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Slow food, ou l’éloge de la lenteur
La question du rapport au temps est au centre de la philosophie Slow food ⌚. Les sociétés traditionnelles ou paysannes suivaient les cycles de la nature. Le principal instrument de mesure du temps était le calendrier rythmant les grandes dates de la vie agricole, ou encore religieuses. Mais ça, c’était avant le capitalisme industriel, qui a profondément changé notre rapport au temps. Les logiques de productivité sont ensuite entrées dans la danse. Le temps, c’est de l’argent, n’est-ce pas ? Le capitalisme, ensuite, vient enfoncer le clou et accélérer encore plus les rythmes temporels, et le processus productiviste incite encore et toujours à en faire toujours plus…
C’est alors que différents mouvements, conscients des effets délétères de cette course effrénée contre la montre (dépressions, burn-out, impact écologique 🌍…), revendiquent une décélération : Slow Life, Slow sex, les mouvements Slow font leur apparition, prônant un autre rapport au temps rompant avec le culte de la performance et de la productivité. Autrement dit, c’est l’éloge de la lenteur.
La philosophie Slow food
Le mouvement Slow food devient protestataire et militant en 1986 après l’implantation d’un Mac Donald en pleine Rome historique 😠. Une équipe de gourmets se réunit à Paris en 1989 et décide de fonder un mouvement international d’oeno-gastronomes : le Slow food voit officiellement le jour🥂. Après plus de 20 ans d’existence, le mouvement se transforme petit à petit et adopte une vision plus globale de l’alimentation.
Si initialement, le mouvement a pris naissance en opposition et en résistance à la malbouffe, il a beaucoup évolué. Pour son fondateur, l’idée d’art culinaire n’est pas dissociable de l’idée de préservation de la biodiversité. Il a conscience que chaque jour, différentes variétés de fruits, de légumes ou de racines disparaissent 🌿. La lutte pour la diversité des cuisines de chaque culture passe nécessairement par la protection de l’environnement et de la biodiversité. Il met donc en avant les liens forts qui existent entre la gastronomie, la planète, la culture, et également les individus.
Ce mouvement diffuse aujourd’hui son influence partout dans le monde. C’est une philosophie de vie, qui considère qu’une alimentation de qualité doit impérativement répondre à ces trois impératifs : bon, propre, juste, considérant que tout aliment devrait répondre à ces conditions, ce qui est loin d’être le cas…
- Bon, comme une saveur et un arôme préservé 😋, résultat du savoir-faire du producteur, de ses méthodes de production qui doivent préserver sa nature, et de la sélection des différents ingrédients.
- Propre, au travers du respect de l’environnement 🌍 tant dans les méthodes de culture, d’élevage, de transformation que de marketing, et enfin de consommation, c’est-à-dire à chaque étape de la chaîne, jusqu’à votre assiette. Avec comme mot d’ordre le respect de la biodiversité.
- Juste, avec l’instauration de conditions de travail dignes et générant une rémunération équitable 💶. Empathie, solidarité, respect des diversités culturelles, autant de valeurs qui fondent la philosophie Slow food.
👉 Le tout pour préparer un avenir meilleur et participer à l’amélioration du système alimentaire actuel, en encourageant des comportements individuels vertueux.
Quelles sont les actions de Slow food ?
Aujourd’hui, Slow food, ce sont de nombreuses initiatives dans le monde entier dans le but de promouvoir ses valeurs.
Défendre la biodiversité alimentaire
Au cœur de sa stratégie,la protection de la biodiversité est chère au mouvement Slow food 🌱. Les écosystèmes peuvent en effet se maintenir un temps, même lorsque certaines espèces disparaissent. Mais il arrive un jour où c’est l’espèce de trop, et où l’ensemble de l’écosystème s’écroule. La protection de la biodiversité revient donc à essayer de sauver l’avenir de la planète… C’est pourquoi Slow food s’évertue à soutenir des productions de qualité qui sont en voie d’extinction, et à réhabiliter des méthodes de fabrication traditionnelles, plus respectueuses de l’environnement.
Le mouvement Slow food a mis en place un catalogue en ligne « l’arche du Goût » 📝, qui référence, grâce aux alertes de personnes inquiètes de voir les saveurs de leur enfance disparaître, des morceaux de culture, de tradition et d’histoire de toute la planète. Plus de 4.000 produits y sont catalogués, afin de conserver un héritage précieux. Le but de cette base de données est tantôt d’attirer l’attention sur un risque de disparition, tantôt d’inviter à acheter ou à consommer certains d’entre eux, et tantôt, pour certaines espèces sauvages, d’éviter au contraire d’en piller afin de les préserver.
Slow food, c’est aussi un réseau mondial de marchés paysans appelés « marchés de la terre » qui respectent cette philosophie, afin de proposer une nourriture fiable et de qualité en provenance directe des petits producteurs, à un prix équitable. Le tout pour promouvoir les économies locales.
Un réseau de chefs cuisiniers, l’Alliance des chefs 🧑🏽🍳, constitué de plus de 700 professionnels, défend la biodiversité alimentaire partout dans le monde.
Slow food, c’est aussi la création de 10.000 jardins en Afrique, ou encore d’une étiquette narrative sur les produits fournissant au consommateur des informations précises et complètes, jusqu’aux techniques de culture, d’élevage, ou encore au bien-être animal.
Éduquer au goût
Comprendre quelle est la provenance de nos aliments, et comment ils ont été produits est au centre de la philosophie Slow food. C’est pourquoi le mouvement est animé d’une volonté pédagogique et éducative forte, s’adressant au public au sens large, tant aux enfants qu’aux adultes. De nombreux évènements et campagnes sont donc menés en ce sens, afin de distiller le fait que la nourriture rime avec plaisir, culture et convivialité : jardins d’école, dégustations guidées, ateliers pratiques, visites à la ferme…
👉 Comment faire manger des légumes à vos enfants ?, Des vacances à la ferme, pour le bonheur des plus petits
Évènements internationaux
Un réseau actif se charge d’organiser en permanence des actions faisant la promotion de la philosophie Slow food, une occasion de célébrer un peu partout les produits locaux. Parmi elles, vous trouverez par exemple la journée Disco-soupe mondiale 🥳. Cette dernière a pour objet de lutter contre le gaspillage alimentaire (1,3 million de tonnes chaque jour !), et consiste à utiliser les légumes jetés par les supermarchés, laissés à pourrir dans les champs, ou autres… afin de faire une délicieuse soupe de ces rebuts alimentaires parfaitement comestibles, et de danser, au passage, sur quelques airs de disco. À noter que tout le monde dansera sur les mêmes morceaux, dans le monde entier, grâce à une Play List unique !
À retenir : La Slow food est née de la volonté de défendre les traditions régionales, le plaisir gastronomique et un rythme de vie plus lent, en opposition au phénomène grandissant de la malbouffe et des fast food. Comme tous les mouvements Slow, il revendique une décélération. Mais très vite, ce mouvement a adopté une vision plus globale de la gastronomie, défendant l’idée que toute alimentation de qualité devrait répondre aux trois impératifs suivants : être bon, propre et juste. Pour son fondateur, Carlo Petrini, l’idée d’art culinaire n’est pas dissociable de l’idée de préservation de la biodiversité. De nombreuses actions sont menées partout dans le monde pour partager et diffuser cette philosophie. Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild |
Sources : slowfood.fr, slowfood.com, slowfood.com, Le mouvement Slow Food : contretemps de l'accélération temporelle ? - Écologie & politique 2014/1 (N°48), cairn.info
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