C’est quoi, au juste, la végétalisation ?
Comme le chantait le groupe Tryo, dans sa célèbre chanson L’hymne de nos campagnes, « si le béton est ton avenir, dis-toi que c’est la forêt qui fait que tu respires » 🎶. Comment le contredire ?
La végétalisation est une reconquête par les espèces réintroduites ou naturellement présentes dans le milieu naturel des terrains dénaturés par l’action de l’homme, donc principalement des espaces urbains, ou plus rarement à la suite de catastrophes naturelles.
Elle correspond, selon le cas, à un processus naturel de résilience écologique, lorsque la re-colonisation de la flore est spontanée, ou volontaire, lorsqu’elle est due à la replantation, et la réintroduction des espèces, afin de reconstruire les sols dégradés par l’homme 🌱.
Cela peut passer par une végétalisation des toitures, des terrasses, ou des murs, dans le cadre d’une architecture HQE (Haute Qualité Environnementale), le développement de jardins partagés, de potagers urbains 🍆 🥕…
Quels sont les nombreux bienfaits de la végétalisation ?
Une action contre le réchauffement climatique
La végétalisation des villes est une démarche qui a toute son importance dans le contexte actuel de réchauffement climatique 🥵. Elle participe en effet à la lutte contre les « îlots de chaleur », et à rendre l’air plus respirable.
C’est ainsi que certains élus ambitionnent de créer de nouvelles « forêts urbaines », ou « oasis de fraîcheur », afin de rafraîchir l’atmosphère dans les grandes agglomérations, sévèrement touchées par les vagues de chaleurs qui deviennent désormais chaque année quasi systématiques, et totalement irrespirables.
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Et en effet, les experts sont formels : la végétation permet, au-delà de l’ombre qu’elle apporte, par le biais de mécanismes d’absorption et de réflexion des rayons du soleil, de réduire la chaleur, même si elle ne constitue pas une solution à elle seule à ce phénomène des plus inquiétants.
Ainsi, en été, le feuillage d’un arbre réduit de 85% le rayonnement transmis dans sa zone ombragée, le rayonnement étant réfléchi par l’arbre à 15%, et absorbé par ce dernier à 70% 🌳.
Les végétaux pourraient ainsi permettre de réduire la température en ville de 0,5 à 2°C. D’après l’OMS, en 2050, 70% de la population mondiale résidera dans les zones urbaines. Paris pourrait enregistrer une hausse de 4 degrés d’ici la fin du siècle, ça va chauffer dans la capitale 😱 !
❓ Le saviez-vous ? L’îlot de chaleur urbain désigne la différence de température de l’air entre une ville et la campagne voisine🌡. À l’origine de cette différence, plusieurs facteurs entrent en compte : - L’architecture, qui piège le rayonnement solaire et infrarouge en raison d’un effet de réflexion entre les immeubles, et limite l’évacuation de la chaleur par le vent.
- L’imperméabilisation des sols par le goudronnage et le bétonnage des rues, ce qui a tendance à refléter et à absorber les rayons du soleil et à stocker sa chaleur, tout en diminuant le stockage des eaux et la présence de végétaux.
- Les fortes activités humaines, qui elles-mêmes créent de la chaleur.
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Une qualité de l’air améliorée par la végétalisation
Chacun sait que les végétaux absorbent du CO2, et produisent de l’oxygène, grâce à la photosynthèse. Favoriser le développement des végétaux en milieu urbain œuvre donc pour une atmosphère plus salubre🌺.
Le côté négatif de la végétalisation du point de vue de la qualité de l’air est que la présence de végétaux est également source d’allergènes, gênants pour les personnes qui y sont sensibles 🤧, voire de polluants ou composés organiques volatils pour certaines espèces, ce qui peut amener à produire de l’ozone, et favoriser les pics de pollution.
C’est là qu’il faut être bon dans la sélection des espèces à planter.
Pas d’extérieur ? Qu’à cela ne tienne, mettez du vert dans votre intérieur 🪴 ! 👉 Quelle plante dans une chambre ? Notre sélection pour purifier l'air et mieux dormir !, 5 bonnes raisons d'avoir des plantes d’intérieur.
La végétalisation participe à décontaminer les sols et cours d’eau
La ville est le théâtre de nombreuses activités polluantes, ce qui engendre une contamination des sols et des cours d’eau. Les végétaux, par un mécanisme de filtration, capturent ces polluants : c’est ce qu’on appelle la bioremédiation🌿. 👉 La vie secrète des arbres, 4 choses que vous ne saviez pas.
Tous ces mécanismes naturels de préservation de l’environnement sont particulièrement précieux, compte tenu des enjeux écologies actuels. La végétalisation est ainsi l’un des axes à déployer pour lutter contre le réchauffement climatique, la pollution de l’air et des eaux.
La végétalisation, un enjeu de santé publique
Vivre près d’un espace vert réduirait la prévalence de maladies telles que l’asthme (-23%), l’anxiété (-31%), ou la dépression (-25%) 😭. La nature est un levier important de bien être, favorisant le partage, l’échange et la pratique d’une activité sportive et de plein air (déplacements à vélo, en trottinette, marche à pieds, et tant d’autres) ou contemplative (observer la nature, flâner, buller, en somme 😎 !). Un effet anti-stress démontré ! 👉 Plogging, courir pour votre santé et la nature !
Finalement, la végétalisation n’est pas seulement un sujet écologique, mais également un outil puissant de santé publique. Les chercheurs commencent même à parler de « vitamines G » (pour « green »), preuve que ça fait son chemin ! S’il est difficile pour certains de se rendre dans des lieux végétalisés comme en forêt ou en bord de mer pour un bon bol d’air 🏖️, mais qu’à cela ne tienne : la nature viendra à eux !
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Des initiatives heureuses qui se multiplient
C’est pourquoi les initiatives de végétalisation se multiplient : les villes se remettent au vert. Dans les écoles, les cours de récréation entrent dans la danse 🚸 : lors des canicules, difficile pour les enfants de sortir se détendre lorsque la cour est entièrement bitumée sans ombre aucune. C’est pourquoi certaines se lancent dans les cours Oasis, comme c’est le cas à Rennes, talonnée par d’autres grandes villes (Strasbourg, Lyon, Lille, Grenoble…), c’est-à-dire des espaces plus naturels, avec des parcours de pierre, des sols en copeaux, de la végétation, des sols drainants…
Une excellente piste pour faire gagner du terrain à la végétalisation d’une métropole, quand on sait qu’à Paris, les cours de récré représentent plus de 70 hectares. Très belle initiative également pour stimuler l’imagination des plus jeunes, qui peuvent grimper, construire, se cacher… Mais bien sûr également pour reconnecter les enfants à la nature, ce qui est essentiel pour leur développement et pour les aider à grandir.
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Les toits végétalisés : pour des villes plus vertes
Les toits végétalisés tendent à se développer afin d’offrir un espace de verdure en pleine ville, une bouffée d’air au milieu du bitume et du béton. Ces toits sont à la fois esthétiques mais présentent des avantages architecturaux certains, avec un effet d’isolation thermique et la capacité à retenir l’eau pluviale en cas de forte pluie. Une aubaine quand on sait qu’en ville, les toits peuvent représenter près d’1/3 de la surface !
Une initiative qui favorise la biodiversité dans ces zones où elle est tellement mise à mal. Les insectes, invertébrés, ou les oiseaux y trouveront refuge et s’y reproduiront 🐦. Une étude a démontré qu’en région parisienne, sur les toits végétalisés existants, 200 espèces de plantes ont été recensées dont 70% sont venues d’elles-mêmes, ainsi que 300 espèces d’animaux, dont 250 insectes. Ces toits participent également à la limitation du réchauffement urbain et à l’amélioration de la qualité de l’air, et certains sont utilisés pour produire des fruits et légumes 🍅 🥕 : plutôt sympa, comme potager !
Mais aussi parkings, murs végétalisés (ou jardin vertical), jardins collectifs, parcelles partagées…
Le permis de végétaliser, vous connaissez ?
Certaines villes ont mis en place ces dernières années un système de permis de végétaliser, afin d’encourager et d’encadrer les initiatives individuelles visant à reverdir leur ville. C’est le cas par exemple de Bordeaux, Le Havre, Marseille, Paris ou encore Strasbourg.
En quoi consiste ce permis vert ? Chaque personne souhaitant entretenir un espace à proximité de son domicile ou de son lieu de travail peut en faire la demande auprès de sa mairie, dans le respect d’une charte de végétalisation de sa ville 🌱.
Ainsi, chacun peut prendre l’initiative de semer ou planter des végétaux dans des jardinières, au pied des arbres, dans des parterres… Et d’en assurer l’entretien. Une liste de plantes qui sont autorisées, dont certaines sont comestibles, et seront donc à disposition de tous. Bien entendu, les engrais chimiques et pesticides y sont prohibés ⛔. Donnons un coup de pouce à la nature, semons une plante !
Même si vous n’avez pas la main verte, lancez-vous dans l’aventure ! 👉 Ces 10 plantes d'extérieur qui ne demandent aucun entretien !, Comment faire germer des graines ? Le mode d'emploi !, Noyau d'avocat : ne le jetez pas, voici comment avoir une superbe plante à la maison ! Lancez des bombes à graines, c'est bon pour la planète !
Même les abeilles s’y mettent
L’installation de ruches en ville s’inscrit dans la même dynamique et est pratiquée dans plusieurs agglomérations. Des ruches municipales sont ainsi installées au sommet des tours, ou dans des jardins.
Et devinez quoi ? Le miel y est aussi bon qu’ailleurs et les abeilles considérées ne s’en portent que mieux, puisqu’elles ne souffrent pas des insecticides omniprésents dans nos campagnes 🐝. 👉 6 gestes simples à adopter pour aider les abeilles
À retenir :
L’importance de la nature n’est plus à prouver : les confinements successifs nous l’ont bien démontré. Multiplier les petits poumons verts en ville est bénéfique pour l’environnement et pour le moral : ils augmentent la qualité de vie des citadins de manière notable. Et franchement, c’est quand même plus joli et sympa que le tout béton, non 🌿 ? Agrandir la surface de la nature dans les endroits où elle a été quasiment éradiquée s’inscrit dans une dynamique d’avenir pour lutter contre le réchauffement climatique et les îlots de chaleur urbains, améliorer la qualité de l’air et lutter contre la pollution. Jardins partagés, tapis de plantes, murs et toits végétalisés, potagers urbains, plantes grimpantes… Et si on laissait enfin la nature reprendre ses droits ?
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Sources : actu-environnement.com, linfodurable.fr, reporterre.net, quechoisir.org, futura-sciences.com, Ademe, enviesdeville.fr, dailygreen.fr, demainlaville.com