C’est quoi, le petrichor ?
Dans les années 60, deux scientifiques australiens, la chimiste Isabel Joy Bear, et le minéralogiste Roderick G. Thomas, ont baptisé ainsi ce parfum presque enivrant de la pluie qui tombe en été.
Petrichor, issu d’un néologisme créé à partir du grec ancien « sang de pierre » désigne donc cette odeur caractéristique d’une bonne averse sur le sol sec et chaud après une période de forte chaleur 🌦️.
D’où nous vient cette odeur si caractéristique ?
Pourtant la pluie, en elle-même, n’a pas d’odeur. Quel mécanisme chimique est donc à l’œuvre 🤔 ? Il s’agit, en fait, d’une synergie entre chaleur, pluie et plantes :
Les plantes sécrètent naturellement une huile végétale aromatique qui a pour fonction de les protéger, et qu’elles émettent notamment par temps trop chaud, pour traduire un ralentissement de la croissance des racines et de la germination : elle a pour fonction de protéger les graines, et de les empêcher de germer en période de sécheresse 🌱. Cette huile, jour après jour, s’accumule tant sur la plante elle-même que dans son environnement proche.
La pluie, lorsqu’elle survient après cette période de fortes températures s’abat sur un sol sec et chaud, créant un choc thermique, et les gouttes s’évaporent sous forme d’aérosol ♨️, et libèrent avec elles dans l’air une partie de cette sève végétale, mais pas que !
De nombreux micro-organismes présents dans le sol sont également diffusés par le même mécanisme, et en particulier des actinobactéries et des cyanobactéries telluriques, un composé organique volatile. Ces bactéries émettent une molécule en particulier, le géosmine, en cause dans l’odeur de la terre humide. Ces deux substances (les huiles végétales et le géosmine) se mêlent enfin à un autre composé : l’ozone. D'ailleurs 👉 Bonne nouvelle, le trou de la couche d'ozone se rebouche !
Il en résulte une forte odeur, reconnaissable entre toutes, qui est souvent liée dans nos esprits à l’enfance, restant à jamais fixée dans notre mémoire olfactive 🤗. Le phénomène se caractérise également par sa fugacité : la flagrance, par nature, se propage dans l’air aussi vite qu’il ne disparaît quelques instants plus tard.
Comment expliquer que cette odeur nous saute aux yeux, ou plutôt au nez, avec une telle évidence ? Parce que notre odorat y est très sensible : nous sommes capables de détecter le géosmine en suspension dans l'air, notamment, à des concentrations infimes👃. Une odeur que les grands noms du parfum ont tous cherchée à synthétiser, en vain, devant la complexité et la singularité du phénomène.
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Pourquoi cette flagrance nous est-elle si agréable ?
Sur ce point, cela reste un mystère, mais différentes hypothèses peuvent être avancées. Peut-être s’agit-il tout simplement de la traduction de notre satisfaction instinctive à voir la pluie faire son retour après une période de forte chaleur : il s’agit d’un bon signal pour l’environnement et la biodiversité, et donc pour l’Homme.
L’eau, et donc la pluie, est en effet vitale pour l’humanité, une information que nos modes de vie modernes nous ont fait perdre de vue, mais qui reste inscrite dans notre inconscient.
Cette odeur terreuse et végétale semble symboliser le soulagement de la végétation environnante qui, privée d’eau et soumise à de fortes températures sur une longue période, bénéficie enfin d’une averse salvatrice🌿. Le retour de la pluie signifie en effet que la germination, mise en sommeil, va pouvoir reprendre son cours.
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À retenir
Après une période de forte chaleur, lorsque les sols sont secs et chauds, l’averse qui suivra s’accompagnera d’une odeur caractéristique qui est imprimée dans notre mémoire olfactive à tous : c’est le petrichor. Issue d’un mécanisme naturel singulier et inimitable, cette flagrance musquée et enivrante nous est naturellement agréable, comme si instinctivement, nous percevions les bienfaits du retour de la pluie pour la nature et pour l’environnement, et donc pour l’Homme.
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Sources : radiofrance.fr, geo.fr, consoglobe.com