Côté empreinte carbone, les mastodontes des mers pointés du doigt
Très apprécié pour sa rentabilité, sa capacité à transporter d’importantes quantités de marchandises au moyen de porte-conteneurs et à acheminer à peu près tout et n’importe quoi, le transport maritime de marchandise a le vent en poupe 🤭.
D’après Christian Estrosi, maire de Nice, « Toute la flotte de croisière en Méditerranée est la plus grosse source de pollution, trois fois plus que l’avion ». Et il se pourrait bien qu’il ait raison.
Greenpeace, de son côté renchérit : selon l’ONG, les paquebots contribuent allègrement au réchauffement climatique, avec des émissions par kilomètre et par passager 2,4 fois supérieures à celles de l’avion. Qu’en est-il exactement 🧐 ?
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Round 1 : Bateau Vs/ avion, qui émet le plus de gaz à effet de serre ?
Côté bateau il faut évidemment faire la part des choses entre les différents types d’appareils. Le voilier, par exemple, a de fait un bilan carbone proche de zéro ⛵. Mais c’est plutôt du côté des ferries et des paquebots qu’il faut se pencher.
Le transport maritime utilise l’un des carburants les plus sales au monde
En effet, un ferry émet environ 267 grammes équivalent CO2 par kilomètre. Une empreinte carbone imputable à la combustion de bunker, l’un des carburants les plus sales au monde, qui rejette du CO2, mais aussi du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N20), soit un cocktail détonnant d’un point de vue climatique 😱.
Ce résidu du pétrole obtenu après le raffinage de l’essence ou du diesel est en fait ce qu’il reste une fois que les autres produits pétroliers, plus légers, ont été raffinés.
Si certaines alternatives sont à l’étude, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL) ou les biocarburants non alimentaires, aucun n’émerge réellement et le changement de cap est encore loin de se concrétiser 🧭.
Pourtant, en 2018, l'Organisation maritime internationale (OMI) a fixé l'objectif de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre par le transport maritime d'ici à 2050 par rapport à 2008, et le 16 septembre 2020, le Parlement européen a voté l'établissement de normes contraignantes pour les compagnies maritimes afin de réduire leurs émissions de CO2 d'au moins 40% d'ici 2030. À suivre…
Les émissions à faire pâlir du transport maritime, en constante augmentation
Si l’on en croit Francis Estellat, directeur adjoint des Fonds Equity Mid Cap chez Bpifrance, « Si le transport maritime était un pays, il serait le sixième le plus polluant au monde, entre le Japon et l’Allemagne ».
Le dernier rapport du GIEC fait état, concernant le transport maritime, d’une proportion atteignant 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sur la décennie écoulée, avec une augmentation constante des volumes de fret (+ 250 % sur les 40 dernières années 😮 !).
Les émissions vont donc, logiquement, continuer à augmenter d’année en année, alourdissant ce bilan carbone déjà bien préoccupant, et les experts estiment que la part des émissions mondiales de gaz à effet de serre imputables au transport aérien pourrait atteindre, à ce rythme, 17% à l’horizon 2050 😵.
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Un match difficile à trancher avec le transport aérien
En comparaison, en fonction des sources, on estime que les émissions générées par les avions représentent entre 2 et 3 % des émissions mondiales de CO2 🤓. Sur le papier, ça n’a l’air de rien, mais quand on considère que seuls 10% de la population mondiale utilise ce moyen de transport, ça ne fait pas riche, ou plus exactement ça fait un peu trop riche.
On estime également que l’avion se traduit par des émissions par passager et par kilomètre parcouru de 145 à 285 g de CO2. Par ailleurs, on devrait passer de 4,37 milliards de passagers en 2019 à quasiment deux fois plus, soit 8,2 milliards, d'ici 2037, ce qui ne va pas arranger nos affaires. 👉 Yachts, jets privés… Quel est l'impact écologique des vacances des hyper riches ?
Un match serré, donc, du côté des émissions de gaz à effet de serre entre le transport aérien et le transport maritime. Entre la peste et le choléra, on ne sait que choisir…
Round 2 : Sur le terrain des autres types de pollution
Mais cette comparaison est en fait trop réductrice, parce que la pollution n’est pas uni factorielle, ce qui rend le sujet plus complexe.
🛥️ En effet, même une fois à quai, les bateaux, notamment de croisière, laissent leurs moteurs allumés 24/24h pour alimenter les équipements à bord. Les émissions de dioxyde de soufre des paquebots, notamment, aggravent considérablement la pollution locale, sans pour autant contribuer au réchauffement climatique. C’est ainsi que d’après un rapport de Transport & Environnement, « les 218 navires de croisière situés en Europe ont émis autant d’oxydes de soufre qu’un milliard de véhicules » sur la seule année 2022 (et ont accessoirement émis 8 millions de tonnes CO2, soit l’équivalent de 50 000 vols Paris/New-York).
Or, les études démontrent que l’exposition au dioxyde de soufre peut engendrer ou aggraver des affections respiratoires et causer une augmentation du taux de mortalité par maladie respiratoire ou cardiovasculaire🤒.
Les quantités colossales de particules fines rejetées aux abords des villes où ils font escale, dangereuses pour la santé humaine et pour l’environnement, font également grincer des dents. Crises d’asthme, problèmes respiratoires, maladies chroniques, cardio-vasculaires, troubles neurologiques… La croisière s’amuse, sans doute, mais elle est bien moins sympa pour les personnes qui restent à quai 🚢 !
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✈️ De leur côté, en plus de l’aspect purement climatique du transport aérien, celui-ci génère des polluants qui dégradent la qualité de l’air et la santé humaine, comme :
- le monoxyde de carbone (CO), les oxydes d’azote (NOx), les hydrocarbures imbrûlés (HC), les composés organiques volatils (COV) ou le dioxyde de soufre (SO2), susceptibles de provoquer des maladies respiratoires ;
- les particules fines.
Néanmoins, les mesures réalisées autour des aéroports montrent des concentrations en polluants inférieures aux concentrations mesurées au cœur des grandes villes.
Bonus : Les nuisances annexes du transport maritime
D’un point de vue pollution, le petit plus du transport maritime est bien sûr le rejet dans les milieux aquatiques de produits toxiques, par le biais notamment des eaux usées, ou pire, au cours de marées noires 😒. On peut également citer le problème de la migration des espèces invasives, la pollution sonore nuisible pour la faune sauvage, ou encore la perte de conteneurs en mer.
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À retenir
À la question de savoir qui, de l’avion ou du bateau est le plus polluant, la réponse est probablement la suivante : les deux, mon capitaine 🫡 ! Il parait en effet difficile de trancher ce débat, compte tenu des nombreux facteurs à prendre en compte et de l’imprécision des chiffres avancés. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il s’agit des deux moyens de transport les plus polluants qui soient, à éviter autant que possible.
Ainsi : - Pour limiter le recours au transport maritime, consommez des produits locaux, et bannissez les croisières pour les vacances ! Mais aucune raison de vous priver pas d’une petite escapade en voilier si l’occasion se présente. - Si vous voyagez en avion, préférez les longs courriers, et évitez les escales !
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Sources : tf1info.fr, lemonde.fr, reseauactionclimat.org, stac.aviation-civile.gouv.fr