Alerte au blanchissement : une situation critique pour les récifs coralliens du monde entier
Selon le rapport du programme de conservation des récifs coralliens de la NOAA, le monde connaît son deuxième plus grand épisode de blanchissement des coraux en dix ans, alors que la planète a déjà perdu 30 à 50% de ses récifs de coraux et que ces derniers, si rien n’est fait, pourraient définitivement disparaître d’ici la fin du siècle 😱.
En effet, la moitié de la surface de l’océan est classée en niveau d'alerte 5/5 du fait de l’épisode de blanchissement généralisé des coraux en cours. Un phénomène mondial qui se distingue des épisodes localisés qui interviennent régulièrement çà et là.
En particulier, les océans Atlantique, Pacifique et Indien entre février 2023 et avril 2024 ont été le théâtre d’une véritable hécatombe et présentent un risque de mortalité à 100% des espèces présentes.
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Vagues de chaleur marines : les récifs coralliens en zone létale
Le stress des coraux est directement corrélé à la chaleur de l’eau des océans, qui a atteint un niveau anormalement élevé depuis début 2023. Les zones les plus impactées se situent dans le golfe du Mexique, au large de la Floride et des Caraïbes, dans la Mer Rouge, le golfe Persique, le long de l’ouest de l’Afrique et du Portugal, mais aussi, et surtout, dans la Grande Barrière de corail en Australie.
En cause une année 2023 la plus chaude jamais mesurée et un été austral 2023-2024 le deuxième plus chaud jamais observé 🥵. S’en est suivi une hausse record des températures de l’eau qui entraîne l’expulsion des algues symbiotiques et le dépérissement de ces joyaux de la biodiversité marine, menaçant la survie de tous les récifs de coraux de la planète.
Ces microalgues unicellulaires appelées zooxanthelles leur permettent notamment de construire leur structure calcaire, et leur donnent leur couleur vive, de sorte que quand cette symbiose est compromise, le corail blanchit 🪸. À terme, si les températures persistent, le corail finit par mourir.
D’après Copernicus, l’observatoire européen, la température des océans a en effet atteint un nouveau record absolu en mars 2024, avec 21,07 °C de moyenne mesurée en surface, hors zones proches des pôles.
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Un dépérissement de plus en plus fréquent et grave
Il s’agit du 2ème épisode de blanchissement mondial en 10 ans, dont l’occurrence se précipite car seuls 4 d’entre eux ont été observés depuis 1985 (en 1998, 2010 et 2016).
Une situation tellement grave que la NOAA, l'administration américaine des océans et de l'atmosphère, a été jusqu’à revoir ses niveaux d’alerte sur ses cartes dédiées au risque de mortalité des coraux : de 5 niveaux (allant de bonne santé à niveau d’alerte 2, qui traduit un risque de mortalité sur les espèces les plus sensibles), on est passé à 8 niveaux, avec les alertes de niveau 3, 4 et 5, décrété en cas de risque de mortalité quasiment totale des différentes espèces présentes à hauteur d'au moins 80 %, ce qui est le cas actuellement.
La Grande Barrière de corail lourdement impactée
Environ 730 récifs sur les plus de 1000 observés de la Grande barrière de corail en Australie ont blanchi. Il s’agit du pire épisode de blanchissement jamais observé, directement imputable aux effets du changement climatique : 73% des récifs y sont concernés 😔.
Un véritable drame pour la biodiversité marine se joue actuellement devant nos yeux : rien que pour la Grande barrière de corail, considérée comme la plus grande structure vivante du globe qui abrite plus de 1625 espèces de poissons, jusqu'à 46% des récifs qui y sont présents a subi un stress thermique record (contre 20% lors de l’épisode de 2016, déjà catastrophique, qui avait vu mourir 30% des coraux de la grande barrière australienne).
Et si le corail venait à disparaître ?
Les conséquences de sa disparition seraient terribles, y compris pour les populations humaines, mettant en péril la sécurité alimentaire et les économies locales. Ces zones de biodiversité ne représentent que 0,2% de la surface des océans, mais 30% de la faune marine en dépendent néanmoins 🐠. Mais ces récifs nous rendent aussi bien d’autres services d’importance, protégeant notamment les côtes de l’érosion.
Des écosystèmes irremplaçables dont la survie impose des mesures immédiates pour limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de contrer d’urgence le réchauffement climatique.
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La lente résilience des récifs coralliens est encore possible
Les vagues de chaleur marines de ces derniers mois mettent en grand danger de nombreux récifs coralliens, qui avaient déjà été fortement fragilisés par l’épisode précédent, en 2016, alors même qu’ils ont besoin de plusieurs années, parfois 10, pour se régénérer quand ils parviennent à survivre.
En effet, si les grands facteurs de stress des coraux diminuent – surpêche, pollution, température océanique… - Leurs chances de résilience sont réelles. Le blanchissement peut en effet n’être que temporaire, mais la phase de rémission qui s’ensuit est longue. Si la situation de stress persiste, en revanche, des colonies entières de coraux sont décimées…
À retenir :
Du fait du réchauffement climatique et des vagues de chaleurs océaniques de ces derniers mois, un épisode massif de blanchissement s’abat sur les récifs coralliens à l’échelle de la planète. L’une de ses plus grandes victimes n’est autre que la Grande Barrière de corail, qui longe la côte australienne sur plus de 2 300 km, et qui traverse la période la plus pâle de son histoire. Si rien n’est fait pour réduire les facteurs de stress de ces écosystèmes irremplaçables, et notamment pour limiter dès maintenant les effets du réchauffement climatique, ils pourraient définitivement disparaître d’ici la fin du siècle, avec de lourdes conséquences tant sur les écosystèmes marins que sur l’Homme.
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Sources : sciencesetavenir.fr, futura-sciences.com, lemonde.fr