Le réchauffement climatique ne fait pas que tuer : il nuit aux naissances
Augmentation des maladies infectieuses vectorielles, apparition de zoonoses, hyperthermie, augmentation des sinistrés… Le réchauffement climatique met notre santé à rude épreuve, et ce n’est malheureusement qu’un avant-goût 🤒 ! Pour plus de détails sur ce sujet : Les effets du réchauffement climatique sur la santé humaine.
Nous le savons déjà, une exposition trop importante des testicules à des températures élevées réduit la quantité de sperme ♂️. Mais les scientifiques alertent, dans la revue Fertility and Sterility, sur un risque moins connu : la diminution de la fertilité des générations futures.
Comment l’expliquer ? Par un simple lien de cause à effet : la population, en moins bonne santé, donnera naissance à des enfants en moins bonne santé, plus à même de souffrir de troubles de la fertilité, et ainsi de suite. En effet, les effets du réchauffement climatique sur la santé s’accumuleraient tout au long de la vie des parents, d’après Pauline Mendola, coautrice de l’étude, au point de provoquer un cycle intergénérationnel répétitif susceptible de s'amplifier d'une génération à l’autre.
Résultat : Le risque de complications au cours de la grossesse serait amplifié (troubles hypertensifs, diabète gestationnel, dépression, pré-éclampsie…) ;
- Le recours aux traitements contre l’infertilité sera multiplié ;
- Les fausses couches et accouchements prématurés seront plus fréquents ;
- L’exposition à la chaleur et à la pollution de l’air au cours de la grossesse engendrera des risques accrus de mortinatalité, de faible poids à la naissance, et d'anomalies congénitales fœtales.
Et comme toujours, le fardeau sera prioritairement porté par les catégories de populations les moins responsables du réchauffement climatique, à savoir les populations les plus défavorisées, ayant le moins accès aux soins 😔 C'est ce qu'on appelle l'injustice climatique : pas tous logés à la même enseigne.
Vers une infertilité thermique généralisée ?
Mais la fertilité humaine n’est pas la seule à être menacée, c’est en fait une infertilité de toutes les espèces causée par les excès de chaleur qui nous pend au nez 😱, d’après des chercheurs anglais, qui ont démontré que la reproduction de nombre d’entre elles dépendra des limites thermiques. Ainsi, certaines d’entre elles risquent de disparaître sous l'effet du changement climatique.
Les experts sont en effet parvenus à démontrer que les mouches mâles deviennent stériles lorsqu'elles sont confrontées à des températures inférieures aux températures létales d'environ quatre degrés.
Il faut savoir que la plupart des espèces vivantes ont une « limite thermale critique » (LTC), qui désigne le niveau de température à partir de laquelle une espèce ne parviennent plus à survivre 🥵, et au-delà de laquelle sa mort est assurée à plus ou moins long terme. Or, il se trouve que quelques degrés en dessous de cette température, même si la survie demeure possible pour les individus, la fertilité, elle, est impactée. Pour en revenir aux mouches, d’après leurs calculs, d’ici 2060, plus de la moitié des zones étudiées seront suffisamment fraîches pour assurer leur survie, mais pas pour préserver leur fertilité 🪰.
Un problème partagé par de nombreuses autres espèces : par exemple, la hausse des températures, qui affecte le cycle de reproduction des tortues de mer, pourrait conduire à leur disparition, selon une seconde étude publiée par The Royal Society Open Science Journal en février 2023, alors même que 6 des 7 espèces de tortue de mer existantes figurent déjà sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN dont deux sont en danger critique d'extinction 🐢. Plus il fait chaud, plus elles mettront au monde des femelles, de sorte qu’on estime que 76 et 93% des individus seront des femelles à l’horizon 2100 ♀️.
Les scientifiques estiment ainsi que la moitié des espèces seront vulnérables, demain, à une infertilité thermique, faisant peser une menace majeure sur la biodiversité : porcs, poissons, fleurs, abeilles et… humains. Selon Tom Price, auteur principal de l’étude initiale, « Il y a un risque que nous ayons jusqu’ici sous-estimé l’impact du réchauffement climatique sur la survie des espèces, car nous nous concentrions sur la limite à partir de laquelle la température devient mortelle pour les organismes, au lieu de considérer la température à partir de laquelle les organismes ne se reproduisent plus ».
Une nouvelle preuve témoignant du fait que la modification des températures et le dérèglement climatique ont un impact majeur sur la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes 🌿.
👉 Pourquoi parle-t-on de la sixième extinction ?
La survie de l'espèce humaine en danger ?
C’est pourquoi la Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique (Figo) souligne l'impact de la crise climatique sur la reproduction humaine dans l'International Journal of Gynecology and Obstetrics, et alerte sur une urgence de santé publique qui affecte de manière disproportionnée les femmes enceintes, les enfants et la reproduction humaine dans son ensemble 🚼.
👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
À retenir :
Les effets du changement climatique sur la santé humaine et sur la biodiversité sont de plus en plus visibles, mais ce que l’on sait moins, c’est que le dérèglement du climat et la hausse des températures a un impact direct sur la fertilité, qu’elle soit humaine ou animale. Un problème de taille qui commence à devenir préoccupant, car la situation pourrait s’aggraver de génération en génération, menant à la disparition de certaines espèces qui, bien qu’en dessous des limites de température permettant la survie des individus, voient leur fertilité impactée et leur reproduction compromise. Côté espèce humaine, même si la reproduction ne menace pas, à court terme, d’être empêchée par l’augmentation des températures, la santé des individus devrait se dégrader de génération en génération, sous l’effet du réchauffement du climat, au point de nuire toujours un peu plus à la fertilité de l’espère.
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Sources : pourquoidocteur.fr, futura-sciences.com, youmatter.world
