C’est quoi, une bombe carbone ?
Le terme de « bombe carbone » désigne les méga gisements de ressources fossiles qui compromettent, à elles seules, les chances de respecter les objectifs fixés par l’accord de Paris, à savoir de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Cela signifie, concrètement, que si la totalité de la ressource existante dans chacun de ces gisements est extraite et utilisée, chacun de ces projets d'extraction de combustibles fossiles va générer à lui seul plus d'une gigatonne de CO2 (1 GtCO2) au cours de sa durée de vie restante 😶🌫️. Tout autour du globe, elles sont plus de 400 à tirer vers le bas la planète. Des sites d’exploitation d’énergie fossile qui contiennent de colossales réserves de charbon, de pétrole, et de gaz.
Des projets climaticides qui rendent inatteignables nos objectifs
D’après les experts du GIEC, notre « budget carbone », c’est-à-dire ce que nous pouvons nous permettre au maximum en termes d’émissions de gaz à effet de serre pour rester sous la barre de 1,5°C d’augmentation des températures, se limite à 500 gigatonnes pour l’humanité tout entière. Or, le potentiel d’émissions des 294 bombes carbone actuellement en exploitation dépasse les 880 gigatonnes. D’autant que si les 128 autres bombes carbone encore à l’étude entraient en activité, nous épuiserions le budget carbone pour rester, cette fois-ci, en deçà des 2°C. En fait, les 425 sites, cumulés, représenteraient autour de 1200 milliards de tonnes de CO2 😱.
👉 Ce qu'il faut retenir du dernier rapport du GIEC
Des bombes à retardement prêtes à faire exploser le climat
Une étude menée par des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) et parue dans Energy Policy en mai 2022, avait déjà permis d’identifier 195 projets pétroliers et gaziers et 230 mines de charbon, opérationnels ou en construction. Mais à la suite d’un travail de recherche très poussé établi par les ONG françaises Eclaircies et Data for Good, nous connaissons désormais les acteurs industriels et financiers aux commandes de ces 425 sites super-émetteurs, ces résultats ayant été récemment divulgués 📢. Entreprises, banques, Etats… Il est temps de faire la lumière sur ces entités qui, dans l’ombre, plombent tous les efforts de limitation des émissions de CO2 mondiaux 😠. 👉 SFDR pour une finance verte, qu'est-ce que c'est ?
Les résultats de cette enquête minutieuse
Pour une vue d’ensemble, nous vous invitons à consulter la « carbon bombs map » publiée sur le site carbonbombs 🌍. On observe que de nombreux sites se situent aux Etats-Unis (notamment entre le Texas et le Nouveau-Mexique, soit au sein du bassin permien américain, les schistes de Marcellus et le bassin de Midland au Texas), en Chine et dans les pays du Golfe. L’Arabie saoudite, et son champ pétrolier de Ghawar, et la Mongolie (bassin houiller de Tavan Tolgoi) abritent notamment de grands sites d’extraction. ⚠️ Néanmoins, même si nous n’en comptons pas dans l’hexagone, cela n’empêche pas nos banques et entreprises de participer à ces exploitations désastreuses par l’intermédiaire de leurs investissements, qui comptent parmi les plus actives.
En effet, en ce qui concerne les entreprises incriminées, les cinq plus importantes sont : Energy Investment Corp (Chine), Saudi Arabian Oil Company, en Arabie saoudite, HKSCC Nominees Limited, à Hong-Kong, TotalEnergies en France (tiens donc) et Exxon Mobil Corp aux États-Unis.
Du côté des banques investissant le plus dans ces projets, on peut identifier ICBC, en Chine, Citi aux États-Unis, China Citic Bank en Chine, Agricultural Bank of China en Chine également et la BNP Paribas en France. N’oublions pas, également, le Crédit agricole qui lui non plus ne sent pas vraiment l’air pur de la campagne.
👉 Est-il encore possible de stopper le réchauffement climatique ?
À retenir Comment parvenir à réduire drastiquement nos émissions carbone, au point de parvenir à une neutralité en 2050, si plusieurs centaines de « bombes carbone » fonctionnent à plein régime, ou entreront dans un avenir proche en phase d’exploitation ? 425 projets colossaux d’extraction, divulgués par le récent travail de 2 ONG françaises laissent en effet pantois. Ces mégagisements de ressources fossiles, à eux seuls, ont la capacité d’exploser littéralement notre « budget carbone » pour espérer respecter les objectifs de l’accord de Paris, à savoir maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C, et par-dessus tout, en dessous de 2°C. Une étude qui met en lumière, également, la part de responsabilité des principales banques et entreprises dans le financement de cette addiction destructrice aux énergies fossiles et de cette cupidité irraisonnée 💰🤑. Alors, qui se frotte les mains devant la planète en feu ? Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
|
Sources : lemonde.fr, capital.fr, tf1info.fr, vert.eco, courrierinternational.com, futura-sciences.com