Les plantes sont friandes de CO2
🤓 En effet, au travers de la photosynthèse, les plantes sont capables de transformer le CO2 en sucres pour alimenter leur propre croissance et stimuler leur métabolisme, le tout grâce à l’énergie solaire : c’est ce qu’on appelle la fixation du carbone, qui se trouve alors stocké à long terme. Un mécanisme qui nous arrange bien, car elle permet de freiner les effets du réchauffement climatique.
👉 Quelles sont les plantes qui absorbent le plus de CO2 ?
Enfin un scénario optimiste pour la planète
🌱 Nous savions déjà que la photosynthèse des plantes avait augmenté de 30% au cours du XXe siècle en réponse à l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, d’après une étude menée sous la direction d’Elliott Campbell de l’université de Californie, à Merced aux États-Unis parue en 2017 dans Nature.
Mais aux termes d’un récent travail de modélisation écologique, il semblerait que les végétaux soient finalement capables de capter plus du CO2 rejeté dans l’atmosphère par les activités humaines qu’anticipé par les scientifiques jusque-là 🥳. Un puit de carbone naturel plus efficace que prévu, donc. Dans le scénario le plus optimiste, cet extra de CO2 absorbé atteindrait même + 30 % dans les très hautes latitudes (en Scandinavie ou en Sibérie, par exemple).
Des résultats qui rejoignent les évaluations récemment établies par une équipe de plus de 200 scientifiques internationaux, estimant que les forêts pourraient « idéalement » absorber 328 milliards de tonnes (Gt) de carbone 💪, ou, plus vraisemblablement, 226 Gt si l'on retire de l'équation les zones autrefois boisées mais aujourd'hui utilisées pour l'agriculture et l'habitat humain, aux termes de travaux publiés dans Nature le 13 novembre 2023.
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Une étude intégrant les dernières connaissances de la science sur la photosynthèse
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont intégré à leur travail de modélisation, fondé sur un scénario climatique à hautes émissions conduisant à un réchauffement de 4,5 °C en 2100, des aspects tels que :
- l’efficacité du déplacement du dioxyde de carbone à l’intérieur de la feuille 🍃,
- la façon dont les plantes s’adaptent aux changements de température 🥵,
- et dont elles distribuent le plus économiquement possible les éléments nutritifs dans leur couvert.
Des mécanismes compris dans le processus de réponse du cycle du carbone au sujet desquels notre compréhension a fait un pas de géant ces dernières années, mais encore généralement exclus de la plupart des modèles mondiaux, malgré le fait qu’ils jouent un rôle sur la capacité des plantes à absorber et à stocker du carbone.
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🌍 L’étude a ainsi utilisé un modèle qui modélise la surface terrestre, et des équations mathématiques traduisant les processus naturels qui ont lieu sur Terre. À partir de celui-ci, il devient possible de projeter les capacités de réponse des écosystèmes en fonction de plusieurs scénarios, en jouant sur différentes variables.
D’après Matthias Cuntz, l'un des chercheurs ayant participé à l'étude pour l'Inrae, habituellement, les arbres utilisent 70 % de leur azote pour produire les enzymes, et 30 % pour produire de la chlorophylle. Au travers de la modélisation, les chercheurs ont laissé davantage de liberté d'adaptation et de liberté dans l'utilisation de leurs ressources aux arbres que dans les modèles traditionnels, ce qui a joué sur leur utilisation de l’azote en réaction à l’évolution de leur environnement.
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Un déclin d’absorption de CO2 plus tardif qu’envisagé ?
D’après le modèle habituellement utilisé, les plantes atteindraient leur capacité maximum d'absorption du carbone vers 2070, avant de voir leur capacité d’absorption diminuer du fait d’une augmentation excessive des températures et d’un déficit d’humidité dans les tropiques. Si l’on se réfère au modèle utilisé par les chercheurs dans le cadre de la présente étude, le pic d’absorption interviendrait plus tard, du fait de l’atténuation de la température globale. Des absorptions qui ne vont peut-être pas baisser aussi drastiquement que ce qu'on pensait, donc.
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Une étude qui ne donne pas carte blanche en matière d’émissions
Bien entendu, il ne s’agit en rien d’un prétexte à saisir pour économiser nos efforts en termes de réduction d’émissions et pour tomber dans l’inaction. Les résultats obtenus demeurent en effet très théoriques et les résultats devront être croisés avec ceux d’autres études, selon des modèles différents, afin de s’accorder sur un consensus scientifique 🤝. Pour résumer, les plantes pourraient nous permettre de gagner plus de temps que prévu, mais il n’y aura pas de miracle à terme en absence de réduction drastique des émissions.
En effet, malgré tout, les chercheurs précisent que « l’étendue et la persistance de ce phénomène dans les années à venir demeurent incertaines ». Selon eux, il n’est pas garanti que cette tendance se poursuive dans la durée, et la manière dont les plantes réagiront à la concentration de CO2 dans l’atmosphère, à l’augmentation des températures, et aux variations de pluviométrie qui s’y ajouteront reste difficile à appréhender 🤔. La multiplication des sécheresses et des canicules, notamment, pourraient considérablement affaiblir leur capacité à absorber du CO2. Il faut donc rester prudent vis-à-vis des résultats de ces travaux, qui donnent néanmoins espoir pour l’avenir.
Une revégétalisation plus efficace qu’anticipé
🌿 Mais une chose est sûre : ces résultats sont en faveur d’une revégétalisation en tant que levier puissant de lutte contre le réchauffement climatique, qui aurait en définitive un impact plus important que prévu sur l’atténuation du changement climatique.
À retenir
D’après les récents travaux d’une équipe de scientifiques, il semblerait que les capacités d’absorption et de fixation du carbone par les plantes aient été sous-évalués, au regard des dernières connaissances de la science en matière de photosynthèse. Un scénario plus optimiste qu’envisagé dans les modèles utilisés habituellement, certes, mais qui ne constitue pas une carte blanche pour poursuivre nos émissions de CO2 : le couvert végétal ne parviendrait en effet qu’à nous faire gagner un peu plus de temps qu’anticipé sur le dérèglement climatique, avant un déclin inévitable des capacités de ce puit de carbone naturel. Néanmoins, si ces résultats se confirment au travers d’autres études, il s’ensuit que la revégétalisation est un levier plus puissant que prévu dans nos efforts pour atténuer le réchauffement planétaire.
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Sources : inrae.fr, sciencesetavenir.fr, geo.fr