Le nucléaire, une énergie décarbonée
Oui, c’est vrai, le nucléaire est une énergie qui émet très peu de CO2, on ne peut pas lui enlever ça. En fait, il en rejette même moins que le solaire ou que l’hydraulique, loin derrière le charbon ou le gaz.
Aujourd’hui, la part du nucléaire dans le mix électrique français avoisine les 75 %. Une dépendance très française, dans la mesure où au niveau mondial, la production d’électricité nucléaire représente environ 10 % de la production d’électricité mondiale. C’est ainsi que notre parc nucléaire nous permet, en France, d’avoir une production électrique 12,5 fois moins carbonée que la moyenne européenne. 👉 Empreinte carbone : qu’est-ce que c’est ? Comment la calculer, la réduire ?
Ainsi, le 2 février dernier, la Commission européenne accordait un label « ve » au nucléaire, en reconnaissance à la contribution de l’énergie atomique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une reconnaissance qui n’est pas dénuée d’effets, puisqu’elle permettra aux investissements privés dans le secteur du nucléaire d’être classés comme « durables » et donnera lieu à des avantages fiscaux jusqu’alors réservés aux seules énergies renouvelables 🌿.
👉 De ce fait, l’énergie nucléaire est actuellement l’une des sources de production d’électricité les plus efficientes pour produire de l’électricité sans contribuer au réchauffement climatique. Est-ce que cela en fait une énergie propre pour autant 🤔 ? 👉 Le cycle du carbone : un élément essentiel à toute forme de vie
La pollution radioactive
Néanmoins, à défaut d’émettre du CO2, le nucléaire prend sa revanche sur la quantité de déchets générés… Chaque année, 23 000 m3 de déchets nucléaires sont produits, des déchets pour certains hautement radioactifs, et ce pour plusieurs milliers d’années. Des tonnes de combustibles usés sont versées dans des piscines où ils sont refroidis, non loin des réacteurs nucléaires d’où ils sont issus. C’est ainsi que 63 « piscines nucléaires » sont dispersées en France, dans lesquelles s’entreposent et s’accumulent des tonnes de combustible usé 😲.
Si pendant un temps la France a choisi de les stocker dans des fosses marines, elle s’oriente désormais vers un enfouissement dans des couches géologiques profondes, dans des espèces de poubelles nucléaires géantes.
👉 Autrement dit, nous ne savons pas vraiment quoi faire de tous ces déchets encombrants, et nous apprêtons à refiler la patate chaude aux générations futures en en entassant par ci, par là.
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Les déchets nucléaires, un problème à mettre en perspective
S’il est vrai que la France compte environ 1 670 000 de mètres cubes de déchets radioactifs provenant en partie du secteur de l’industrie électronucléaire, tous ne présentent pas le même degré de dangerosité ☢️. Les résidus de fission de haute activité, mortels en cas d’exposition sans protection, n’en représentent en fait que 0,2%.
En réalité, environ 60 % de ses déchets sont composés de déchets de faible activité et à vie courte. En ce qui concerne les déchets de haute et de moyenne activité, ils ne représentent finalement en France « que » 50 000 m3 sur les 60 dernières années. Autrement dit, c’est un problème, mais ça reste gérable et pour le moment maîtrisé, compte tenu des petits volumes concernés.
Par ailleurs, une centrale nucléaire peut utiliser une part de matières recyclées pour produire de l’énergie. C’est déjà le cas en France, qui en utilise déjà 10%, une part qui pourrait prochainement être portée à 25%. En effet, de nouveaux procédés d’enrichissement de l’uranium appauvri sont à l’étude, avec un obstacle de taille néanmoins : les installations qui en seraient capables sont exclusivement situées en Russie… Oups 😅 !
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Et l’extraction de l’uranium, on en parle ?
Sans parler du coût écologique de l’extraction de l’uranium. On parle moins des émissions de gaz à effet de serre produites lors de cette étape, qui de surcroît rejette du radon, gaz radioactif provoquant des cancers du poumon. Même en amont, de nombreux déchets radioactifs sont d’ores et déjà produits, entreposés dans des étangs ou des champs de confinement, contaminant ressources en eau, plantes, animaux, et populations locales.
🤓 Pourtant, la généralisation du procédé de « lixiviation », qui consiste à injecter un acide afin de dissoudre l’uranium présent dans la roche de manière à le capter en surface, permettrait de réduire cet impact. Un procédé qui se rapproche de la neutralité environnementale, mais qui ne peut pas être transposé partout : il nécessite en effet la présence d’un gisement entouré de roches étanches afin d’éviter que les flux d’acides ne contaminent les sols…
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Une énergie dangereuse
Les accidents nucléaires ont démontré à plusieurs reprises par le passé la dangerosité de cette énergie : Tchernobyl, Fukushima… C’est ainsi que nous observons avec inquiétude la situation de la centrale nucléaire de Zaporojie, située en Ukraine. Occupée par l’armée russe, l’ombre d’un incident plane en permanence depuis le début du conflit sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui aurait des conséquences radioactives pour le monde entier 🌍.
Même si la probabilité d’un accident nucléaire sur le sol français est proche de zéro, le risque nucléaire existe, et est accru dans les pays instables politiquement, c’est un fait.
La consommation d’eau du parc nucléaire, un problème brûlant
Par ailleurs, la consommation d’eau de l’énergie nucléaire est également montrée du doigt. Les centrales ont besoin d’utiliser d’importantes quantités d’eau afin de refroidir leurs réacteurs et de produire de la vapeur pour actionner la turbine. Une eau de refroidissement rejetée dans l’environnement, ce qui n’est pas sans conséquence sur les écosystèmes et cause parfois, au passage, la destruction des organismes vivants dans l’eau prélevée.
Avec le réchauffement climatique, les ressources en eau s’amenuisent, et la température de l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs va petit à petit venir à se poser. Les réacteurs devront de plus en plus souvent être mis en pause ou au ralenti afin de ne pas trop augmenter la température de l’eau et d’éviter de dégrader les milieux aquatiques, notamment en période de canicule.
👉 Le problème de la pollution thermique vient en effet, petit à petit, à se poser. Alors, plutôt peste, ou choléra, on ne sait que choisir 😅 !
Verdir le nucléaire : la clé ?
En matière d’énergie, il faut savoir mettre les choses en perspectives. Aucune source d’énergie n’est totalement propre et verte. Y compris les énergies renouvelables, comme l'énergie solaire ou l’éolien, qui nécessitent de grosses quantités de métaux.
En fait, les scientifiques travaillent d’arrache-pied afin de développer des technologies susceptibles de verdir le nucléaire et d’en faire LA source ultime d’énergie, notamment sur la question de la gestion des déchets radioactifs.
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Qu’en est-il des réacteurs à neutrons rapides ?
Les réacteurs à neutrons rapides appartiennent à la 4ème génération de centrales, et permettraient, si leur usage était généralisé, un rendement beaucoup plus important que les anciennes technologies 🏭. En fait, grâce à elles, la quasi-totalité de l’uranium naturel utilisé pourrait être exploitée, quand aujourd’hui, nous ne parvenons à fissionner qu’une dizaine de grammes sur 1000 grammes de minerai.
Cela réduirait considérablement la quantité de déchets dangereux générés, et les besoins d’extraction d’uranium. Une technologie qui permettrait même d’exploiter les matières usées actuellement stockées en entrepôt ! Pourtant, la France reste à la traîne dans ce domaine. Disposant initialement d’une bonne avance, elle se trouve désormais distancée par les Russes, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis.
C’est ainsi qu’en matière de pollution radioactive, le débat est loin d’être tranché et le problème des déchets radioactifs demeure insoluble : certains experts estiment que les réacteurs à neutrons rapides n’ont pas fait leurs preuves en matière de réduction significative, d’autres prônent l’enfouissement géologique…
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À retenir :
Alors à la question de savoir si l’on peut être écolo et pro-nucléaire, il n’existe pas de question toute faite et tout dépend de quel point de vue on se place. Le nucléaire est aujourd’hui l’une des sources d’énergie les moins néfastes du point de vue climatique, ce qui le rend très intéressant dans le contexte d’urgence climatique. Néanmoins, aucune solution satisfaisante n’a pour l’heure été trouvée à la question des déchets radioactifs générés par cette technologie. La question de l’extraction de l’uranium, aux conséquences environnementales et sanitaires déplorables, vient également à se poser. Trancher sur la question de savoir si le nucléaire est une énergie écologique revient donc à s’accorder sur les priorités en matière d’environnement. Quoi qu’il en soit, qu’on se le dise : aucune énergie, aussi renouvelable soit elle, n’est totalement verte.
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Sources : 20minutes.fr, greenpeace.fr, geo.fr, francetvinfo.fr, ouest-france.fr, goodplanet.org, youmatter.world, francetvinfo.fr, letemps.ch