Forêts primaires en danger : pourquoi et comment les sauver ?

Pourquoi les forêts primaires sont-elles si précieuses ?

Selon la FAO (l'organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), une forêt primaire est une forêt naturellement régénérée d’espèces d’arbres indigènes où aucune trace d’activité humaine n’est clairement visible et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés. En d’autres termes, les forêts primaires sont des écosystèmes qui n’ont jamais été significativement modifiés par l’activité humaine. 

Cela en fait des réservoirs de biodiversité exceptionnels. En effet, on dit que les espaces forestiers renferment plus de la moitié de la biodiversité sur Terre et qu’un seul mètre carré de forêt peut renfermer plus de 1000 espèces d’invertébrés. Imaginez ! 

En Europe centrale et de l’Est, on trouve deux forêts primaires. La forêt de Bialowieza, située à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, abrite des espèces emblématiques comme le bison d’Europe, le plus grand mammifère terrestre du continent. Avec 900 bisons environ, la forêt abrite 25% de la population mondiale de bisons. On compte aussi près de 59 espèces de mammifères, plus de 250 espèces d’oiseaux, 13 espèces d’amphibiens, 7 espèces de reptiles et plus de 12 000 espèces d’invertébrés. 

Les forêts des Carpates, qui s’étendent sur 365 000 hectares et 7 pays, constituent un refuge pour près de 4000 espèces de plantes dont 481 endémiques. Et ce n’est pas tout. Elles hébergent aussi de nombreux prédateurs menacés, tels que l’ours brun, le loup gris et le lynx. Outre leur rôle clé dans la préservation de la biodiversité, ces forêts ont une autre fonction vitale : elles interviennent dans la régulation du climat. En stockant de grandes quantités de CO2, elles contribuent à atténuer le réchauffement climatique. Saviez-vous que les forêts nous protègent aussi des glissements de terrain ?

Enfin, comme toutes les forêts, elles protègent les sols de l’érosion, régulent le cycle de l’eau et fournissent un habitat indispensable à d’innombrables espèces, dont certaines sont particulièrement menacées.

Les menaces pesant sur ces écosystèmes uniques

De plus en plus rares en Europe, comme partout dans le monde, ces forêts vierges sont confrontées à plusieurs menaces. D’abord, le réchauffement climatique a causé de nombreux incendies et autres catastrophes naturelles. 

Puis, l’exploitation forestière, parfois illégale, représente également le principal danger. Dans la forêt de Bialowieza, par exemple, des abattages ont été justifiés par la lutte contre un insecte nuisible, le bostryche typographe. Ces pratiques ont suscité une vive controverse. 

Enfin, les déforestations massives pour cause d’urbanisation et de tourisme détruisent également l’habitat de milliers d’espèces végétales ou animales tels que les oiseaux ou des milliers d’insectes pollinisateurs. En effet, mal contrôlé, le développement des villes et des infrastructures routières à proximité des forêts génère un stress pour certains animaux qui se voient contraints de migrer et donc de se mettre en danger. D’autres espèces migratoires, en revanche, sont empêchées de traverser du fait de la présence d’un mur de barbelé de 187 km, à la frontière biélorusse. Une barrière mortelle pour les animaux.

Comment protéger les forêts primaires ?

Plusieurs mesures peuvent contribuer à protéger les forêts primaires. D’abord, des autorités compétentes doivent cartographier précisément ces forêts primaires et les faire inscrire comme zones protégées. Ensuite, il faut pouvoir y mener une surveillance régulière afin de prendre des mesures de conservation si nécessaire, comme la reforestation par exemple. Cela inclut l’élargissement des zones protégées afin de veiller à l’application stricte des lois contre l’exploitation illégale. 

Enfin, impliquer les communautés locales est indispensable. En leur offrant des opportunités économiques alternatives et en les sensibilisant à l’importance des forêts, elles deviennent des alliées dans la lutte pour la préservation. D’ailleurs, la collaboration internationale est parfois indispensable lorsque les forêts telles que celles de Bialowieza ou des Carpates ne suivent pas véritablement les frontières. Leur protection nécessite donc des efforts coordonnés entre les pays frontaliers, soutenus par des organisations telles que l’UNESCO ou l’Union européenne.

Explorer les forêts de manière responsable, c’est possible ?

Un tourisme de contemplation reste possible dans les régions de forêts primaires, à condition de le pratiquer de manière responsable. Par ici les bonnes pratiques :  

• 1/ Visitez bien accompagné : Faire appel à des guides locaux permet d’éviter les zones sensibles et de mieux comprendre les enjeux écologiques.
• 2/ Respectez les règles : Restez sur les sentiers balisés, évitez de cueillir des plantes ou de perturber les animaux.
• 3/ Limitez au maximum votre impact : Ne laissez aucun déchet derrière vous, bannissez le plastique et choisissez des transports écoresponsables pour vous rendre sur place.

Sources : Les Echos - UNESCO - WWFn - Cité des sciences et de l’industrie