Les mauvaises herbes sont-elles vraiment si mauvaises que ça ?

Mis à jour le par Equipe Rédaction

L’étude des mauvaises herbes porte un nom : c’est la malherbologie, une science inventée au milieu du XIXème siècle par James Buckman, pharmacien chimiste anglais et Thilo Irmisch, botaniste allemand. Eh bien, ils ont tous deux mis en lumière le fait que parmi ce que nous appelons communément « mauvaises herbes » se cachent en fait des herbes amies, injustement mal aimées et qualifiées d’indésirables. Et si les « mauvaises » herbes étaient en fait nos alliées ?

Les mauvaises herbes sont-elles vraiment si mauvaises que ça ?

Pourquoi, « mauvaises » ?

Les mauvaises herbes au jardin sont les mêmes que nous admirons à la campagne sur le bord des chemins. C’est ainsi qu’une plante qui pousse à un endroit où elle n’est pas souhaitée est qualifiée d’adventice ou de mauvaise herbe 🌱. Le jardinier ne les apprécie que modérément, dans la mesure où celles-ci entrent en concurrence avec les plantations du jardin, tant sur la question des nutriments que de la lumière ou encore de l’eau.

Elles ont en plus une fâcheuse tendance à surgir de nulle part, comme par sorcellerie, sans avoir été semée au préalable, et à proliférer de manière plus ou moins anarchique. Ce côté envahissant fait d’elles les ennemies à abattre au jardin, dès le début du printemps.

En fait, si les mauvaises herbes sont si difficiles à éradiquer, c’est avant tout parce qu’elles doivent faire preuve d’une grande ingéniosité pour prospérer malgré les attaques de l’homme. C’est ainsi que génération après génération, elles sont devenues plus prolifiques en graines, afin de se disperser plus facilement 🌿.

Les plantes sauvages, des atouts biodiversité

Mais en fait, il existe de nombreuses bonnes « mauvaises » herbes, qui soutiennent la biodiversité en fournissant le gîte et/ou le couvert à la faune. Par exemple, la marjolaine, l’origan, le pissenlit, la berce, la chicorée sauvage, la bardane, le lierre, l’eupatoire, le lamier, ou la bourdaine attirent les précieux insectes pollinisateurs 🐝. 

Le sureau, le lierre, les graminées, l’aubépine, la renouée ou le plantain nourrissent les oiseaux 🐦. Les insectes auxiliaires au jardin sont favorisés par la centaurée, le fenouil, l’ortie, le lierre, ou encore les pâquerettes.

À l’inverse, de nombreuses « mauvaises » herbes ont une action insecticide bien utile au jardinier qui sait les reconnaître, comme la tanaisie ou la fougère aigle.

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Et pourquoi ne pas se nourrir de mauvaises herbes ?

Sans oublier les « mauvaises » herbes comestibles 😋, telles que le pissenlit, la cardamine, l’ail des ours, le fenouil, les orties, ou les feuilles de pâquerettes. Depuis la nuit des temps, les adventices faisaient partie de notre régime alimentaire, un moyen de subsister grâce à la cueillette. 

Ce n’est qu’en se sédentarisant que l’Homme a commencé à cultiver lui-même les plantes de son choix, au point aujourd’hui d’avoir centré entièrement son alimentation sur les quelques fruits et légumes les plus rentables à exploiter. Pourtant, l’utilisation de plantes sauvages en cuisine regagne du terrain, une tendance qui sonne comme un retour aux sources.

Le pouvoir médicinal des adventices

De nombreuses plantes ont le pouvoir de soigner les Hommes (sauge, bouillon-blanc, bleuet, chélidoine…) de même que les autres plantes (consoude, orties, soucis…). C’est en se nourrissant des plantes que les Hommes ont découvertes, au fil des siècles, l’incroyable pouvoir de certaines d’entre elles 💊. C’est ainsi que nombre d’herbes folles ont été exploitées pour leurs vertus thérapeutiques.

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Des bio-indicateurs de la qualité d’un sol

Toutes les herbes sont des indicateurs de qualité du sol. La graine permet aux plantes d’attendre le bon moment, de rester en dormance jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour permettre sa pousse. Les « mauvaises » herbes sont de précieuses plantes bioindicatrices qui nous en apprennent beaucoup sur le sol 🔍.

Ici, c’est leur caractère spontané qui nous intéresse. C’est ainsi qu’un jardinier bien renseigné déduira de la présence d’orties, de gratteron, de lamier, de bourrache, de séneçon ou encore de pissenlit que le sol est fertile, et qu’à l’inverse, les coquelicots et l’oseille apprécient les sols pauvres et calcaires. 

De leur côté, le plantain, l’espargoute et la renouée des oiseaux annoncent un sol acide, tandis que la pensée sauvage, l’oreille de mulot ou la sanve prolifèrent sur un sol alcalin. Le liseron des champs, de son côté indique qu'il y a trop d'azote, tandis que le chiendent apparaîtra si la terre est retournée trop régulièrement.

À quoi bon savoir tout ça ? Pour sélectionner les plantes à cultiver préférentiellement sur la zone concernée 🎯, et pour ajuster ses pratiques au potager.

Les « mauvaises herbes » enrichissent la terre

De leur côté, le rumex, le trèfle, ou les fabacées bonifient les sols 💪. Certaines plantes sont ainsi susceptibles d’enrichir la terre, on aurait bien tort de s’en priver ! Ainsi, le pissenlit apporte du fer, du sodium, du potassium et du phosphore, et le chiendent disséminera du potassium, de la silice, du chlore et du molybdène.  

Les belles mauvaises herbes : certaines sont tout simplement très jolies et ornementales, comme le pavot, le bleuet, la campanule ou le lierre.

Désherber, oui, mais avec parcimonie !

Il est donc primordial d’apprendre à désherber avec discernement et à se montrer sélectif, afin d’éviter que les herbes sauvages ne se propagent et concurrencent les autres plantations tout en épargnant celles qui peuvent se montrer utiles. Une bonne pratique consiste à conserver des zones naturelles au jardin, une habitude excellente pour la biodiversité !

Les adventices arrachées pourront rejoindre le compost afin de restituer tous les nutriments qu’elles avaient prélevés dans la terre.

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À retenir :

Georges Oxley, biologiste et spécialiste de la vie des sols, en est convaincu : les mauvaises herbes n’existent pas. Selon lui, les plantes sauvages sauveront l’humanité, et il en a même fait un ouvrage intitulé « la fleur au fusil », évoquant les questions de nutrition, de santé et de climat.

Et en effet, les « mauvaises » herbes, ces mal-aimées à qui nous faisons la guerre au jardin pourraient bien être en fait bien plus utiles que ce qu’on pense : outre ce qu’ils apportent à la biodiversité dans sa globalité, certaines adventices sont comestibles, et d’autres ont des vertus médicinales. Au-delà de ça, elles disent toujours quelque chose du sol dans lequel elles poussent, et sont des bioindicateurs de la qualité et des carences de la terre, qu’elles enrichissent parfois . Autant de raisons d’apprendre à les reconnaître afin de désherber avec intelligence et discernement.  

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Sources : radiofrance.fr, jardinage.lemonde.fr, gammvert.fr, mediapart.fr

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