La dimension spirituelle de l’écologie en fait-elle une religion ?
Là où l’écologie rejoint sous certains aspects la religion, c’est qu’elle invite l’Homme à se décentrer et à réévaluer sa place dans un univers qui le dépasse 🌍. Elle remet en question un rapport à la Terre destructeur, et peut impliquer une certaine sacralisation de la nature. L’écologie nécessite une transition intérieure afin d’agir à la racine des causes profondes de la crise environnementale actuelle. Elle incite à se renouer à la Terre. Pour résumer la toile de fond, l’Homme, à qui on a confié un véritable jardin d’Eden, en a fait n’importe quoi, au point de flirter avec l’Apocalypse : il s’agit bien de la matrice catholique. 👉 C'est quoi, l'éco-psychologie ? Entre psychologie et écologie
De même, l’écologie, au même titre que le discours religieux, a un impact sur les comportements quotidiens, et notamment sur l’alimentation, de la même manière que les musulmans mangent halal ou que les juifs mangent casher pour se conformer au dogme religieux auxquels ils croient.
Sanctuaire de biodiversité, conversion au bio… Il est vrai que le vocabulaire employé a de quoi interroger. Certaines grandes figures écologistes ont d’ailleurs un faux air prophétique, à l’image de la jeune Greta Thunberg. L’écologie viendrait-elle combler un vide apparu avec la déchristianisation 🤔?
🤓 Ainsi, d’après Michael Shellenberger, auteur très controversé de « Apocalypse Zéro : Pourquoi l'alarmisme environnemental est dangereux », l’écologisme apocalyptique satisfait aux mêmes besoins psychologiques et spirituels que le judéo-christianisme et d’autres religions. Jérôme Fourquet, directeur du département en charge de l’opinion à l’Ifop, établit également un parallèle entre le fonctionnement de l’écologisme d’aujourd’hui et la matrice catholique d’autrefois, tout en précisant que le discours écologiste s’appuie sur des travaux scientifiques exclus du registre du dogme ou de la foi. D’après lui, il serait plus juste d’affirmer que l’écologie fonctionne comme une religion ou peut jouer le rôle sociologique d’une nouvelle religion.
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L’écologie est fondée sur des données scientifiques
Si la dimension spirituelle de l’écologie est indéniable, il s’agit plus d’une éthique personnelle basée sur des recherches tout ce qu’il y a de plus scientifique et particulièrement poussées que d’un dogme ou des textes sacrés 🙏. Il n’existe pas, que l’on sache, d’Eglise, de rites collectifs ou d’une institution des écologistes. S’il est vrai que certains rassemblements notamment aux Etats-Unis - les Rainbow Gatherings - sont organisés autour d’idéaux de paix et d’écologie, et donnent lieu à des séances de méditation et de prière en pleine nature, la pratique est quand même très en marge. Ainsi, la grande différence entre l’écologie et la religion, c’est que le constat s’appuie sur des faits scientifiques indiscutables. Et les experts du GIEC, dont les rapports peuvent un peu être considérés comme la Bible en matière de dérèglement climatique, sur formels sur cette question.
Certains vont même plus loin, à l’image de Lynn White, historien américain décédé en 1987, qui estimait que la crise écologique s’expliquait par l’émergence, au cours du Moyen-Âge européen, d’une interprétation du christianisme qui en a fait « la religion la plus anthropocentrique que le monde ait connue », au point de couper complètement l’Homme de la nature, plaçant ainsi la religion en véritable responsable de la crise environnementale de notre époque.
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Comparer l’écologie à la religion pour la décrédibiliser
Comparer l’écologie à une religion revient à décrédibiliser un mouvement qui s’appuie pourtant sur des données démontrées scientifiquement 👎.
D’après les termes de l’économiste John Kay rapportés par le Financial Times, par exemple, « Le monde des affaires devrait traiter le mouvement écologiste comme n’importe quelle autre croyance religieuse ». D’après lui, en effet, l’écologie a repris à son compte le mythe de la chute originelle, empreint du mythe religieux de l’Apocalypse. S’il est vrai, à ses yeux, que la planète se réchauffe, le fait que la faute soit imputable aux activités humaines est de son côté discutable, et renverrait à une doctrine d’ordre religieuse, justifiant le lien entre nos péchés passés et les catastrophes à venir. De ce fait, les hommes d’affaires n’auraient pas à y adhérer. Un argument de plus, donc, pour alimenter les thèses des négationnistes climatiques 🙄.
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Quand l’écologie rencontre la religion
Au cours de la COP27 à Charm-El-Cheikh en Égypte, les représentants des grandes religions mondiales (christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme, hindouisme) ont élaboré dix commandements écologistes pour la protection de la vie sur Terre afin d’inciter les croyants et les institutions religieuses à mettre leur pouvoir au service de la cause environnementale 🌿. Rappelant la responsabilité de l’être humain d’aimer et de protéger la nature, les règles établies s’accordent sur le fait que toute vie doit être traitée avec respect, dans la mesure où la nature est imprégnée par le spirituel ou par Dieu, et que l’interdépendance entre tous les êtres qui font partie d’un grand tout nécessite de prendre soin de la planète. Il y est rappelé que le bien-être de l’humanité ne peut pas être envisagé sans le bien-être du reste du monde 🌍. Ainsi, d’après Yonatan Neril, rabbin israélien, « La religion aussi doit se convertir à l’écologisme ».
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À retenir
De nombreuses voix s’élèvent afin d’assimiler l’écologie à une religion prospérant sur les ruines du christianisme. S’il est vrai que l’écologie possède une dimension spirituelle, elle n’en est pas moins entièrement fondée sur les données les plus récentes et les plus pointues de la science, et non sur un dogme ou des textes sacrés. Il s’ensuit que l’écologie ne peut en rien être assimilée à une religion, même si cet argument est parfois brandi par les climatosceptiques et éco sceptiques à l’appui de leurs thèses. Elle peut, tout au plus, jouer auprès de certains le rôle sociologique d’une nouvelle religion.
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Sources : courrierinternational.com, caminteresse.fr, sudouest.fr, alerte-environnement.fr, lafranceagricole.fr, lemonde.fr, reporterre.net