Pollution numérique : un bilan aussi méconnu qu’accablant
Un simple ordinateur portable nécessite l’utilisation de dizaines de métaux extraits dans les sols du monde entier, un processus très gourmand en énergie, en eau et en ressources diverses, mais également de 240 kg de combustibles fossiles et 22 kg de produits chimiques 📱. L’achat d’un outil numérique est l’exemple typique de ce qu’on appelle la « pollution importée », d’autant qu’au fur et à mesure que le matériel se complexifie, son impact s’alourdit. De plus, un appareil numérique comme un smartphone, de sa conception à sa distribution, fait environ 4 fois le tour du monde 🌍.
👉 Empreinte carbone : qu’est-ce que c’est ? Comment la calculer, la réduire ?
Émissions de gaz à effet de serre, déclin de la biodiversité, déchets électroniques, rejets toxiques dans l'air, l'eau et les sols… Si le plus gros provient de la phase de fabrication du matériel, notre manière de l’utiliser influe également sur l’impact environnemental du numérique. Bien que le numérique soit, de notre point de vue d’utilisateur, immatériel, le réseau internet sur lequel nous surfons tout au long de la journée repose sur le fonctionnement d’antennes relais, de satellites, de serveurs, d’ordinateurs, de câbles, et de data centers afin de transporter, traiter et stocker nos innombrables données. Un impact environnemental qui ne cesse d’augmenter, corrélativement à la digitalisation croissante de nos sociétés.
Au niveau mondial, Internet représente à lui seul 45 millions de serveurs, 800 millions d’équipements réseaux (routeurs, box…), 15 milliards d’objets connectés. En une heure, 8 à 10 milliards de mails sont échangés (hors spam !), et 180 millions de recherches Google sont effectuées. Une donnée numérique parcourt en moyenne 15 000 km. Des chiffres effarants on ne peut plus tangibles 😱.
Réduire son empreinte numérique : les gestes au quotidien
Allongez la durée de vie de votre équipement : la longévité au service de la sobriété
La résolution la plus efficace que vous puissiez prendre pour alléger votre empreinte numérique est de faire durer autant que possible vos équipements afin de diminuer leurs impacts : une tablette ou un ordinateur dont la durée d’utilisation passe de 2 à 4 ans voit son bilan environnemental amélioré de 50 % 💪. Et au-delà de 4 ans, c’est encore le mieux (et c’est tout à fait possible !). Ne succombez pas aux sirènes du marketing publicitaire 🧜♀️! Avez-vous vraiment besoin de ce dernier smartphone qui vient de sortir alors que le vôtre fonctionne parfaitement bien ? En cas de dysfonctionnement ou de panne, la réparation est souvent possible (et bien moins onéreuse) que le remplacement à neuf. Et si vraiment l’achat s’avère incontournable, optez pour le reconditionné !
👉 Réparer plutôt que jeter, la bonne idée !
Molo sur le streaming, et limitez la très haute définition
Le streaming représente à lui seul 60% des flux de données sur le net, et son empreinte carbone ne cesse de progresser. Regarder une heure de vidéo consomme autant d’électricité qu’un frigo pendant un an, et un utilisateur de Youtube émet environ 117 tonnes de CO2 chaque année rien qu’en visionnant des vidéos 🍿. Le streaming vidéo, c’est 300 millions de tonnes de CO2 chaque année dans le monde. C’est sûr, Netflix, c’est bien agréable au quotidien, mais la consommation de vidéos est très énergivore en raison du poids des fichiers et de la qualité des images, souvent visionnées en très haute définition.
Un geste simple consiste déjà à bloquer la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux ou sur Youtube. De plus, vous pouvez également adapter la résolution à votre écran, en fonction de si vous regarder la vidéo sur votre téléphone ou sur votre ordinateur. Sur Netflix, les paramètres par défaut peuvent être modifiés pour ne pas avoir à y penser à chaque fois 😉.
Utilisez votre barre de favoris
Il est moins énergivore d’enregistrer les sites sur lesquels vous avez l’habitude de vous rendre sur la barre des favoris, que de les retrouver via votre moteur de recherche à chaque fois, ou que de laisser des onglets ouverts, pensez-y !
Fermez vos onglets inutiles
Quand on surfe sur Internet, on a vite fait d’avoir plusieurs onglets ouverts en simultané, dont bien souvent on n’a plus l’utilité. Cette pratique est à éviter autant que possible : faire un ménage régulier dans ses onglets préserve l’environnement, car ils ne payent pas de mine, mais font tourner inutilement des serveurs 🤯.
Faites le ménage dans votre boîte mail et supprimez vos anciennes adresses
Saviez-vous que 75% des mails reçus sont des spams dont vous n’avez strictement rien à faire, et que 80% des mails reçus ne sont en fait jamais ouverts 🙄 ? Nos boîtes sont saturées de ce type de message dont on se fiche au dernier degré, de newsletters, publicités, et sollicitations en tout genre. Or, leur envoi, puis leur stockage gaspillent beaucoup d’énergie. Faire le tri régulièrement dans sa boîte mail est une pratique vertueuse pour l’environnement : jetez les spams, désinscrivez-vous des newsletters qui vous encombrent (certains outils peuvent vous y aider). Supprimez vos anciennes adresses, sur lesquelles vous continuez à coup sûr à recevoir les mêmes messages indésirables : bref, arrêtez de faire tourner des serveurs pour rien par simple passivité !
👉 11 conseils simples et efficaces pour faire des économies d’énergie
Le soir coupez votre box avant d’aller dormir
Votre box n’a pas besoin de tourner H24 : l’éteindre la nuit et pendant vos absences permet d’économiser de l’énergie 😴. L’air de rien, elle consomme à peu près autant qu’un grand réfrigérateur.
La fin de vie de votre matériel numérique
Un jour ou l’autre, cependant, arrivera le moment de mettre votre matériel au rebut, c’est inévitable. Là encore, le constat est accablant : l’ONU estimait en 2013 que 75 % des déchets électroniques échappaient aux filières légales de recyclage ♻️. Que deviennent les déchets numériques après quelques mois ou années de bons loyaux services ? Ils sont bien souvent exportés illégalement en Chine, en Inde ou en Afrique, et échouent dans de gigantesques décharges à ciel ouvert.
Ce déchet doit faire l’objet d’une collecte et d’un traitement car de nombreux matériaux contenus dans ces équipements sont recyclables et réutilisables, et pourraient être récupérés afin de construire du neuf sans piller les ressources naturelles qui s’amenuisent : or, platine, tantale, lanthane, yttrium… D’autres composants peuvent être valorisés énergétiquement. Quel gâchis quand on pense que 54 à 113 millions de téléphones portables dorment au fond de nos tiroirs !
D’autre part, une partie des composants est dangereuse pour l’environnement et pour la santé, car très polluante : arsenic, plomb, chlore, mercure, brome... Il faut donc les traiter de manière adéquate. Vous pouvez, au choix, les rapporter chez un revendeur informatique, les jeter dans une borne de collecte ou les déposer en déchèterie.
❓ Le saviez-vous ? La 5G n’est pas une bonne nouvelle en terme environnemental, puisqu’outre les nouveaux équipements nécessités par son déploiement, son efficacité ne compense pas la hausse de volume des données transférées du fait de son utilisation. De ce fait, l’empreinte carbone du secteur numérique pourrait connaître une augmentation de 18 à 45% d’ici 2030. |
Mettez-vous en veille au bout de 3 minutes
Un geste tout simple consisté à mettre en veille votre ordinateur au bout de 3 minutes sans utilisation, et de penser à l’éteindre en cas de pause prolongée 👍.
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Limitez les mails, les pièces jointes et les personnes en copie
En fait, aussi anodin soit ce geste, il n’est pas sans conséquence : envoyer 12,3 mails par jour pendant un an pollue autant que parcourir 100 km en voiture 📧. Et lorsqu’ils sont accompagnés d’une pièce jointe, c’est encore pire ! Un mail consomme en moyenne 4g de CO2, et lui adjoindre une pièce d’1 Mo alourdit la facture à 19 g. Conclusion : pour préserver la planète, il est préférable d’envoyer moins de mails, de limiter les pièces jointes et le nombre de personnes en copie (un mail envoyé à 10 destinataires multiplie par 4 son impact environnemental !). Si le destinataire est dans le bureau d’à côté, faites quelques pas pour lui remettre le document en question sur une clé USB, ce qui en plus est plus convivial. Même combat pour votre signature de mail : faites light et évitez les images 😉.
Évitez le cloud chaque fois que possible
Il est toujours préférable d’éviter le cloud, qui utilise les datacenters, que de stocker en local 😶🌫️. Le stockage en ligne, c’est bien pratique, mais impose un dialogue permanent entre le terminal et les serveurs en raison des transferts de données. Vive le disque dur externe !
Refusez les objets connectés
On se demande quand même comment nos grands-mères survivaient quand on voit que certains d’entre nous ont « besoin » d’un assistant virtuel pour allumer la lumière, fermer un volet ou faire leur liste de course sur la base du contenu de leur frigo… Soyons sérieux et revoyons nos besoins et priorités : 19 milliards d’objets connectés circulaient déjà en 2019 ! Très énergivores, ils produisent de surcroit beaucoup de déchets supplémentaires.
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Choisissez un moteur de recherche écoresponsable, et contournez-le chaque fois que possible
L’installation d’un moteur de recherche écoresponsable s’intègre dans une démarche d’allègement de son empreinte numérique, on ne dirait pas comme ça, mais de nombreuses alternatives existent ! Chaque fois que possible, contourner son moteur de recherche en tapant directement l’adresse du site permet également d’économiser de l’énergie. De même, au moment d’effectuer votre recherche, allez au plus court : utilisez des mots-clés précis pour cibler au mieux votre demande, et pensez à vider régulièrement le cache de votre navigateur.
Usez et abusez du mode « économie d’énergie »
Presque tous vos outils peuvent être paramétrés pour fonctionner en mode « économie d’énergie ». Ainsi, votre batterie se vide moins vite, et vous avez moins souvent besoin de la recharger, tout bêtement.
La digital detox, vous y avez pensé ?
Peu importent les efforts que vous fournirez au quotidien dans votre utilisation de l’outil informatique, rien de tel qu’une petite digital detox pour réduire drastiquement votre empreinte numérique 🌿 !
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À retenir : 73% des Français n’ont pas conscience de leur impact environnemental dans le cadre de leur utilisation des outils numériques, du fait de l’aspect à première vue immatériel de la pollution numérique. Pourtant, les outils numériques ont un impact non négligeable sur l’environnement. Passer une journée à travailler sur votre ordinateur revient à parcourir 9km en voiture. Regarder des vidéos en streaming, envoyer un mail, faire une simple recherche sur Google, garder des onglets ouverts inutilement, laisser les spams s’accumuler sur sa boîte mail… Tous ces gestes d’une banalité sans nom participent à cette pollution. Comme dans tous les domaines, les bonnes pratiques peuvent vous permettre de réduire votre impact environnemental. Encore faut-il les connaître ! Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : greenpeace.fr, wwf, Ademe, greenly