C’est quoi, la solastalgie ? Le mal du pays sans exil
🤓 Littéralement, on peut la traduire par « douleur du réconfort », du latin « solari » (le réconfort), du Grec « algie » (douleur, souffrance, maladie), et qui intègre également la notion de « désolation » (sentiment d'abandon et de solitude).
La solastalgie est une notion plutôt récente, qui n’a émergé qu’en 2007 sous l’impulsion d’un philosophe australien, Glenn Albrecht, de l'Université de Newscastle. Il observe en effet une déprime chez les habitants de la Hunter Valley en Australie devant la pollution et la transformation de leur région en raison de l’industrie minière. Elle sera ensuite étendue par le philosophe français Baptiste Morizot à notre condition face aux grands enjeux et bouleversements engendrés par le réchauffement climatique. Selon lui, la solastalgie est la « nostalgie d’un foyer pourtant bien présent, mais qui fuit sous les pieds, sans qu’on l’ait quitté un instant ». Le lien entre détresse environnementale et détresse psychique est ainsi établi 🌍. 👉 Est-il encore possible de stopper le réchauffement climatique ?
Elle désigne le sentiment de souffrance de perdre ce qui nous entoure et où on se sent bien, d’être privé du réconfort que procure le fait de se sentir chez soi, et d’un sentiment d’impuissance face à la dégradation de son environnement 🥹. C’est la traduction du malaise intime provoqué par une perte ou un manque de confort, et par le sentiment d’isolement en lien avec son environnement proche. D’après Baptiste Morizot, il s’agit d’un « mal du pays sans exil ».
Quand la détresse des écosystèmes engendre une détresse psychologique
Concrètement, il s’agirait d’un trouble généré à force d’entendre parler du réchauffement climatique, de l’extinction des espèces, de l’effondrement de la biodiversité, et globalement, au moment de la prise de conscience de l’état actuel de la planète. Les personnes qui en sont affectées, au moment du déclic, peuvent se sentir profondément affectées et sombrer dans cette mélancolie propre à notre époque. Elles peuvent être frappées par une profonde tristesse environnementale et perdre l’espoir d’un monde et d’un avenir meilleur.
Quelque chose se brise en elles et elles se laissent gagner par la fatigue et par la tristesse : elles ne parviennent pas à se projeter, à construire leur avenir dans un contexte aussi incertain. Porter le poids du monde sur ses épaules n’est, en effet pas chose aisé, ce qui peut conduire à un certain point de bascule. 🌿 Ainsi, l’effondrement des écosystèmes, par effet miroir, engendrerait un effondrement psychologique de certains individus.
Quelle différence avec l’éco-anxiété ?
🤓 Contrairement à l’éco-anxiété, qui se situe plutôt au stade de l’inquiétude, la solastalgie peut confiner à l’état dépressif. Elle peut en être la continuité, et la solastalgie peut en partie s’exprimer par de l’éco-anxiété. Les notions sont proches, mais pas synonymes.
Les facteurs déclenchants de la solastalgie
Les temps sont durs, en effet, pour les personnes dotées d’une sensibilité écologiste : rapport du GIEC, prévisions des experts climat de l’ONU, échec des COP les unes après les autres 😱… Il devient difficile de garder le sourire en toute occasion.
La solastalgie peut être déclenchée par des incendies de forêts ravageurs, un tsunami, une inondation, des sécheresses à répétition… Le sujet perçoit une perte des habitudes et racines héritées des anciens et se sent déraciné, désorienté. Le monde naturel de son enfance est en déclin. La neige se fait rare en hiver, les oiseaux succombent les uns après les autres, les glaciers fondent inexorablement, les forêts se consument, les ressources en eau diminuent… La nature est en pleine mutation, et plutôt dans le mauvais sens. Les paysages évoluent, les milieux naturels se dégradent, ils souffrent tant de la pollution que du dérèglement climatique : ils sont instables, en péril, en pleine métamorphose. La solastalgie fait écho à notre rapport à la fin du monde. 👋 L'horloge de la fin du monde ou horloge de l'apocalypse, qu'est-ce que c'est ?
👉 Peut-on vraiment encore sauver la planète ?
Les symptômes de la solastalgie
Tristesse, colère, angoisse, découragement, sentiment d’impuissance, de perte de sens, insomnies, voire dépression : autant de symptômes de la solastalgie 😭.
Un mal très répandu, et de plus en plus, mais qui ne fait encore aujourd’hui l’objet d’aucune reconnaissance officielle. Il demeure donc difficile de quantifier le nombre de personnes qui en souffrent. La notion intéresse néanmoins de plus en pus de psychiatres, notamment aux Etats-Unis.
La guérison passe par l’action : quel remède contre la dépression verte ?
Il semblerait que le meilleur remède des personnes qui y sont sujettes soit d’adopter des écogestes au quotidien et un mode de vie qui soit en cohérence avec leurs préoccupations et leurs principes, militer… Parvenir à transformer ces émotions légitimes en action est la clé pour apprendre à vivre avec, et à surmonter l’écoanxiété, ou du moins à la canaliser, sans pour autant tomber dans le burn-out écologique 💪. Ainsi, l’individu a le sentiment de reprendre le contrôle et le replacer le choix au centre de sa vie.
À l’inverse, l’inaction climatique est un refuge bien précaire face à ces préoccupations. Contrairement au déni, second mécanisme de défense couramment adopté face à la crise climatique en environnementale, la solastalgie ne prive pas celui qui en souffre du pouvoir d’agir. Cela en fait un bien meilleur pari sur l’avenir.
Une anxiété rationnelle et cohérente
🤔 Mais quand on y pense, peut-on vraiment parler de maladie quand on ressent une certaine anxiété dans un contexte climatique aussi préoccupant ? Nous vivons en effet à une époque où la charge mentale écologique est de plus en plus écrasante. Les personnes qui ne se sentent pas inquiètes en pareil contexte sont au choix, mal informées, ou ont trouvé refuge dans le déni. Toute personne saine d’esprit devrait ressentir, comment dire… Une réelle inquiétude en pareille situation 😅 ! Le problème, ce ne sont sans doute pas les personnes en détresse solastalgique, qui témoignent d’un lien puissant avec leur environnement, mais plutôt la politique de l’autruche ambiante face à une planète bel et bien malade🌍.
📍 Ainsi, en 2018, 93% chez les 18-24 ans se déclaraient préoccupés par la question climatique, si l’on en croit un sondage Ifop mené auprès d’un échantillon de 1 013 personnes.
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À retenir
La solastalgie, parfois considérée comme le nouveau « mal du siècle », désigne une détresse psychique qui découle de la détresse environnementale. Selon Rob Hopkins, enseignant britannique en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement international des villes en transition, « Il est normal d’avoir peur, et si vous n’avez pas peur, c’est peut-être que vous n’avez pas bien compris ». N’oublions pas que la honte ou la culpabilité ne feront pas avancer les choses : accepter l’ampleur des dégâts et faire de son mieux au quotidien, voilà la clé pour aller de l’avant et s’engager sur la voie des possibles ! Le présent est le seul temps qui vous appartienne vraiment.
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Sources : radiofrance.fr,
linfodurable.fr, scienceshumaines.com, lactualite.com, hellocarbo.com, ifop.com, libération.fr