C’est quoi, un climato sceptique ?
Les climatosceptiques désignent une catégorie de personnes qui remettent en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique, et qui dénient la responsabilité absolue de l’Homme sur les dégradations environnementales et le dérèglement climatique que nous connaissons actuellement. Ils mettent en doute la véracité des fondements scientifiques en question, minimisent la crise climatique, s’appuyant sur une absence de consensus scientifique à ce sujet.
🤓 À noter qu’il existe de nombreux points communs mais également une nuance entre les climato-sceptiques et les climato-dénialistes, ces derniers niant carrément la crise climatique. L’éco-scepticisme, de son côté, affecte plus largement la prise de conscience des enjeux écologiques.
Une absence de consensus absolu à l’appui de théories parfois complètement farfelues
Même s’il est vrai que les experts climatiques s’accordent à 97% sur un réchauffement d’origine humaine et que le nombre d’études allant dans ce sens ne cesse de se multiplier, effectivement, une poignée de scientifiques sont également climato sceptiques : c’est notamment le cas de Richard Lindzen, de Jean-Claude Pont, d’Ivar Giaever ou de Kary Mullis. Au sein du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) lui-même, il n’existe pas de consensus absolu sur la question de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Richard Courtney, notamment, relecteur expert du GIEC et consultant en science du climat et de l'atmosphère, n’en est pas convaincu 🤨.
Toutefois, le dernier rapport publié du GIEC est sans appel sur cette question, et tire plus que jamais la sonnette d’alarme sur la nécessité absolue de tendre de toute urgence vers la neutralité carbone.
37% de climato-sceptiques en France, un chiffre qui glace le sang
Les chiffres sont assez édifiants, car une récente enquête, produite par l’Observatoire International Climat et Opinion Publiques (EDF et Ipsos) identifie 37% de climatosceptiques en France, dont 29% considèrent qu’il y a bien un changement climatique mais pas d’origine humaine 😱. Une tendance d’autant plus inquiétante que les groupes climatosceptiques compensent bien souvent le fait d’être minoritaires par une forte présence en ligne.
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L’argument n°1 du climato-scepticisme : le réchauffement climatique est imputable à un cycle naturel
En gros, les climato sceptiques relativisent l’influence des émissions de CO2 sur la température du globe, s’appuyant sur le fait que la planète a déjà connu, par le passé, des évolutions de température de son atmosphère sans qu’aucune responsabilité ne puisse alors être imputable à l’Homme, et dénoncent une véritable psychose planétaire 🌍. Ce qui est tout à fait vrai pour les épisodes de réchauffement du climat intervenus il y a des millénaires, qui étaient alors imputables à l’activité volcanique, solaire, ou encore à la tectonique de plaques. Les scientifiques qui doutent avancent ainsi parfois l’argument des fluctuations de l'activité solaire qui réduiraient l'ionisation de l'atmosphère.
Le contre argument de l’accélération sans précédent du phénomène en cours
Des facteurs naturels néanmoins quasiment hors de cause dans la situation rencontrée actuellement par la planète, le présent réchauffement s’accélérant à un rythme très préoccupant ce qui témoigne d’une situation inédite à corréler avec l’activité humaine.
En effet, il y a 20 000 ans, le climat était certes 5 degrés plus froid qu’aujourd’hui, mais cette variation s'est produite en 10 000 ans 😅 : le changement climatique actuel pourrait parvenir au même résultat en seulement 30 ans, qui est en passe d’engendrer des impacts irréversibles pour les systèmes humains et écologiques. À ce sujet, les experts du GIEC sont formels : « Depuis 1970, la température mondiale a augmenté plus vite que sur toute autre période de 50 ans au cours des deux derniers millénaires ». Du strict point de vue de l’activité solaire, elle est complètement hors de cause dans ce phénomène, puisqu’il est justement dans une période de faible activité.
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La grande confusion météo/climat instrumentalisé par les courants climato-sceptiques
Par ailleurs, le climato-sceptique confond souvent météo et climat : pour si peu que l’hiver soit froid, le doute s’installe 🙃. Et comme, il est vrai, les prévisions météo manquent parfois de fiabilité à une semaine près, comment diable les scientifiques pourraient prévoir les températures des 50 prochaines années ?
Or, la météo étudie des phénomènes atmosphériques afin de prévoir le temps qu’il fera sur une journée précise, et repose sur des valeurs instantanées (pluviométrie, pression atmosphérique, vitesse du vent…), tandis que les climatologues s’appuient sur des paramètres plus tangibles pour se projeter sur des périodes plus longues, sur l’ensemble de la planète 🌍. Autrement dit, les températures enregistrées à un moment T et à un endroit précis ne sont pas significatives : c’est la moyenne des températures tout autour du globe qui permettra de dégager une tendance climatique.
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Le climato-scepticisme, la gangrène de l’action politique en matière climatique
Le problème principal étant que le climato-scepticisme n’épargne pas le monde politique, loin de là, et est même fréquemment utilisé comme levier d’action pour manipuler un électorat donné. Notamment aux plus hautes fonctions, un gros problème à l’heure où il s’agirait justement de mettre d’urgence les bouchées doubles pour atteindre la neutralité carbone : c’était le cas de Donald Trump, notamment, qui a fait sortir son pays des Accords de Paris au cours de son mandat 👏. A l’inverse, Barack Obama se positionnait à l’exact opposé, reprenant les termes de l’auteur Thomas Friedman : « si votre enfant est malade, et que vous consultiez 100 médecins ; 97 d'entre eux vous disent de faire ceci, trois vous indiquent de faire cela. Est-ce vous voulez suivre les conseils des trois ? ».
En France, le climato-scepticisme se retrouve principalement au sein de l’extrême droite souverainiste à tendance conspirationniste, de François Asselineau ou encore de Florian Philippot, jouant un rôle d’influenceurs antisystème, qui sont progressivement passés du thème de la « dictature sanitaire », au cours de la crise du Covid-19, à celui de la « dictature climatique ».
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Le climato scepticisme, un mécanisme de défense
D’un point de vue purement psychologique, il est peut-être plus supportable et moins culpabilisant de reporter la responsabilité de la situation sur d’autres phénomènes 🧐. Dans certains cas, l’éco-scepticisme peut s’apparenter à une sorte de déni, qui est un mécanisme de protection très répandu. Il est vrai que l’ampleur de la catastrophe en cours peut engendrer un état de sidération, et déclencher certains mécanismes psychiques visant à préserver son équilibre. De la même manière que croire que l’Homme va s’adapter quoi qu’il en soit ou que la technologie pourra à elle seule nous sauver témoigne d’une certaine négation de la réalité et reporte la responsabilité de ses actes sur autrui. Un réflexe de dénégation qui vise à déculpabiliser.👉 Solastalgie, la grande dépression verte
Des préoccupations quotidiennes volant la vedette au réchauffement climatique, et nourrissant le climato-scepticisme
En fait, pour de nombreuses personnes, le réchauffement climatique n’est pas au centre des préoccupations du quotidien : le contexte économique, l’inflation, le coût de la vie, la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, le conflit Israélo-palestinien… De nombreux évènements ont un impact direct sur le quotidien des citoyens, de sorte que l’urgence environnementale passe au second plan, et que minimiser cette dernière permet, aussi, de la mettre de côté. Cela explique aussi que dans notre pays, la plupart des climato-sceptiques soient issus des classes populaires, plaçant le climat comme un « problème de riches », ce qui est tout à fait cohérent : comment se préoccuper des températures planétaires des décennies à venir quand remplir son caddie pour la semaine est un sujet de préoccupation 🥺 ? Les mesures politiques environnementales sont d’ailleurs, de fait, impopulaires : s’équiper d’une voiture électrique ou du moins polluante est un effort considérable pour la plupart des ménages, quand ce n’est pas tout simplement hors de portée. Raison pour laquelle assez fréquemment, les climato sceptiques penchent à droite et à l’extrême droite…
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Un peu d’humour dans ce monde abrupt
Dans l’optique de tourner au ridicule les théories climato sceptiques, Girl Pants Production a diffusé une vidéo complètement décalée qui compile et parodie les répliques les plus absurdes et tristement banales des climato-sceptiques, en les remettant dans un contexte quotidien sur un ton léger 😜.
Une petite merveille 😉 !
https://www.dailymotion.com/video/x377tf8
À retenir Comme en réponse à l’intensification des alertes émanant du monde scientifique en matière de réchauffement climatique, les mouvements climato-sceptiques ne se sont jamais aussi bien portés. Mécanisme de défense confinant au déni, manipulation politique à fin électoraliste, mouvements copieusement alimentés par les grands acteurs économiques en matière d’énergie fossile… De nombreux ruisseaux viennent alimenter cet océan d’inepties, dont le courant d’idée oscille entre la négation pure et simple du réchauffement climatique et la remise en cause de la responsabilité des activités humaines dans ce phénomène. Une tendance insidieuse et dangereuse, quand on sait que la plupart des extinctions de masse au cours des millénaires ont été imputables aux changements climatiques, et que 97% des scientifiques s’accordent à dire que notre temps est compté pour agir. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : geo.fr, nationalgeographic.fr, linfodurable.fr, mrmondialisation.org, greenly.earth, lemonde.fr