C’est quoi, au juste, l’écopsychologie ?
L’écopsychologie est un nouveau domaine de recherche ambitionnant d'essayer de comprendre les mécanismes psychologiques et les fondements neurologiques de notre évidente difficulté à faire face à la crise écologique, et à y apporter une réponse.
Plus largement, l'écopsychologie s'adresse à tous les êtres humains qui souffrent de déconnexion avec la nature, qu’ils en aient, ou non, conscience, et s’efforce de comprendre les mécanismes autodestructeurs en nous et d'arriver à les transformer.
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L’Homme a perdu tout lien avec la Nature
L’écopsychologie propose d’aller à la véritable racine des problèmes écologiques, qui serait en fait d’ordre culturel. Si l’Homme s’évertue à détruire les écosystèmes et la biodiversité, alors que sa survie même en dépend, c’est parce qu’il a perdu le lien qui le lie à la nature 🌿.
Cette distance avec la nature, peu à peu, lui a fait perdre toute capacité à la ressentir, au point qu’elle lui apparaît désormais comme un objet extérieur, dans lequel il peut puiser à loisir pour la satisfaction de ses besoins. Intellectuellement, nous savons toutes les souffrances infligées à la nature, nous ne les ignorons pas, mais nous ne les ressentons pas, et c’est là toute la différence.
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Nul ne peut plus dire qu’il ne sait pas
D’où vient cet abyssal hiatus entre le contenu de l’actualité scientifique, on ne peut plus alarmiste, et l’inertie désespérante de l’évolution de nos modes de vie 🤨 ? Cela va faire 50 ans que l’on nous bassine avec ça, mais que nous semblons continuer à foncer droit dans ce mur, là, que tout le monde voit bien arriver.
Dérèglement climatique, pollution marine, érosion de la biodiversité, déforestation… L’ensemble de ces sujets est largement documenté, et devrait, selon toute logique, mener à une mobilisation d’envergure. Niet, nada. Il ne se passe, pour ainsi dire rien, ou du moins, l’urgence de la situation et la catastrophe en cours ne trouvent clairement pas de réponse à la hauteur de la gravité désormais indiscutable de la situation. La mobilisation se met timidement en place, certes, mais de manière dérisoirement minoritaire. Pourquoi diable notre cerveau ne percute-t-il pas 🧠 ?
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Pourtant, l’Homme ne réagit pas
D’après les écopsychologues, la nature a une âme, et notre psyché en est indissociable : elle est une des expressions de « l’anima mundi ». Autrement dit, nous formons un tout, nous l’avons juste oublié.
Or, ressentir la souffrance de la nature et du vivant nous amènerait, de fait, à tout mettre en œuvre pour y mettre un terme 😭. Accéder à nouveau à cette sensibilité mènerait à des changements plus rapides, plus profonds, plus systématique : au lieu de pratiquer les écogestes par contrainte morale, comme c’est bien souvent le cas, cela deviendrait une nécessité impérieuse, on ressentirait l’absolue nécessité d’aller plus loin, de devenir acteur du changement.
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Des mécanismes psychologiques qui freinent la transition
L’environnement socioéconomique pèse lourd dans notre perception de tous les jours. Notre confort, au quotidien, nous aveugle, habitués que nous sommes à une surabondance de biens, de ressources, et de produits, au point que nous fermons les yeux, de manière coupable, sur le revers de cette médaille dorée. Nos objectifs immédiats, la satisfaction de nos besoins et envies du moment, occultent le reste 🫣.
Comme le relève justement Sébastien Bohler dans son livre « Le bug humain », nos circuits de dopamine nous mènent à tous les excès. Les ressorts du consumérisme qui dominent notre cerveau sont puissants, paraissent parfois presque intangibles. Les comprendre, c’est trouver la clé 🗝️. Oui, nous avons encore un cerveau de « chasseur cueilleur », et la complexité de la situation actuelle persiste à lui échapper. Non, c’est malheureux, mais l’Homme n’utilise pas suffisamment son système réflexif, et c’est quand même un peu ballot parce que c’est un beau cadeau de la nature, pour le coup.
Les évènements, tant qu’ils ne sont pas proches et tangibles, et ne menacent pas notre intérêt immédiat, ne sont pas vraiment pris en compte. En fait, de nombreux spécialistes pensent qu’il est probable que les réels changements n’interviennent que lorsqu’une très grosse crise explosera et fera, de fait, des millions de morts, ce qui arrivera à terme 😱.
L’écopsychologie, soigner l’esprit pour soigner la planète
À la rencontre entre écologie et psychologie, principalement, avec une pincée, également de neuropsychologie, de sociologie, et d’anthropologie, ce mouvement invite à se reconnecter avec la nature 🌿, par des pratiques diverses telles que marcher pieds nus dans l’herbe ou s’essayer à la sylvothérapie.
Une écothérapie permet de renouer avec la Terre et le vivant, de développer son empathie avec le milieu, et non de résoudre des problèmes psychiques individuels. Mais l’écopsychologie est également un bon moyen d’apaiser l’éco-anxiété, par l’action, les deux étant intimement liés. 👉 5 habitudes à prendre pour se reconnecter à la nature
Ces thérapies ouvrent une porte pour s’immerger dans une nature sauvage, qui devient outil thérapeutique, et engendre un bouleversement du rapport entretenu avec elle : au cours d’un stage d’écopsychologie, les participants sont invités à exprimer leurs émotions face à la crise environnementale : colère, honte, impuissance, peur de l’avenir… Afin d’aider à les transformer en volonté de mobilisation.
L’objectif est de viser un changement profond de la société dans son ensemble et de réveiller la mémoire profonde d'un lien très fort entre l'humanité et la nature qui réside en chacun de nous. D’après Michel Maxime Egger, sociologue et journaliste de formation et auteur de « Soigner l'esprit, guérir la Terre », l’écopsychologie vise à favoriser la transition d’un moi « égocentré » à un moi « écocentré ».
Quelques exemples pratiques de l'Écopsychologie
L'écopsychologie a donné naissance à de nombreuses initiatives et pratiques qui visent à reconnecter les individus à la nature tout en promouvant un changement sociétal positif. Voici quelques exemples concrets de pratiques écopsychologiques réussies et de projets communautaires ayant eu un impact significatif :
- Ateliers de Sylvothérapie : Dans plusieurs régions du monde, des ateliers de sylvothérapie sont organisés pour aider les participants à renouer avec la nature. Ces sessions, souvent tenues en forêt, encouragent les individus à interagir avec les arbres, à méditer en plein air et à développer une conscience accrue de leur environnement naturel. Les participants rapportent souvent une réduction du stress et une augmentation de leur bien-être général après ces expériences.
- Jardins Thérapeutiques Urbains : Dans des villes comme Paris et New York, des jardins communautaires ont été créés pour offrir aux citadins un espace de reconnexion avec la nature. Ces jardins ne sont pas seulement des lieux de détente, mais aussi des espaces éducatifs où les gens peuvent apprendre à cultiver des plantes, comprendre les cycles naturels et participer à des activités de groupe qui renforcent le lien social et environnemental.
- Programmes de Réhabilitation Écologique : Des programmes de réhabilitation écologique impliquent des bénévoles dans des projets de restauration d'écosystèmes dégradés. Ces initiatives permettent aux participants de travailler directement sur le terrain, de comprendre les enjeux écologiques locaux et de contribuer activement à la préservation de la biodiversité.
- Retraites de Pleine Conscience en Nature : Des retraites de pleine conscience organisées dans des environnements naturels, comme les montagnes ou les bords de mer, offrent aux participants l'occasion de se déconnecter du stress quotidien et de se recentrer sur l'essentiel. Ces retraites combinent des pratiques de méditation, de yoga et de marche consciente, favorisant une profonde reconnexion avec la nature et soi-même.
- Éducation Écologique dans les Écoles : Certaines écoles ont intégré l'écopsychologie dans leur programme éducatif, en organisant des sorties régulières dans la nature et en enseignant aux élèves l'importance de la conservation environnementale. Ces programmes visent à sensibiliser les jeunes générations aux défis écologiques et à les inspirer à devenir les acteurs futurs du changement.
À retenir Sortir du déni pour sortir de l’impuissance : voilà le défi que s’est lancé l’écopsychologie, cette discipline relativement récente qui ambitionne de percer le mystère de l’étonnante capacité de l’Homme à persister dans ses comportements destructeurs avec l’environnement, au point de mettre en péril sa propre survie, tout en le sachant pertinemment. En restaurant le lien entre l’Homme et la nature, en ressentant la souffrance de la nature et du vivant, un véritable changement de société pourrait s’opérer, et chacun d’entre nous ressentirait le besoin de devenir acteur du changement. Comprendre les rouages de notre cerveau de « chasseur cueilleur », totalement aliéné par le consumérisme ambiant, nous permettra, peut-être, de réagir avant qu’il ne soit trop tard #uneseuleterre.
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Sources : reporterre.net, radiofrance.fr, linfodurable.fr, slate.fr, radiofrance.fr, psychologies.com
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