Le tourisme de la dernière chance, un baiser de la mort pour la planète

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Le réchauffement climatique progressant, bientôt, de nombreux paysages sauvages encore immaculés ne seront plus que de lointains souvenirs. Et c’est précisément la raison pour laquelle de plus en plus de touristes se montrent disposés à parcourir des centaines de milliers de kilomètres pour s’y agglutiner et aller admirer ces sites en souffrance, dont on sait qu’ils auront disparu dans quelques décennies. Une pratique touristique désignée sous le terme de tourisme de la dernière chance, qui n’est pas sans poser problème 👇

Le tourisme de la dernière chance, un baiser de la mort pour la planète

C’est quoi, le tourisme de la dernière chance ?

Le tourisme de la dernière chance, ou last chance tourism, consiste à aller observer les écosystèmes ou des paysages potentiellement condamnés à disparaitre avant qu’ils ne soient définitivement rayés de la carte du fait, notamment, du changement climatique. Une pratique touristique pour le moins morbide, donc, également désigné sous le nom de tourisme de l'apocalypse. Dans ce cas, la motivation principale du voyageur est d’aller visiter un site naturel avant sa disparition⚰️.

Concrètement, il s’agit d’aller observer la fonte des glaciers en arctique, ou les tortues de mer, menacées d’extinction, les ours polaires ou les grands singes d’Afrique, de se lancer à l’assaut du glacier de Montenvers-Mer de Glace, en Haute-Savoie, particulièrement menacé par une fonte vertigineuse, ou encore d’aller observer la Grande Barrière de corail du Queensland 🐧.

Les agences touristiques, bien entendu, ne manquent pas de surfer sur cette vague, en insistant sur la disparition prévue des sites en question à plus ou moins long terme. Et en effet, la mer de glace, par exemple, perd en moyenne 4 mètres d’épaisseur par an, les températures dans les Alpes augmentant deux fois plus vite que dans le reste du monde, ce qui en fait la vitrine parfaite du réchauffement climatique en France.

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Un baiser de la mort pour la planète

Outre le fait qu’il s’agisse d’une pratique teintée d’un évident voyeurisme, il représente surtout un danger supplémentaire pour ces milieux déjà particulièrement vulnérable, en attirant du monde en masse sur ces zones sur le point de basculer et en augmentant les pressions exercées sur ces milieux. Pourtant, il serait absolument nécessaire, au contraire, de sanctuariser les derniers espaces sauvages de la planète🥺. 👉 Ces sites menacés par les excès du tourisme et le réchauffement climatique. Outre le fait, bien entendu, que chacun de ces touristes a potentiellement parcouru une importante distance pour se rendre sur place, et donc généré d’importantes émissions de gaz à effet de serre…

Le dangereux paradoxe du tourisme de la dernière chance

Le visiteur, de son côté, entend être témoin des changements environnementaux de son époque et mieux saisir le sentiment d’urgence climatique contemporain. Il souhaite visiter avant qu’il ne soit trop tard les sites en souffrance du fait de dérèglement climatique, comprendre et témoigner du phénomène. Bien intentionné, il ne réalise néanmoins pas que cette pratique représente un danger direct pour la préservation d’un site déjà sur le point de succomber, ce qui témoigne d’une dissonance cognitive assez particulière.

Ces visiteurs, en effet, ont parfaitement conscience de la disparition de ces écosystèmes, puisque c’est l’objet même de leur présence : il s’agit, en définitive, des personnes qui ont le plus conscience des problèmes environnementaux. Ainsi, ces touristes participent à la destruction de ces sites à la valeur inestimable alors qu’ils viennent justement les admirer 🙃.

Par exemple, en recherchant toujours plus de proximité avec la faune antarctique sauvage, les amas de touristes perturbent les périodes de reproduction et envahissent l’espace de nidification des animaux. En fait, même les chercheurs ne se permettent pas d’approcher de si près la faune lorsqu’il n’y a aucun intérêt scientifique de le faire. De plus, c’est aussi la vie des populations locales qui est impactée. Par exemple, les chasseurs inuits, eux-mêmes en voie de disparition, qui chassent une fois par an le narval sur la côte est du Groenland nécessitent une tranquillité absolue. Une activité qui devient difficile du fait de la fréquentation grandissante du site par les bateaux de croisière, qui effraient la faune. Or, ces populations vivent de la chasse, et tentent de préserver un mode de vie traditionnel.

30 000 euros pour voir fondre l’Arctique

Voilà le genre de titres ayant accompagné la mise en fonctionnement du Commandant-Charcot, un nouveau navire polaire de 28m de large, 150m de long, 9 ponts et une capacité jusqu’à 245 passagers, conçu par la compagnie du Ponant. C’est un fait, la région Arctique apparaît plus que jamais comme un nouveau levier de croissance. Encore et toujours la croissance…

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La prise de conscience des touristes de l’Apocalypse

Pourtant, à l’issue de leur visite, les touristes en question déclarent souhaiter agir davantage contre le phénomène du réchauffement climatique, et éprouver tristesse et colère 🥺. C’est ainsi que le tourisme de la dernière chance est également un outil de sensibilisation du grand public, et de la part de la responsabilité humaine dans ce phénomène.

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À retenir
La Grande Barrière de corail, les glaciers Arctiques, la Mer de Glace… Les touristes se ruent aux confins du monde afin de saisir une dernière chance d’admirer ces sites en voie de disparition et les derniers spécimens d’animaux au bord de l’extinction. Une véritable vogue du tourisme de la dernière chance, notamment dans les Pôles, qui ajoute une pression supplémentaire sur ces lieux sauvages déjà sur le point de basculer, qui nécessiteraient, au contraire, une véritable sanctuarisation. Pourtant, ces touristes de l’apocalypse figurent parmi les plus sensibilisés aux effets du dérèglement climatique.
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Sources : geoconfluences.ens-lyon.fr, tourisme-en-transition.fr, geoconfluences.ens-lyon.fr, france3-regions.francetvinfo.fr, geo.fr, theconversation.com, podcasts-francais.fr

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