C’est quoi les PFAS, ces produits chimiques éternels ?
Surnommés « produits chimiques éternels » par les chercheurs en raison de leur effrayante persistance dans les milieux, les PFAS font partie de ces envahisseurs silencieux et insidieux qui ont tout envahi, au même titre que les microplastiques. On les utilise largement depuis les années 50, dans d’innombrables objets du quotidien.
🤓 Il s’agit de plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés) qui sont intégrés dans de très nombreux objets de la vie quotidienne, tels que nos vêtements, nos préparations alimentaires, nos emballages, nos cosmétiques, nos poêles antiadhésives ou encore nos produits ménagers. Ils permettent ainsi d'ignifuger ou d'imperméabiliser des objets de tous les jours, et ont des propriétés antiadhésives et antitaches. Les supports deviennent ainsi résistants à l'eau et aux graisses, et parviennent à transporter les aliments avec plus de facilité. On en retrouve dans le Teflon, le Scotchgard (un imperméabilisant textile) ou encore le Gore-Tex.
Des substances chimiques toxiques quasi indestructibles
Ces PFAS ont la capacité à ne pas se détériorer, d’où leur petit surnom. Le point commun de chacune de ces substances est en effet leur inaltérable chaîne d’atomes de carbone et de fluor synthétisée chimiquement à partir d’hydrocarbures ⚗️, ce qui les rend indestructibles dans la nature et capables de se déplacer sur de très longue distance.
Ces composés sont en effet reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables : il faudra des siècles, voire des millénaires pour que ces substances se dégradent complètement 😱, ce qui leur laisse tout le loisir de se diffuser et de s’accumuler dans l’eau, les sols, l’air, et même les fonds océaniques.
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L’inquiétante omniprésence des produits chimiques éternels
Ainsi, les PFAS sont par exemple couramment utilisés dans la fabrication des emballages de fast-food 🍔, et contaminent les aliments, s’accumulant ensuite dans le corps. En Europe, une étude de 2017 a démontré que plus de la moitié des papiers d'emballage à pain et à dessert contiennent des PFAS, de même que 40 % des papiers à sandwich et hamburger et 20 % des cartons utilisés pour les frites 🍟.
Résultat : les PFAS s’insinuent partout, aussi bien dans l’environnement que dans le corps humain, et y sont extrêmement persistants. Aux termes d’une étude menée en 2023 par Le Monde et 17 autres médias dans le cadre du « Forever Pollution Project », plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants ont été identifiés, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts. Ainsi, la quasi-totalité de notre pays est concernée par cette pollution, à des taux plus ou moins élevés.
Une exposition très probablement bien plus vaste que celles identifiées par les différentes études menées en la matière, d’après Rolf Halden, directeur du Center for Environmental Health Engineering de l'université d'État de l'Arizona.
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Le poison du siècle
D’après les études les plus récentes, les FPAS seraient mélangés au sang de plus de 97 % des Américains 🩸 💉. En particulier, les personnes consommant fréquemment du fast-food seraient les plus à risque : d’après les résultats d’une recherche scientifique menée par le NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey), après une période de 24 h, les personnes ayant consommé ce type de nourriture affichent une augmentation de la teneur sanguine en PFAS. Or, dans la mesure où ils peuvent y demeurer plusieurs années, une consommation régulière de ce type d’alimentation conduit à une accumulation de ces produits chimiques dans l’organisme.
En fait, nous sommes tous contaminés, à des degrés plus ou moins importants 😱, que ce soit par ingestion d’aliments et d’eau, ou par inhalation. Une étude de Que Choisir menée en 2019 avait identifié la présence de PFAS dans 93% des 53 prélèvements de poussière effectuées dans des maisons et appartements.
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Quel danger sur la santé humaine ?
Neurotoxiques, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens… A la clé, on retrouve le développement d’un certain nombre de problèmes de santé, tels que des cancers, le cholestérol, le diabète, des maladies thyroïdiennes ou encore de l’obésité 🤒.
D’après les recherches menées dans ce domaine sur les animaux, on sait que l'exposition aux PFAS infligent des dommages au foie, aux reins et au système immunitaire, et provoquent le développement de tumeurs. Mais on ignore à l’heure actuelle à partir de quel seuil les PFAS deviennent dommageables pour la santé.
Une dangerosité connue de longue date
Pourtant, l'industrie chimique connaît depuis bien longtemps la toxicité des PFAS, de nombreuses études ayant conclu à la dangerosité de ces substances tant sur les animaux, que sur l’Homme, mais n’a pas manqué de le taire par profit, au même titre que l’industrie du tabac n’a pas hésité une seconde à sacrifier la santé de milliards de personnes pour une histoire de gros sous 😠 : les dangers des PFAS, bien que parfaitement connus des industriels, ont été tus, tant auprès du public que des autorités, et n’ont été divulgués qu’une 20aine d’années plus tard, une fois que le mal était fait.
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Les enjeux écologiques des polluants éternels
Mais il n’y a pas que la santé publique qui est menacée par les PFAS : l’environnement, lui non plus, n’est pas épargné. Massivement rejeté dans la nature 🌿, notamment du fait des décharges non étanches, ils s’infiltrent dans les sols et gagnent les nappes phréatiques.
C’est ainsi que les PFAS s’accumulent dans les organismes vivants, plantes et animaux. Un réel problème quand on sait que leur dégradation dans l’environnement peut conduire à générer des substances qui suscitent les mêmes préoccupations, malgré des chaînes carbonées plus courtes.
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Vers une interdiction des PFAS ?
A l’heure actuelle, la prise de conscience n’en est qu’à ses balbutiements, et les mesures d’interdiction sont à l’étude, malgré un puissant lobbying des industriels du secteur qui ne manquent pas d’exploiter toutes les failles des règlements déjà en place pour limiter certaines catégories de PFAS, notamment du règlement Reach.
En 2023, cinq pays européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège) ont déposé, un projet d’interdiction de l’ensemble des PFAS au niveau européen 🥳, affaire à suivre ! Mais pour l’heure, il n’existe, en France, pour ainsi dire aucune norme de contrôle pour l’eau de boisson, l’air ou les sols, et les rejets aqueux industriels ne sont inspectés que depuis cette année…
Récemment, le jeudi 4 avril 2024, les députés ont adopté une proposition de loi visant à réduire l’exposition aux « polluants éternels », sans pour autant interdire les ustensiles de cuisine qui en contiennent, cédant encore et toujours aux lobbyings des industriels. Un texte qui n’a pas encore terminé sa navette, mais qui déjà, déçoit.
À retenir :
Les PFAS, ces « produits chimiques éternels », sont omniprésents. Ces substances chimiques intégrées dans de très nombreux objets de la vie quotidienne se distinguent par leur stabilité et leur capacité de ne pas se détériorer : composés de chaînes d’atomes de carbone et de fluor synthétisée chimiquement inaltérables, ils mettront des siècles, voire des millénaires pour se dégrader complètement, et s’accumulent dans les milieux et dans les organismes. Le problème étant que cette exposition est loin d’être sans risque pour la santé humaine et pour l’environnement… Nous sommes tous contaminés, à des degrés plus ou moins sévères. Pourtant, ces substances chimiques continuent d’être largement utilisés, malgré une progressive prise de conscience et une dangerosité connue de longue date.
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Sources : futura-sciences.com, nationalgeographic.fr, lemonde.fr