Un mauvais plan pour les loups en rĂ©ponse au contexte dâhostilitĂ© grandissante
Le Plan national dâactions (PNA) 2024-2029 sur le loup et les activitĂ©s dâĂ©levage, prĂ©sentĂ© le 18 septembre dernier au Groupe national loup (GNL), composĂ© de reprĂ©sentants du monde agricole, dâĂ©lus, de chasseurs, dâadministrations et dâassociations de protection de la nature, a provoquĂ© la colĂšre des ONG đ â. Il est vrai que le gouvernement ne sâest pas montrĂ© trĂšs clĂ©ment avec le loup et a affichĂ© son ambition « dâinstaller un nouvel Ă©quilibre » et de ne pas voir le pastoralisme disparaĂźtre. đ Le Loup en France, loup y es-tu ?
Une simplification des protocoles de tirs dâabattage
Notamment, les tirs seraient rĂ©alisĂ©s par deux tireurs au lieu dâun seul et les louvetiers, comme on les appelle, seraient Ă©quipĂ©s en lunettes de visĂ©e nocturne. Par ailleurs, ils ne seraient plus obligĂ©s dâĂ©clairer le loup avant de tirer. Les prĂ©lĂšvements seraient notamment renforcĂ©s en dĂ©but de saison afin de limiter les attaques durant la pĂ©riode dâestive đ. AprĂšs une attaque, des louvetiers seraient Ă©galement dĂ©ployĂ©s plus rapidement, dans les 48 heures, et les Ă©leveurs pourront ĂȘtre formĂ©s Ă la louveterie.
Une rĂ©ponse dĂ©noncĂ©e par les pro-loups comme Ă©tant contreproductive : en effet, les mises Ă mort seraient en fait susceptibles dâaggraver encore les choses, si lâon en croit les spĂ©cialistes, dans la mesure oĂč la mort dâune bĂȘte dominante pourrait dĂ©structurer une meute, et augmenter lâagressivitĂ© et les attaques des autres membres. Ă cĂŽtĂ© de ça, les alternatives Ă lâarme Ă feu ne seraient pas suffisamment valorisĂ©es, dâaprĂšs lâObservatoire du Loup, ce qui nuirait Ă leur efficacitĂ©. Par exemple, les clĂŽtures Ă©lectrifiĂ©es Ă 3 000 volts ne dĂ©passent pas 80 cm de haut, contre 120 dans les pays voisins, et sont bien souvent mal posĂ©es sur le terrain.
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Un plafond de prélÚvement sur la sellette
DâaprĂšs le texte, 209 loups pourront ĂȘtre abattus, conformĂ©ment au plafond de prĂ©lĂšvement fixĂ© Ă 19% de la population, et restant inchangĂ©. Il reprĂ©sentait 174 bĂȘtes en 2022, 168 bĂȘtes ayant finalement Ă©tĂ© abattues. Une augmentation du taux de prĂ©lĂšvement pourrait nĂ©anmoins ĂȘtre envisagĂ©e, si lâĂ©volution de la population lupine le permet.
Une meilleure prise en charge des victimes
Par ailleurs, lâaccompagnement des victimes de prĂ©dation prĂ©voit dâĂȘtre renforcĂ©, avec une indemnisation plus rapide - sous 125 jours - et facilitĂ©eđ°, prenant en compte les dommages indirects subis par les Ă©leveurs (pertes gĂ©nĂ©tiques, avortements, animaux disparuâŠ).
Une rĂ©forme du comptage Ă lâhorizon
Selon les derniers chiffres de lâOFB, 1 104 loups vivent en France dans cinquante-cinq dĂ©partements, en hausse de 107 % en cinq ans, tuant entre 11 000 et 12 500 animaux domestiques rĂ©partis dans 3 354 Ă©levages en 2022 đŹ, principalement dans les Alpes, en PACA, dans le Doubs comme en SaĂŽne-et-Loire. Mais encore une fois, cette Ă©valuation fait lâobjet de nombreuses contestations et la mĂ©thodologie de comptage pourrait Ă©galement Ă©voluer, lâOffice français de la biodiversitĂ© disposant dâune annĂ©e pour Ă©tudier et prĂ©senter au Groupe national loup des pistes de rĂ©forme.
4 Ă 5 millions dâeuros dâindemnisations ont ainsi Ă©tĂ© allouĂ©s aux Ă©leveurs lâannĂ©e derniĂšre, et le budget consacrĂ© au dĂ©ploiement de moyens de protection (clĂŽtures Ă©lectriques, chiens de protection, accompagnement techniqueâŠ) a littĂ©ralement explosĂ©, atteignant 40 millions dâeuros.
Vers un changement de statut ?
La France rĂ©clame le dĂ©classement du loup dâespĂšce strictement protĂ©gĂ©e Ă espĂšce protĂ©gĂ©e au niveau international et europĂ©en đ«Ł, ce qui pourrait impliquer une modification de la Convention de Berne. Une telle Ă©volution du statut permettrait de passer dâune logique de rĂ©action, donc en dĂ©fense, Ă une logique de gestion, câest-Ă -dire permettre des actions de prĂ©vention.
6 associations de protection de la nature claquent la porte du Groupe national loup
Le plan loup prĂ©sentĂ© par le gouvernement indigne et est dĂ©noncĂ© comme Ă©tant honteusement dĂ©sĂ©quilibrĂ©. Câest pourquoi le WWF, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), France Nature Environnement, Ferus, lâAssociation pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et HumanitĂ© et BiodiversitĂ© ont vivement protestĂ© son contenu dans un communiquĂ©. DâaprĂšs les ONG, il nây est « fait mention que des impacts nĂ©gatifs de la prĂ©sence du loup et pas des bĂ©nĂ©fices quâelle apporte, notamment pour la rĂ©gulation des populations de grands ongulĂ©s nĂ©cessaires au bon fonctionnement des Ă©cosystĂšmes forestiers », un plan qui contiendrait Ă©galement « de nombreuses inexactitudes et des affirmations mensongĂšres » sur lâĂ©tat de conservation de lâespĂšce en France, de mĂȘme que sur le bilan des dommages.
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Aucune des propositions des pro-loups retenue
41 propositions avaient pourtant Ă©tĂ© Ă©mises au printemps par les dĂ©fenseurs du loup, ayant toutes Ă©tĂ© ignorĂ©es, ce qui, aux yeux des associations de protection de la nature, tĂ©moigne, Ă un tel niveau de dĂ©sĂ©quilibre, dâune absence totale de sens de cette instance consultative.
Des frustrations aussi dans le camp des Ă©leveurs
ConcrĂštement, personne nâest bien satisfait par le nouveau texte. CĂŽtĂ© Ă©leveurs, on espĂ©rait obtenir que lâensemble du territoire français devienne Ă©ligible au financement de certains moyens de protection du fait de lâĂ©volution possible des zones dâexpansion gĂ©ographique du loup, dâune part, et dâautre part, que les Ă©leveurs bovins soient Ă leur tour considĂ©rĂ©s comme protĂ©geables au mĂȘme titre que les autres. En vain Ă©galement.
Ă retenir
Le nouveau plan national loup 2024-2029, sans surprise, divise autant que cet emblĂ©matique animal. Comme toujours, les pro-loups, soucieux de prĂ©server la population de cet animal sous haute protection, sâopposent aux Ă©leveurs, qui chaque annĂ©e accusent dâimportantes pertes dans leur cheptel. Une Ă©quation fort difficile Ă rĂ©soudre pour le gouvernement, qui tout en cherchant Ă mĂ©nager la chĂšvre et le loup, tient Ă©galement la caisse des indemnisations et subventions. Pour lâheure, le loup demeure une espĂšce strictement protĂ©gĂ©e dans toute l'Europe par la Convention de Berne. Pour combien de temps encore ?
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Sources : ferus.fr, reporterre.net, huffingtonpost.fr, bfmtv.com, france3-regions.francetvinfo.fr
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