Remplacer les engrais chimiques par des champignons, la bonne idée de Mycophyto

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Et s’il existait une solution capable d’augmenter les rendements des cultures tout en réduisant le recours aux engrais chimiques et en luttant contre la sécheresse ? Qui permettrait d’ouvrir la voie de l’agriculture vers une transition environnementale et durable, tout en étant réaliste économiquement ? On en rêvait, la start-up Mycophyto serait-elle en train de le faire 😃 ? Une chose est sure, cette solution à mi-chemin entre biotechnologie, big data et intelligence artificielle n’a pas fini de faire parler d’elle !

Remplacer les engrais chimiques par des champignons, la bonne idée de Mycophyto

La biotechnologie au service de la transition agricole

Utiliser les synergies naturelles entre plantes et les micro-organismes du sol pour favoriser la transition agricole sans aggraver la pollution des sols et des eaux, et l’érosion de la biodiversité : voilà l’objectif ambitieux de la start-up Mycophyto 🌿. Enfin une alternative biologique capable de rivaliser avec le tout chimique ?

Les engrais chimiques, un poison pour l’environnement

En agriculture conventionnelle, pour augmenter le rendement des cultures, le sol est amendé de doses massives d’engrais chimique : c’est ce qu’on appelle l’épandage, avec un trio de choc, et assez problématique, d’azote, de phosphate et de potassium, dont les sols trop exploités peuvent manquer 🚜. S’ensuit une importante pollution des sols et des cours d’eau souterrains, qui sont également nos principales sources d’eau potable. C’est ainsi que 66 % de la pollution de l’eau aux nitrates est imputable à l'agriculture, contribuant au passage au phénomène d’eutrophisation.

Des fertilisants chimiques également responsables de pics de pollution atmosphérique et qui n’en oublient pas d’émettre du gaz à effet de serre, le protoxyde d’azote, 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2).

👉 Quels sont les secteurs et industries les plus polluants ?

C’est pourquoi le recours à toujours plus d’engrais chimiques n’est clairement pas une option pour une agriculture durable… Mais avec les plus de 8 milliards de bouches à nourrir, les défis à relever par l’agriculture de demain sont titanesques. La microbiologiques et la biostimulation pourraient bien venir à son secours 👇

Les champignons mycorhiziens, des alternatives efficaces aux engrais chimiques

Environ 80% des plantes terrestres sont mycorhizées, autrement dit elles vivent en symbiose avec un champignon qui lui permet d’accéder à davantage de nutriments 🌱. Indispensables au développement d’un grand nombre de plantes, les champignons mycorhiziens arbusculaires (CMAs) permettent d’enrichir naturellement la terre. Une propriété qui n’a pas échappé à la start-up Mycophyto, qui y a vu une solution microbiologique innovante permettant d’optimiser les équilibres biologiques et de restaurer la diversité biologique des écosystèmes, sans recours aux produits phytosanitaires chimique 💪.

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Champignon mycorhizien et plante : une précieuse synergie

Il existerait ainsi entre 200 à 300 espèces de champignons mycorhiziens, qui augmentent de 100 à 1000 fois la surface d’échange entre les plantes et le sol. En fait, c’est un peu comme si ces organismes agissaient comme des rallonges pour les racines, leur permettant de multiplier la surface d’échange et les réseaux de connexion entre la terre et le végétal : la plante capte les éléments nutritifs plus loin et plus efficacement. Et cerise sur le gâteau : ces champignons bienfaiteurs mettent en place des petites réserves d’eau de manière à la rendre plus disponible pour la plante en question.

Rien de nouveau sous le soleil, car ça fait à peu près 450 millions d’années que ça fonctionne comme ça dans nos sous-sols. Nous avons juste pensé pouvoir nous en passer 🙄… Or, l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques a pour effet de détruire ces précieux champignons, qui pourtant ont pour effet de maximiser la production 🙃.

Quel est le concept développé par Mycophyto ?

Il s’agit donc de prélever des champignons mycorhiziens du sol, de les reproduire en laboratoire et de les réinjecter dans la terre au moyen de poudres, de granulés ou de liquide à disperser dans le sol pouvant réunir jusqu’à 25 espèces de champignons mycorhiziens ⚗️. En parallèle, l’intelligence artificielle permettra, grâce à un système développé conjointement avec l’Inria, de déterminer à partir d’une coordonnée GPS quelles espèces de champignons seront les plus adaptées à la nature du sol, sans nécessiter de prélèvement, hors microclimats et terroirs d’exception qui ne pourront en faire l’économie.

Le principe n’est pas inconnu, mais un seul de ces champignons fait actuellement l’objet d’une commercialisation, alors qu’il en existe plusieurs centaines, de nature à s’adapter aux différents climats, caractéristiques locales et cycle de développement de la plante.

Des résultats prometteurs

Par exemple, en inoculant ces champignons en grande quantité aux pieds de tomate 🍅, on obtient de 15 % à 30 % de fruits en plus sur chaque pied et de meilleures qualités nutritives, de même que trois semaines de récoltes supplémentaires, le tout avec une diminution de 50% du recours aux engrais. 👉 Cultiver ses tomates sans eau, c'est possible ?

Un pied de rosier donnera, de son côté, 2,5 fois plus de fleurs par pied, et il en résulte jusqu’à 40% de stress hydrique en moins dans les vignes et les plantations d’oliviers. Les besoins en engrais ont par ailleurs été réduits de 80% sur les plantations de fruits rouges. Mais ce n’est pas tout car le goût, aussi, est au rendez-vous : après plusieurs dégustations à l’aveugle menées avec un chef étoilé, le goût originel du produit serait également renforcé 😋.

Meilleure protection contre les bioagresseurs (mildiou…), meilleure résistance aux aléas climatiques, limitation de l’érosion et structuration des sols… Le tout en réduisant considérablement l’empreinte environnementale des cultures.

Mycophyto, la révolution est en marche ?

C’est Justine Lipuma qui, après son lycée agricole, et après avoir étudié la microbiologie, et notamment les interactions entre les bactéries fixatrices d’azote et les légumineuses, a eu cette riche idée 💡. Elle se passionne alors sur les mécanismes de la symbiose entre les plantes, les champignons microscopiques et les bactéries, et crée la startup Mycophyto en 2017 avec Christine Poncet, de l’Unité Inra Institut Sophia Agrobiotech. Une petite pépite qui a déjà remporté de très nombreux prix, notamment le prix de la Start-Up de l'année 2022 pour la région Sud-Est, et a procédé en fin d’année 2022 à une levée de fonds de plus de quatre millions d’euros 💰, à laquelle nombre d’entrepreneurs et de Business Angels ont répondu, afin de l’aider à passer à l’échelle industrielle et à multiplier ses données. 

Objectif 70 millions d'euros de ventes en 2027, le ton est donné ! Une nouvelle levée de fonds en cours d’année 2023 aura pour objet de bâtir un site de production capable de produire et de proposer une offre commerciale qui reviendrait à environ 800 euros par hectare, donc plutôt bon marché à côté des engrais chimiques.

Déjà présente sur 4 filières agricoles principales - Plantes à parfums, aromatiques et médicinales, maraîchage & fruits / légumes, vigne et aménagements paysagers, la start-up ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Cette solution pourrait en effet être déployée sur 80 % des cultures 💪 !

À retenir

L’agriculture intensive ne permet pas un système de production durable du fait d’un recours massifs aux intrants chimiques qui ont pour but de maximiser la production, avec le bien triste résultat environnemental que nous connaissons. Et si des alternatives biologiques naturelles existaient ? Mycophyto est une startup innovante qui propose d’utiliser les synergies naturelles entre plantes et champignons mycorhiziens pour enrichir naturellement la terre, optimiser les équilibres biologiques et les échanges entre les racines et la terre. Une solution microbiologique qui donne des résultats très prometteurs, et qui pourrait être déployée sur 80 % des cultures. Affaire à suivre avec attention !

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Sources : france3-regions.francetvinfo.fr, inrae.fr, usine-digitale.fr, lesechos.fr, reference-agro.fr, radiofrance.fr, mycophyto.fr, futura-sciences.com, lemonde.fr

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