C’est quoi une ferme-usine ?
Est considérée comme une ferme-usine, soumise à une réglementation spécifique, les fermes de plus de 800 bovins destinés à la production de viande, 400 vaches pour la production laitière, 20 000 lapins, 40 000 volailles ou encore 2 000 porcs : autrement dit, on quitte le monde de l’élevage pour entrer dans une logique industrielle. Ainsi, les fermes usines, c’est le summum de l’élevage industriel. L’idée est de fournir des quantités gargantuesques de viande, à moindre coût, peu importe ce qu’il en coûte en termes notamment de bien-être animal. Robotisation des exploitations, absence totale de respect des cycles biologiques… Tous les moyens sont bons !
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Les chiffres inquiétants divulgués par Greenpeace
Greenpeace, s’appuyant sur un fichier du ministère de la Transition écologique, vient de recenser les plus grandes exploitations animales françaises afin d’identifier la présence de fermes-usines sur le territoire, et d’élaborer une carte de France des fermes-usines 🗺️. Le nord-ouest de la France, et en particulier la Bretagne, est particulièrement concerné par ce phénomène. Résultat : sur les 390 000 exploitations agricoles françaises, Greenpeace recense plus de 3 000 fermes-usines, qui élèvent au total 197,9 millions de volailles, 2,7 millions de porcs et près de 53 000 bovins. Dans une seule ferme-usine localisée dans l'Oise, 1 million de volailles sont entassées. Une mégaporcherie du Finistère produit de son côté 43 000 porcs par an. Ainsi, d’après les constatations de GreenPeace, dans notre pays, 60% des animaux sont concentrés dans 3% des fermes d'élevage 😱. Pourtant, ces méga-exploitations soumises à autorisation sont de véritables aberrations éthiques, climatiques et écologiques. C’est pourquoi lundi 20 novembre 2023, Greepeace a manifesté dans une vingtaine de villes pour protester contre l'élevage industriel et l'essor des « fermes-usines » en France, dénonçant une tendance à l’industrialisation des exploitations d’élevages françaises.
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Un système qui repousse les limites du possible en forte expansion
D’une manière globale, l’être humain élève 70 milliards d’animaux par an, soit 3 fois plus qu’il y a trente ans. Malgré la dénonciation de plus en plus fréquente des dérives de l’élevage intensif, notamment par l’intermédiaire de l’association L214, ce modèle a le vent en poupe. Pourquoi ? Parce que la demande en viande des consommateurs ne cesse de progresser 🥩. Et pour les géants du secteur agro-alimentaire, il faut bien suivre la cadence pour la contenter.
Des aliments de très basse qualité, certes, mais en quantité. Le bilan fait frémir : 99 % de la viande consommée aux Etats-Unis provient de l'élevage industriel. C’est d’ailleurs au Texas que 18 000 vaches sont mortes dans l’explosion d’une ferme industrielle dans la nuit du 10 au 11 avril 2022. Une tragédie possiblement liée à une surchauffe du système d’évacuation du fumier, ou à une inflammation du méthane…
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Les fermes-usines : la rationalisation de la maltraitance animale
C’est ainsi que des milliards d’animaux ne voient jamais la lumière du jour, sont entassés les uns sur les autres en attendant une issue fatale, dans des conditions abjectes. En moyenne deux animaux meurent chaque semaine aux 1 000 vaches, dans la Somme. Maltraitance animale, mutilations, surconsommation de viande… Mais comment en sommes-nous arrivés là, et surtout, pourquoi détournons-nous les yeux de notre responsabilité 😱 ? Des pratiques qui posent plusieurs séries de problématiques, le plus important d’entre elles étant sans doute d’ordre éthique, mais qui touche également à la santé publique, en passant par l’empreinte écologique absolument catastrophique de ce modèle industriel.
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Le risque sanitaire qui plane au-dessus des fermes-usines
Les scandales sanitaires impliquant la viande se succèdent, et posent de véritables questions en matière de sécurité alimentaire. En cause, justement, les dérives de l’élevage industriel qui coure après le profit parfois à tout prix, au point de parvenir à de véritables aberrations parfois lourdes de conséquences.
Notamment, les espaces confinés des fermes-usines favorisent évidemment le développement de pathologies 🦠, et leur propagation. C’est pourquoi la viande qui en est issue est fortement dosée en antibiotiques, afin de permettre aux animaux d’y survivre suffisamment longtemps avant leur abattage, avec comme conséquence une importante antibiorésistance. La vache folle, la grippe aviaire, la peste porcine, la fièvre catarrhale ovine, l'affaire Spanghero, la viande d'animaux malades de Pologne, la fièvre Q… Les pauvres bêtes issues de l’élevage intensif ont, de fait, un système immunitaire fragile. Un fait démontré par les infectiologues, qui ont mis en lumière le fait qu’une infection touche plus sévèrement une population d’animaux standardisés, avec un code génétique unique.
C’est également la porte ouverte aux zoonoses 😷, ces pathologies qui peuvent être transmises des animaux aux humains. Les élevages industriels sont ainsi une source de pandémie, et le nombre d’épidémies dans l’élevage a presque triplé dans les quinze dernières années.
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Des élevages intensifs qui aggravent la crise climatique
Mais également, ces élevages ne sont pas du tout climato-friendly et émettent d’importantes quantités de gaz à effet de serre, en grande partie imputables à la production de nourriture pour nourrir les animaux eux-mêmes. La culture de soja, abondamment utilisé dans l’agro-alimentaire, notamment, est responsable d’une importante déforestation dans des régions du Monde particulièrement vulnérables 🪵.
Des exploitations polluantes pour les milieux naturels
Au-delà de l’aspect climatique, les élevages-usines sont particulièrement polluantes : terres, eaux, océans… Tous les milieux sont impactés. Le secteur rejette de grandes quantités de nitrates au moyen de l’épandage et contamine les nappes phréatiques. Il entraîne également une pollution de l'air par les émissions d'ammoniac.
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Changer nos habitudes alimentaires : le premier pas indispensable
Mais en réalité, même si l’on peut toujours montrer du doigt les pratiques de ce secteur qui est loin d’être reluisant, la vérité est implacable : seul l'élevage intensif peut atteindre les objectifs en matière de demande de viande de la part des consommateurs, de plus en plus nombreux au gré de la croissance démographique en constante progression. Le seul levier d’action pour y mettre un terme ou du moins pour limiter le recours à l’élevage intensif, c’est de réduire la demande, et donc de revoir nos habitudes alimentaires afin de consommer moins de viande, mais de meilleure qualité 📉. Seule une baisse de la consommation sera de nature à faire fléchir la production.
Halte au gaspillage alimentaire
La réduction du gaspillage alimentaire est également clé, car il représente une importante source de perte inutile, qui accroît donc artificiellement la demande mondiale. Si la viande produite était correctement redistribuée, déjà, on y verrait plus clair.
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À retenir Avec la croissance démographique mondiale et la demande toujours plus importante en viande, l’élevage industriel gagne chaque année toujours plus de terrain. C’est ainsi que les fermes-usines prospèrent, et repoussent sans cesse les limites du possible en matière d’industrialisation de la production animale. Une rationalisation et une robotisation du système d’élevage poussé à son paroxysme, qui engendre une incommensurable souffrance animale, s’accompagnent d’un développement très préoccupant des risques sanitaires, et aggrave les crises climatiques et écologiques. Autant de sonnettes d’alarmes qui retentissent depuis plusieurs décennies, dans l’indifférence presque générale. Ce modèle, intenable sur le long terme, devra pourtant se voir substituer par des pratiques d’élevage et de consommation plus vertueuses, et cela commence à une réduction de notre consommation de viande au quotidien. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : reporterre.net, notre-planete.info, libération.fr, greenpeace.fr, radiofrance.fr, capital.fr
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