Les fermes aquaponiques, comment ça marche ?
Inspirée des pratiques ancestrales aztèques et chinoises qui avaient introduit des poissons dans les rizières, l'aquaponie consiste à combiner en un même endroit l’élevage de poissons et la culture de légumes ou de plantes aromatiques.
Concrètement, ça marche comment ? Le principe de l’aquaponie repose sur un écosystème en circuit fermé favorisant la biodiversité. Les poissons, élevés dans des bassins, produisent des déchets riches en nutriments sous forme d’ammoniaque.
Ces déchets, qui seraient toxiques pour les poissons à forte concentration, sont transformés en nitrates grâce à des bactéries nitrifiantes présentes dans le système. Ces nitrates deviennent alors un engrais naturel idéal pour les plantes, cultivées dans des lits remplis de substrat ou flottant dans l’eau. Les plantes, en absorbant ces nutriments, purifient l’eau, qui est ensuite renvoyée propre dans les bassins des poissons.
Ce cycle autonome permet de maintenir un équilibre bénéfique pour les deux parties tout en réduisant la consommation d’eau et en éliminant l’usage de pesticides.

Des avantages écologiques et économiques
L’aquaponie présente plusieurs avantages majeurs qui en font une solution prometteuse pour l’agriculture durable et notamment l’agriculture urbaine.
1/ Économie d’eau et en électricité
L’aquaponie consomme jusqu’à 90 % moins d’eau qu’une agriculture traditionnelle, car l’eau est recyclée en continu dans le système. Cela en fait une méthode adaptée aux régions arides ou aux zones où l’accès à l’eau est limité.
2/ Production locale et circuits courts
Les fermes aquaponiques n’ont pas besoin de beaucoup d’espace. Ainsi, elles peuvent facilement être installées dans des zones urbaines, réduisant ainsi la distance entre le producteur et le consommateur. Un circuit court qui permet à la fois de limiter l’empreinte carbone liée au transport des aliments mais garantit aussi des produits frais arrivés à maturité, locaux et qui se conservent mieux.
3/ Réduction des déchets
Les déchets produits par les poissons sont valorisés comme nutriments et fertilisants pour les plantes et donc pas rejetés dans la nature. Électricité ou eau : les ressources sont optimisées puisque les plantes et les poissons évoluent en symbiose.
4/ Polyvalence et diversité
L’un des atouts phares des fermes aquaponiques réside dans ses multiples possibilités. En effet, de nombreuses variétés de légumes peuvent y être cultivées telles que les salades, les tomates ou les herbes aromatiques. De même pour les poissons comestibles, l’aquaponie peut se pratiquer aussi bien avec des truites que du tilapia (le poisson le plus consommé du monde) ou des crevettes.
Les principaux défis de l’aquaponie
L’un des inconvénients majeurs de l’aquaponie est que ce type de culture hors sol ne répond pas au cahier des charges des labels bio et répond à une logique plutôt intensive. De plus, l’aquaponie demande une gestion technique précise pour maintenir l’équilibre du système. Enfin, bien que le système soit rentable à long terme, les coûts d’installation constituent un investissement conséquent et représentent un frein.
L’agriculture de demain ?
Et si l’aquaponie était l’agriculture des villes vertes de demain ? Face à la croissance démographique et l’urbanisation rapide, produire des aliments localement, de manière durable en ville devient une priorité. Ainsi, les fermes aquaponiques sont particulièrement pertinentes pour les zones urbaines ou isolées, où l’espace et les ressources sont limités.
Sans pesticides ni engrais chimiques, le système propose une alimentation plus saine et plus respectueuse de l’environnement.
Selon les analystes de Mordor Intelligence, le marché de l’aquaponie représentait 1,10 milliard de dollars en 2023 et pourrait s’élever à 1,75 milliard en 2028.
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Ils montrent l’exemple
L’aquaponie suscite l’engouement de grandes entreprises françaises et du monde entier. En 2018, une ferme aquaponique de 1 000 m2 a vu le jour aux Portes de Paris, entre Aubervilliers et Saint-Denis (93). À Mérignac, dans la périphérie de Bordeaux, Les Nouvelles Fermes ambitionnent de révolutionner le monde agricole en créant le premier réseau de fermes urbaines en aquaponie.
Alliant innovation piscicole et agronomique, construction low-tech (pour limiter le poids des investissements dans la rentabilité du projet) et gestion connectée de la serre pour assurer l’équilibre des écosystèmes et une gestion bio, le projet n’a pas d’équivalence en Europe.
Pourtant, l’avenir du secteur reste encore incertain. À Brooklyn, aux États-Unis, l’une des pionnières sur le marché des « fermes verticales » et de l’aquaponie, Upward Farms, a mis la clé sous la porte en 2023, après avoir annoncé la création du plus grand projet d’aquaponie au monde : une exploitation de plus de 20 000 m2 , en Pennsylvanie.
À retenir :
Les fermes aquaponiques constituent-elles le modèle de demain ? Il est peut-être un peu tôt pour le dire. Pour autant, elles incarnent une vision moderne et durable de l’agriculture. En combinant ingénieusement l’élevage de poissons et la culture de plantes dans un écosystème fermé, autosuffisant, économe en eau et en énergie, l’aquaponie répond à de nombreux enjeux écologiques et alimentaires à l’échelle planétaire. Le défi pour demain. Si la solution est coûteuse en formation et en matériel au départ, l’aquaponie offre une solution prometteuse pour un avenir durable et résilient.
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Sources : The good life - Aiquitaineonline - Radio France
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