S’habiller sur Vinted : écolo ou pas ?

L’occasion fait le larron…

C’est indéniable, acheter d’occasion n’a résolument pas le même prix pour la planète ni pour le porte-monnaie. En effet, l’occasion permet de limiter les coûts inhérents à la production d’articles neufs et de préserver l’utilisation de ressources naturelles telles que l’eau, l’électricité, les matières premières. 

De même, acheter d’occasion permet de réduire les émissions de CO2 associées à la production textile. Pourtant, ce raisonnement a ses limites puisqu’il oublie de prendre en compte un certain nombre de paramètres liés à la consommation de vêtements de seconde main tels que la logistique, le coût d’envoi, les transports et la réalité du marché. Petit tour d’horizon des dommages environnementaux et sociaux liés au marché de la seconde main.

🚚 Coût d’envoi et transport

Parmi les principales problématiques de Vinted et d’autres plateformes de seconde main, parlons des coûts logistiques, économiques et environnementaux liés à la livraison des articles. Contrairement à un achat en boutique où les achats sont centralisés et en grandes quantités, sur Vinted, chaque transaction est individuelle et doit être emballée, puis transportée, engendrant une empreinte carbone non négligeable. 

Transport routier, maritime et aérien peuvent parfois s’accumuler pour expédier un même colis Vinted. Or, le secteur du transport génère une part croissante des gaz à effets de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. Et on vous parle des e-mails envoyés et de leur empreinte carbone ? Enfin, les emballages utilisés pour chaque envoi viennent s’ajouter à l’empreinte écologique de l’achat d’occasion (plastique, papier bulle, enveloppe et/ou carton, étiquettes, etc.).

⛹️ Effet rebond et surconsommation encouragée

Ce qu’on ne pouvait pas nécessairement prévoir c’est qu’au lieu d’inciter à consommer de manière raisonnée, le marché de la seconde main a, malgré lui, incité à consommer davantage de fast fashion. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond. 

En ligne, les consommateurs ont accès à un large choix de vêtements à prix attractifs et qu’ils peuvent désormais revendre en seconde main lorsqu’ils n’en veulent plus. En déculpabilisant l’achat d’impulsion, le marché de l’occasion est devenu presque anti-écologique. 

Par son large choix et ses prix attractifs, Vinted contribue à créer le besoin et inciter les utilisateurs à multiplier les achats. Peu ou jamais portés, les vêtements achetés sont remis en vente et créent un cycle constant d'achat-revente qui maintient une demande élevée pour la plateforme. Ce modèle de consommation frénétique, même d'occasion, alimente indirectement le système de surproduction et de consommation rapide, qui est à l'origine des enjeux environnementaux actuels de l'industrie de la mode.

🚮 Du tout accessible au tout jetable

La qualité des vêtements vendus sur Vinted est très variable et l’essor de la fast fashion ou de l’ultra fast fashion y participe. En effet beaucoup de vêtements mis en vente sur la plateforme proviennent de marques telles que Zara, H&M ou Shein qui produisent des vêtements à bas prix dont les tissus s’usent rapidement. 

Ainsi, acheter d'occasion sur Vinted ne garantit pas vraiment la durée de vie de son achat. Probable qu’ils finiront à la poubelle après quelques utilisations, générant ainsi des déchets textiles pas toujours recyclables. D’ailleurs, connaissez-vous la durée de vie de vos déchets ?

Mode circulaire ou tendance éphémère ?

Le concept de mode circulaire porté par les plateformes comme Vinted, repose sur l'idée que les vêtements peuvent être réutilisés, recyclés ou revalorisés indéfiniment. 

Il n’est donc viable qu’à condition de réduire la production textile et d’en améliorer la qualité. Par ailleurs, peu de vêtements peuvent vraiment être recyclés du fait de leurs fibres mélangées et d’un processus de recyclage énergivore. Si revendre un vêtement d’occasion retarde l’échéance, il finira, tôt ou tard, à la décharge. 

Ainsi, la mode circulaire, telle qu'elle est pratiquée par Vinted, ne résout pas l’enjeu écologique de l’industrie textile. Elle retarde juste l'inévitable. Pourtant, l’économie circulaire progresse, se structure et pourrait représenter près d’un tiers du marché de la mode d’ici quelques années. Pour réduire l’impact environnemental négatif du secteur, l’engagement s’impose :

• Les marques doivent produire des vêtements durables qui circuleront longtemps.
• Les citoyens doivent consommer à proximité et avec modération
• Les plateformes doivent réduire leur empreinte carbone.

👉 Et si on réparait au lieu de jeter ?

Et le coût humain et social ?

En tant que plateforme, Vinted est un acteur de la mode circulaire, pourtant il ne prend pas part aux questions des conditions de travail inhumaines observées dans certaines usines textiles des pays en développement. Au contraire, il y participe indirectement en nourrissant le besoin et la demande constante de vêtements auxquels la fast fashion répond toujours plus vite. 

La marque perpétue ainsi un système qui repose sur l’exploitation des ressources humaines et naturelles.

Sources : LeMonde - The good goods