Les fermes usines, l'élevage industriel poussé à l'extrême

Mis à jour le par Equipe Rédaction

Il y a tout juste un an, la Chine inaugurait la plus grande porcherie au monde : un gratte-ciel de 26 étages capable d’accueillir 650 000 porcs dans la ville d’Ezhou, à proximité de Wuhan. 25 000 animaux y sont séquestrés dans de minuscules stalles automatisées. Ces animaux ne toucheront jamais la terre de leurs pieds, ne respireront jamais à l’air libre et vivront un véritable calvaire, de leur naissance jusqu’à leur mort. Si ça ce n’est pas du progrès 👏… Mais les fermes usines ne sont pas une exclusivité chinoise : en fait, les fermes usines se multiplient partout dans le monde, provoquant un malaise de plus en plus palpable au sein du grand public pourtant complices d’un système intenable. De quoi s’agit-il exactement ? Quelle est l’ampleur du phénomène ? Le point 👇

Les fermes usines, l'élevage industriel poussé à l'extrême

C’est quoi une ferme-usine ?

Est considérée comme une ferme-usine, soumise à une réglementation spécifique, les fermes de plus de 800 bovins destinés à la production de viande, 400 vaches pour la production laitière, 20 000 lapins, 40 000 volailles ou encore 2 000 porcs : autrement dit, on quitte le monde de l’élevage pour entrer dans une logique industrielle. Ainsi, les fermes usines, c’est le summum de l’élevage industriel. L’idée est de fournir des quantités gargantuesques de viande, à moindre coût, peu importe ce qu’il en coûte en termes notamment de bien-être animal. Robotisation des exploitations, absence totale de respect des cycles biologiques… Tous les moyens sont bons !

👉 Réduire sa consommation de viande, oui mais par quels aliments la remplacer ?

Les chiffres inquiétants divulgués par Greenpeace

Greenpeace, s’appuyant sur un fichier du ministère de la Transition écologique, vient de recenser les plus grandes exploitations animales françaises afin d’identifier la présence de fermes-usines sur le territoire, et d’élaborer une carte de France des fermes-usines 🗺️. Le nord-ouest de la France, et en particulier la Bretagne, est particulièrement concerné par ce phénomène. Résultat : sur les 390 000 exploitations agricoles françaises, Greenpeace recense plus de 3 000 fermes-usines, qui élèvent au total 197,9 millions de volailles, 2,7 millions de porcs et près de 53 000 bovins. Dans une seule ferme-usine localisée dans l'Oise, 1 million de volailles sont entassées. Une mégaporcherie du Finistère produit de son côté 43 000 porcs par an. Ainsi, d’après les constatations de GreenPeace, dans notre pays, 60% des animaux sont concentrés dans 3% des fermes d'élevage 😱. Pourtant, ces méga-exploitations soumises à autorisation sont de véritables aberrations éthiques, climatiques et écologiques. C’est pourquoi lundi 20 novembre 2023, Greepeace a manifesté dans une vingtaine de villes pour protester contre l'élevage industriel et l'essor des « fermes-usines » en France, dénonçant une tendance à l’industrialisation des exploitations d’élevages françaises.

👉 Le fruit du Jacquier, un étonnant fruit pour remplacer la viande

Un système qui repousse les limites du possible en forte expansion

D’une manière globale, l’être humain élève 70 milliards d’animaux par an, soit 3 fois plus qu’il y a trente ans. Malgré la dénonciation de plus en plus fréquente des dérives de l’élevage intensif, notamment par l’intermédiaire de l’association L214, ce modèle a le vent en poupe. Pourquoi ? Parce que la demande en viande des consommateurs ne cesse de progresser 🥩. Et pour les géants du secteur agro-alimentaire, il faut bien suivre la cadence pour la contenter.

Des aliments de très basse qualité, certes, mais en quantité. Le bilan fait frémir : 99 % de la viande consommée aux Etats-Unis provient de l'élevage industriel. C’est d’ailleurs au Texas que 18 000 vaches sont mortes dans l’explosion d’une ferme industrielle dans la nuit du 10 au 11 avril 2022. Une tragédie possiblement liée à une surchauffe du système d’évacuation du fumier, ou à une inflammation du méthane…

👉 Slow food : pour une alimentation bonne, propre et juste

Les fermes-usines : la rationalisation de la maltraitance animale

C’est ainsi que des milliards d’animaux ne voient jamais la lumière du jour, sont entassés les uns sur les autres en attendant une issue fatale, dans des conditions abjectes. En moyenne deux animaux meurent chaque semaine aux 1 000 vaches, dans la Somme. Maltraitance animale, mutilations, surconsommation de viande… Mais comment en sommes-nous arrivés là, et surtout, pourquoi détournons-nous les yeux de notre responsabilité 😱 ? Des pratiques qui posent plusieurs séries de problématiques, le plus important d’entre elles étant sans doute d’ordre éthique, mais qui touche également à la santé publique, en passant par l’empreinte écologique absolument catastrophique de ce modèle industriel.

👉 Quels sont les secteurs et industries les plus polluants ?

Le risque sanitaire qui plane au-dessus des fermes-usines

Les scandales sanitaires impliquant la viande se succèdent, et posent de véritables questions en matière de sécurité alimentaire. En cause, justement, les dérives de l’élevage industriel qui coure après le profit parfois à tout prix, au point de parvenir à de véritables aberrations parfois lourdes de conséquences.

Notamment, les espaces confinés des fermes-usines favorisent évidemment le développement de pathologies 🦠, et leur propagation. C’est pourquoi la viande qui en est issue est fortement dosée en antibiotiques, afin de permettre aux animaux d’y survivre suffisamment longtemps avant leur abattage, avec comme conséquence une importante antibiorésistance. La vache folle, la grippe aviaire, la peste porcine, la fièvre catarrhale ovine, l'affaire Spanghero, la viande d'animaux malades de Pologne, la fièvre Q… Les pauvres bêtes issues de l’élevage intensif ont, de fait, un système immunitaire fragile. Un fait démontré par les infectiologues, qui ont mis en lumière le fait qu’une infection touche plus sévèrement une population d’animaux standardisés, avec un code génétique unique.

C’est également la porte ouverte aux zoonoses 😷, ces pathologies qui peuvent être transmises des animaux aux humains. Les élevages industriels sont ainsi une source de pandémie, et le nombre d’épidémies dans l’élevage a presque triplé dans les quinze dernières années.

👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?

Des élevages intensifs qui aggravent la crise climatique

Mais également, ces élevages ne sont pas du tout climato-friendly et émettent d’importantes quantités de gaz à effet de serre, en grande partie imputables à la production de nourriture pour nourrir les animaux eux-mêmes. La culture de soja, abondamment utilisé dans l’agro-alimentaire, notamment, est responsable d’une importante déforestation dans des régions du Monde particulièrement vulnérables 🪵.

Des exploitations polluantes pour les milieux naturels

Au-delà de l’aspect climatique, les élevages-usines sont particulièrement polluantes : terres, eaux, océans… Tous les milieux sont impactés. Le secteur rejette de grandes quantités de nitrates au moyen de l’épandage et contamine les nappes phréatiques. Il entraîne également une pollution de l'air par les émissions d'ammoniac.

👉 L'eutrophisation : tout savoir sur cette pollution de l'eau

Changer nos habitudes alimentaires : le premier pas indispensable

Mais en réalité, même si l’on peut toujours montrer du doigt les pratiques de ce secteur qui est loin d’être reluisant, la vérité est implacable : seul l'élevage intensif peut atteindre les objectifs en matière de demande de viande de la part des consommateurs, de plus en plus nombreux au gré de la croissance démographique en constante progression. Le seul levier d’action pour y mettre un terme ou du moins pour limiter le recours à l’élevage intensif, c’est de réduire la demande, et donc de revoir nos habitudes alimentaires afin de consommer moins de viande, mais de meilleure qualité 📉. Seule une baisse de la consommation sera de nature à faire fléchir la production.

Halte au gaspillage alimentaire

La réduction du gaspillage alimentaire est également clé, car il représente une importante source de perte inutile, qui accroît donc artificiellement la demande mondiale. Si la viande produite était correctement redistribuée, déjà, on y verrait plus clair.

👉 Stop au gaspillage alimentaire, on ne jette plus !

À retenir

Avec la croissance démographique mondiale et la demande toujours plus importante en viande, l’élevage industriel gagne chaque année toujours plus de terrain. C’est ainsi que les fermes-usines prospèrent, et repoussent sans cesse les limites du possible en matière d’industrialisation de la production animale. Une rationalisation et une robotisation du système d’élevage poussé à son paroxysme, qui engendre une incommensurable souffrance animale, s’accompagnent d’un développement très préoccupant des risques sanitaires, et aggrave les crises climatiques et écologiques. Autant de sonnettes d’alarmes qui retentissent depuis plusieurs décennies, dans l’indifférence presque générale. Ce modèle, intenable sur le long terme, devra pourtant se voir substituer par des pratiques d’élevage et de consommation plus vertueuses, et cela commence à une réduction de notre consommation de viande au quotidien.

Explorer - protéger - se ressourcer

#BornToBeWild

Sources : reporterre.net, notre-planete.info, libération.fr, greenpeace.fr, radiofrance.fr, capital.fr

Retrouvez les articles sur le thème :

Article proposé par Equipe Rédaction

Amoureux de la nature - Born To Be Wild

Nos derniers articles

Le 2 août 2024 : jour du dépassement. Prévenir pour mieux agir

Si nous vivons sur la même planète, vous en avez sûrement entendu parler au moins une fois… Le jour du dépassement, c’est cette date indicative à partir de laquelle nous aurons consommé l’ensemble des ressources que la Terre est capable d’approvisionner en une année. Calculé pour sonner l’alerte et sensibiliser la population mondiale, le jour du dépassement semble faire parler plus qu’il ne fait agir. Comment la date est-elle calculée ? Pourquoi est-elle différente d’un pays à l’autre ? Comment retarder concrètement son avancée ? Voici quelques clés pour mieux comprendre les enjeux du jour du dépassement. Loin de nous l’idée de nourrir votre éco-anxiété mais plutôt la prise de conscience de notre responsabilité à en matière d’habitudes de consommation.

Cadaqués : le bijou de la Costa Brava

Que vous fassiez l’aller-retour dans la journée ou que vous partiez pour le week-end complet : vous ne risquez pas de vous ennuyer. Cadaqués est l’un des incontournables de la Costa Brava. Ce n’est sûrement pas pour rien que Salvador Dali en avait fait son fief. Il faut dire qu’il y flotte un air de vacances toute l’année. Cadaqués n’est jamais pressée et a su garder son âme et son charme pittoresque. Et quel plaisir de se perdre dans les rues escarpées de la ville aux façades blanches et aux bougainvilliers colorés. Si la ville respire la sérénité, c’est un village vivant, rythmé par la culture et la gastronomie. Par ici les incontournables et quelques bonnes adresses de Cadaqués.

Le viaduc de Glenfinnan : une escale écossaise hors du temps

Au cœur des Highlands, des paysages sauvages à l’atmosphère à la fois sereine et mystérieuse. Imaginez-vous entre montagnes, lacs scintillants et vallées verdoyantes. C’est là, au cœur de ces panoramas que se hisse fièrement le viaduc de Glenfinnan, chef-d’œuvre d’ingénierie mondialement connu pour avoir prêté son image à la célèbre saga Harry Potter. Il faut dire qu’entre ses îles sauvages, ses villages pittoresques et ses châteaux mystérieux : il règne dans les Highlands une atmosphère magique.

Les poisons les plus puissants et dangereux du monde

Utilisés comme des armes dans les polars ou même dans les contes, les poisons ont toujours provoqué à la fois peur et fascination. Qu’ils soient naturels ou non, étudier les poisons est capital en matière de prévention des risques d’intoxication. Si certaines substances peuvent tuer en quelques minutes, d’autres agissent de manière insidieuse. Pourtant, ces substances ont un intérêt fondamental en médecine où, appliquées selon un protocole spécifique, elles peuvent également présenter des propriétés thérapeutiques. Alors quels sont les poisons les plus mortels ? Petit tour d’horizon des plus dangereux du monde.

Le congé de solidarité écologique : un engagement collectif pour la planète

Entre crise climatique, quête de sens et crise économique : pas toujours facile de trouver l’équilibre. Comment concilier sa vie professionnelle et une volonté ardente de s’engager pour l’environnement ? Le congé de solidarité écologique offre une proposition innovante. Initié par Planète Urgence, l’association propose aux salariés de prendre un congé payé par leur employeur afin de mener des actions environnementales. Ainsi, ils mettent leurs compétences au service de leur engagement envers l’écologie. Une façon pour l’entreprise de matérialiser ses engagements en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE) et pour les associations de bénéficier de renforts sans avoir à embaucher. Bref, tout le monde est gagnant. Combien de temps dure ce congé ? Qui peut y prétendre et quelles sont les missions confiées ? Le point sur cette initiative encore trop méconnue

Les pires marées noires de l’histoire : plus jamais ça !

Ce sont les catastrophes écologiques les plus dévastatrices de notre époque… Les marées noires polluent les océans, dévastent des villes et laissent sur le littoral leurs stigmates indélébiles. Elles surviennent principalement en raison de déversements accidentels de pétrole brut ou dérivés dans les océans et les mers. Comment ces accidents sont-ils possibles ? Quelles sont les conséquences sur la faune et la flore sous-marines ? Et pour l’homme ? Et surtout, comment tirer les leçons des catastrophes passées pour ne plus jamais vivre ça ? Le point sur ces années noires de l’histoire.

La playlist nature qui fait du bien

Nature - Peinture

Amareo

  1. Côte maritimeZen Ambiance D'eau Calme
    3:28
  2. Se délasserZen Ambiance D'eau Calme
    3:29
  3. Orage: Pluie Sur Le ToitSons De Pluie HD
    3:10
  4. Orage: Pluie ForteSons De Pluie HD
    2:55
  5. Ronronnement relaxantOasis de sommeil
    3:27
  6. La tempête tropicale à l'horizonSomnolent Jean
    1:42
  7. Pluie dans la Forêt, Pt. 01Sons de la Nature Projet France de TraxLab
    1:23
  8. Chant de cigales, Vol. 1Bruitages
    3:02
  9. Sons des rivières: Vent, ruisseauBruits naturels
    4:17
  10. Relax NaturelleChant d'Oiseaux
    2:39
  11. Bruits de feu crépitantZone de la Musique Relaxante
    3:29

Qui sommes nous?

Chaque jour, nous avons à cœur de vous montrer les merveilles de Mère Nature et de vous offrir un bol d'air frais. Nous vous donnerons également quelques conseils pour prendre soin de notre belle planète, sans injonction ni culpabilisation. 👉Pour en savoir plus sur nous.

La citation qui nous parle