Le dangereux paradoxe du tourisme de la dernière chance
Le visiteur, de son côté, entend être témoin des changements environnementaux de son époque et mieux saisir le sentiment d’urgence climatique contemporain. Il souhaite visiter avant qu’il ne soit trop tard les sites en souffrance du fait de dérèglement climatique, comprendre et témoigner du phénomène. Bien intentionné, il ne réalise néanmoins pas que cette pratique représente un danger direct pour la préservation d’un site déjà sur le point de succomber, ce qui témoigne d’une dissonance cognitive assez particulière.
Ces visiteurs, en effet, ont parfaitement conscience de la disparition de ces écosystèmes, puisque c’est l’objet même de leur présence : il s’agit, en définitive, des personnes qui ont le plus conscience des problèmes environnementaux. Ainsi, ces touristes participent à la destruction de ces sites à la valeur inestimable alors qu’ils viennent justement les admirer 🙃.
Par exemple, en recherchant toujours plus de proximité avec la faune antarctique sauvage, les amas de touristes perturbent les périodes de reproduction et envahissent l’espace de nidification des animaux. En fait, même les chercheurs ne se permettent pas d’approcher de si près la faune lorsqu’il n’y a aucun intérêt scientifique de le faire. De plus, c’est aussi la vie des populations locales qui est impactée. Par exemple, les chasseurs inuits, eux-mêmes en voie de disparition, qui chassent une fois par an le narval sur la côte est du Groenland nécessitent une tranquillité absolue. Une activité qui devient difficile du fait de la fréquentation grandissante du site par les bateaux de croisière, qui effraient la faune. Or, ces populations vivent de la chasse, et tentent de préserver un mode de vie traditionnel.
30 000 euros pour voir fondre l’Arctique
Voilà le genre de titres ayant accompagné la mise en fonctionnement du Commandant-Charcot, un nouveau navire polaire de 28m de large, 150m de long, 9 ponts et une capacité jusqu’à 245 passagers, conçu par la compagnie du Ponant. C’est un fait, la région Arctique apparaît plus que jamais comme un nouveau levier de croissance. Encore et toujours la croissance…
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La prise de conscience des touristes de l’Apocalypse
Pourtant, à l’issue de leur visite, les touristes en question déclarent souhaiter agir davantage contre le phénomène du réchauffement climatique, et éprouver tristesse et colère 🥺. C’est ainsi que le tourisme de la dernière chance est également un outil de sensibilisation du grand public, et de la part de la responsabilité humaine dans ce phénomène.
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À retenir La Grande Barrière de corail, les glaciers Arctiques, la Mer de Glace… Les touristes se ruent aux confins du monde afin de saisir une dernière chance d’admirer ces sites en voie de disparition et les derniers spécimens d’animaux au bord de l’extinction. Une véritable vogue du tourisme de la dernière chance, notamment dans les Pôles, qui ajoute une pression supplémentaire sur ces lieux sauvages déjà sur le point de basculer, qui nécessiteraient, au contraire, une véritable sanctuarisation. Pourtant, ces touristes de l’apocalypse figurent parmi les plus sensibilisés aux effets du dérèglement climatique. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
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Sources : geoconfluences.ens-lyon.fr, tourisme-en-transition.fr, geoconfluences.ens-lyon.fr, france3-regions.francetvinfo.fr, geo.fr, theconversation.com, podcasts-francais.fr
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