les spectacles de dauphins et d’orques, de même que leurs détention et reproduction en captivité, sauf recherche scientifique ou refuges et sanctuaires pour animaux sauvages captifs.
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Le grand enjeu de placer les animaux de cirque réformés dans des refuges
🦁 La mesure concerne environ 500 animaux de cirque dont 300 fauves. Les animaux, nés en captivité et ne pouvant être réintroduits dans leurs milieux naturels, devront passer le reste de leur vie dans des refuges, afin de leur assurer une fin de vie paisible.
Ainsi, en parallèle, un appel à manifestation d'intérêt « Refuges pour animaux sauvages captifs » a été lancé, qui soutiendra financièrement des projets de création de places en refuges et plus particulièrement les places pour les grands fauves sauvages (lions et tigres). Déjà, un appel à projet mené en 2022 avait retenu six projets permettant de créer environ 150 places pour des animaux sauvages (lions, tigres, éléphants, zèbres, singes, autruches notamment).
La crainte des associations est en effet de voir les animaux vendus à des cirques à l’étranger, avec des conditions de vie pires encore que celles qu’ils connaissent en France 🫣. Les sanctuaires et refuges pour animaux sauvages sont rares en France, et des solutions doivent être trouvées pour absorber ce futur flux d’animaux réformés des cirques.
Par ailleurs, un plan d'accompagnement des cirques de 35 millions d'euros propose d’accompagner la reconversion des cirques et du personnel dans cette transition.
Le monde du cirque en plein tournant
Dans le milieu de cirque, les réactions divergent.
Certains comme André-Joseph Bouglione, petit-fils du fondateur du célèbre cirque éponyme, sont séduits par cette évolution vers un cirque écologique, allant dans le sens de l’évolution des mentalités et des consciences. C’est ainsi qu’il publiera en 2018 un livre intitulé « Contre l’exploitation animale » 🪶, dénonçant des conditions de dressage et de captivité de la faune sauvage détenue par les cirques.
Il propose désormais un spectacle assuré à 100 % par des humains, avec projection d’hologrammes d’animaux en 3D, comme pour rendre hommage à ces somptueux animaux, trop longtemps exploités. Un exemple suivi également par cirque Roncalli en Allemagne qui a remplacé, lui aussi, les animaux vivants par des hologrammes, reconnaissant que le quotidien des animaux de cirques s’avérait incompatible avec le bien-être animal.
De vives contestations des circassiens
Bien que les arts du cirque ne se résument pas à voir un tigre sauter au milieu d’un cerceau en feu (🤹♀️jongleurs, magiciens, funambules, voltigeurs, contorsionnistes…), les contestations n’en sont pas moins vives dans le milieu.
Cyrille Emery, délégué général de l’Association de défense des cirques de famille, défend farouchement la présence d’animaux sauvages dans les cirques. Selon lui, une réglementation stricte fixe leur cadre de vie, et prévoit notamment des mesures telles que pas moins de sept mètres carrés par fauve et par cage, des espaces de détente conformes aux exigences de l’espèce, ou encore des numéros qui respectent leurs « aptitudes naturelles ».
De nombreux cas de négligence et de maltraitance qui dérangent
Une réglementation néanmoins souvent non respectée, d’après les associations de protection animale, justifiant régulièrement des saisies, à l’image de Jon, un lion très amaigri saisi en 2020 dans un cirque dans l’Eure, avec les griffes coupées et les dents limées jusqu’à la pulpe 🙁.
Décédé au refuge Tonga Terre d’Accueil dans la Loire le samedi 29 janvier 2022 d’une péritonite (son intestin n’aura pas résisté à ses épouvantables conditions de vie), il aura au moins connu quelques mois de répit dans sa triste existence. Un exemple extrême, certes, mais qui illustre tristement la maltraitance par négligence et par ignorance des connaissances biologiques et comportementales des animaux de nombreux professionnels du secteur, même si ce cas, en particulier, confine à la pure cruauté.
Vers une sédentarisation des cirques ?
D’après les irréductibles des animaux sauvages dans les cirques, on affirme que le cirque va perdre son identité, son patrimoine et sa culture, et que la mesure plongera dans la précarité des familles entières. William Kerwich, qui possède un cirque de 80 animaux et 14 fauves, estime qu’il s’agit d’un génocirque, ni plus ni moins.
📍 Certains opteront donc pour la sédentarité et créeront des parcs fixes afin de pouvoir conserver leurs animaux sauvages, ce qui les contraindra à se voir appliquer la même réglementation qu’un zoo, concernant la taille des cages, des bassins, des enclos, et autres critères…
À retenir
La fin des animaux dans les cirques itinérants instaurée par la loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 entrera en vigueur à compter du 1er décembre 2028. Des animaux qui devraient être confiés, ensuite, à des refuges et sanctuaires pour y profiter d’une retraite bien méritée, la crainte étant que les exploitants ne les vendent pour certains à des cirques à l’étranger. Une décision vivement critiquée par les professionnels du secteur, dont l’activité sera de fait en partie mise à mal et qui devront fournir il est vrai de gros efforts d’adaptation pour se renouveler et voir leur modèle perdurer. Mais ces intérêts financiers s’opposent néanmoins violemment à l’incompatibilité totale entre les conditions de vie imposées aux animaux sauvages dans cirques itinérants, et le bien-être animal.
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Sources : theconversation.com, caminteresse.fr, reporterre.net, ecologie.gouv.fr