La décroissance, une solution envisageable pour la planète ?

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Le poids de notre impact sur l’environnement est écrasant : dérèglement climatique, érosion de la biodiversité, raréfaction des ressources naturelles… La décroissance est-elle LA solution à la crise écologique et climatique de notre temps ? Un concept autant politique, philosophique qu’économique qui fait débat, y compris au sein des écologistes. La croissance peut-elle durablement assurer l’avenir de l’humanité ? Notre société inégalitaire, productiviste et consumériste saura-t-elle prospérer plus longtemps ? C’est quoi, au juste, la décroissance ? Zoom sur un concept qui ne date pas d’hier 👇

La décroissance, une solution envisageable pour la planète ?

C’est quoi, la décroissance ? Vivre mieux avec moins

🌍 La décroissance consisterait donc à réduire la production de biens et de services de manière à prendre en compte les limites planétaires et à préserver l’environnement. Ainsi, la décroissance part du constat que l’être humain vit indiscutablement au-dessus de ses moyens, et que vivre à crédit, ça ne dure qu’un temps… Elle prône une réduction délibérée de la production et de la consommation. Notre société de consommation engendre en effet une surproduction, qui est responsable de pollution, de gaspillage des ressources, et d’une dégradation très préoccupante de l’environnement. 👉La durée de vie des déchets : la connaissez-vous vraiment ?

La décroissance propose donc de vivre mieux, mais avec moins, en faisant tout autre chose : c’est sortir du capitalisme pour une autre voie👋, tout en offrant à chaque citoyen une meilleure qualité de vie. C’est passer d’une logique quantitative vers une logique qualitative. Elle remet ainsi en cause l’idée selon laquelle l’augmentation des richesses produites conduit à l’augmentation du bien-être social, d’une part, et d’autre part, la croyance qui veut que le progrès technique puisse résoudre, à terme, tous les problèmes environnementaux.

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Décroissance et capitalisme, les inconciliables

D’après Paul Ariès, politologue et militant politique français, le capitalisme fonctionne un peu comme une bicyclette🚲 : s’il cesse d’avancer, le système tombe. Pour fonctionner, il a absolument besoin de toujours plus de production et de consommation. C’est ainsi que la décroissance est complètement incompatible avec le capitalisme, qui a pour objectif l’accumulation du capital. La soutenabilité écologique y est complètement hors sujet, dans un système où le lucratif l’emporte sur tout le reste. Prospérer sans croissance ? Une véritable hérésie capitaliste.

🌿 Et en effet, produire plus en polluant moins est une utopie, d’après Timothée Parrique, économiste et auteur du livre Ralentir ou périr — L’économie de la décroissance.

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Réduire les pressions environnementales et respecter les limites planétaires

Ainsi, le concept de décroissance tendrait à ce que le rythme de production et de consommation soit mis en conformité avec le respect des limites planétaires🌍. À l’inverse, ce courant d’idées constate que la maximisation du PIB, des profits ou des revenus n’est plus en cohérence avec les besoins concrets et réels de tout un chacun. D’après certains de ses adeptes, la décroissance devrait s’accompagner d’un encadrement des salaires avec une revalorisation des bas salaires et un salaire maximum, en dehors de tout impératif de lucrativité avec une priorité réaccordée à la notion de satisfaction des besoins.

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Croissance verte ou décroissance, quelle différence ?

Depuis les années 70, le concept même de décroissance a émergé, en opposition à la croissance économique, érigée en ultime objectif à atteindre et à pousser le plus loin possible, à tout prix. Un groupe de réflexion international a en effet publié en 1972 le rapport Meadows, prédisant l’effondrement inéluctable de notre civilisation prônant une croissance infinie dans un monde fini.

Là où la croissance verte propose de tâcher de concilier croissance et environnement, la décroissance propose de prospérer sans croissance💪. La croissance, peu importe sa couleur, est en effet directement corrélée à la production et à la consommation : c’est sa quête perpétuelle.

La croissance, même verte, rime presque systématiquement avec impact environnemental. De fait, la croissance exponentielle de la population et du capital se heurtera nécessairement à une réalité inéluctable, les ressources naturelles n’étant quoi qu’il en soit disponibles qu’en quantité limitée. Des limites physiques qui sont en passe de nous rappeler à l’ordre.

Les partisans de la décroissance affirment donc que tant que le PIB restera l’instrument de pilotage essentiel des décideurs économiques, nous serons dans l’impasse écologique : il est devenu, dans l’imaginaire collectif, le grand indicateur du bien-être. Or, les limites du PIB ne sont plus à prouver, mais le système actuel refuse de le changer, encourageant une véritable idéologie de la croissance💰. D’après eux, cet indicateur se focalise sur un champ restreint d’activités humaines, faisant abstraction de nombreux aspects de la vie qui influent pourtant sur le bien-être, de même que du prix à payer pour l’environnement des processus de production.

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Décroissance et développement durable, la nuance

Le développement est une notion bien plus large que celle de croissance : il englobe l’amélioration des conditions de vie, et notamment de la satisfaction des besoins alimentaires, sanitaires et éducatifs. Ainsi, il peut tout à fait y avoir croissance sans aucun développement.

La décroissance, une idée de droite ou de gauche ?

La décroissance serait plutôt une idée de gauche d’inspiration socialiste, la dimension écologique en plus, d’après l’économiste Serge Latouche✊. Mais on retrouve des militants de la décroissance et des objecteurs de croissance dans de nombreux mouvements (anti-productivistes, anti-consuméristes, écologistes…).

Croissance et sobriété : dépenser moins de nature, mais mieux

Le terme de décroissance a fait place dans la rhétorique à celui de sobriété, qui désigne les secteurs dont il faut réduire l’activité. 👉 Quelles sont les 5 causes principales du réchauffement climatique ?

D’après l’Ademe, pourtant, la sobriété n'est pas synonyme de décroissance, la transition écologique engendrant une hausse de l'activité économique dans tous les scénarios de neutralité carbone à 2050. Inspirés des modèles du Giec, aucun d’entre eux n’engendrerait de récession à terme, rappelle l’Agence de la transition écologique, les énergies renouvelables produites localement prenant la place des énergies fossiles importées, et les produits et services locaux venant en remplacement des biens manufacturés à fort bilan carbone : pour l’agence, donc, la croissance et le PIB seraient au rendez-vous de la transition énergétique.

C’est néanmoins oublier que la prise en compte de l’environnement ne se résume pas à l’aspect climatique de la crise écologique actuelle😔. De même, la décroissance ne se limite pas à la sobriété, dans la mesure où elle inclut également les notions de justice sociale, d’épanouissement, de convivialité et de solidarité. Quoi qu’il en soit, de nombreux spécialistes s’accordent à dire qu’une véritable stratégie de sobriété ne peut se faire sans un ralentissement économique majeur. Toutefois, la décroissance ne relève pas d’une forme de récession, mais plutôt d’une démarche volontaire qui vise à ne plus ériger la croissance économique comme objectif social fondamental : la production s’adapte alors non pas aux besoins des marchés, mais aux besoins des citoyens, dans le respect de l’environnement.

La décroissance : les pistes

Réduction du temps de travail, promotion de modes de vie plus simples, commercialisation de biens et services essentiels, encadrement de la publicité, réduction des inégalités économiques, distinction les biens et les activités en fonction de leurs conséquences sur le climat, quota d'unités de charge écologique détenu par chaque consommateur🤯… Les pistes sont nombreuses, mais l’une des critiques avancées contre les partisans de la décroissance est le fait que les solutions avancées ne sont généralement pas présentées sous la forme d’un système cohérent.

Une idéologie qui ne saurait se suffire à elle-même

La décroissance pourrait indiscutablement réduire les pressions environnementales, mais saura-t-elle résoudre tous les problèmes écologiques de notre époque 🤔? Il y a fort à parier que d’autres mesures devraient nécessairement lui être adjointes (régime alimentaire, système agricole, progrès technologique, réglementation internationale, taxation des produits les moins écologiques, fiscalité verte, économie circulaire…) afin de résoudre cet incommensurable sac de nœuds, multifactoriels et interconnectés.

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À retenir

La décroissance est un courant de pensée qui repose sur un postulat : la recherche d’une croissance infinie dans un monde aux ressources naturelles limitées est absurde et dangereuse, car elle conduit l’homme à vivre à crédit. Elle propose donc de réduire la production de biens et de services de manière à prendre en compte les limites planétaires et à préserver l’environnement. Sortir du capitalisme pour emprunter une nouvelle voie, pour vivre avec moins, mais mieux : une solution qui peut paraître radicale, utopique, mais dont on ne peut nier qu’elle est confortée par la réalité désormais incontestable de notre responsabilité dans la crise climatique et écologique actuelle. Ce nouvel idéal verra-t-il le jour dans un avenir proche ? Lointain ? En tout cas, l’idée ne paraît plus aussi saugrenue qu’il y a encore quelques années.

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Sources : lemonde.fr, reporterre.net, geoconfluences.ens-lyon.fr, linfodurable.fr, sciencepost.fr, libération.fr, monde-diplomatique.fr, cairn.info, francetvinfo.fr, radiofrance

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