La collapsologie, héritière des théories de la fin du monde
Déjà, à l’époque des Mayas, on prévoyait la fin du monde. Le catastrophisme ne date donc pas d’hier ! Mais la différence, c’est qu’aujourd’hui, le scénario devient crédible.
Il est vrai que sur le papier, les prévisions scientifiques confinent à l’annonce de l’Apocalypse : Rapport du GIEC, sixième extinction de masse, réchauffement climatique, réserves de pétrole en berne, eau douce qui se fait rare, biodiversité décimée… On ne peut nier qu’il y a comme un faux air de fin du monde dans tout ça 🫣. Et si le scénario catastrophe était vraiment pour demain 🤔 ?
👉 Peut-on vraiment encore sauver la planète ?
C’est quoi, la collapsologie ?
🤓 Le terme « collapsologie » est issu du latin « collapsus » qui signifie « s’écrouler » et de l’anglais « collapse » : « s’effondrer ». C’est ainsi que les collapsologues situent l’effondrement de l’humanité aux alentours de la première moitié du XXIème siècle, donc avant 2050. Que de réjouissances, n‘est-ce pas ?
Selon la théorie de l’effondrement, la population mondiale, de fait, sera en partie décimée par les guerres, les famines et les épidémies. Il s’agit de l’idée selon laquelle notre société actuellement fondée sur les énergies fossiles et sur la course à la production et à la croissance, est vouée à disparaître en raison d’un enchaînement de crises d’ordre environnemental, économiques ou encore géopolitiques. Un effet domino catastrophique qui mènera, à terme, à la disparition du système économique actuel et de notre société industrielle.
👉 Solastalgie, la grande dépression verte
La définition qui en est faite par Pablo Servigne, auteur de « Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes », est la suivante : 🧐 il s’agit de « L’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus ». Dans son livre, il analyse les interconnexions entre le climat, notre environnement et notre système tant industriel, que politique et économique.
D’après Yves Cochet, ancien député européen écologiste, l’effondrement désigne le « processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».
Globalement, la collapsologie est la discipline ou la science qui étudie l’effondrement de nos civilisations.
👉 Vivre en autosuffisance, pourquoi et par où commencer ?
Une interdépendance des facteurs menant à l’effondrement
La première fois que ce concept est évoqué, c’est en 1972 dans le rapport Meadows rédigé par un groupe de réflexion composé d’économistes, de scientifiques et d’industriels. Il se base déjà sur une interdépendance des facteurs, selon lequel le fait de changer une seule variable engendrera de fait l’effondrement du système dans son intégralité.
Il s’agit en effet du fil conducteur des théories de l’effondrement : les interconnexions entre le climat, l’environnement et le système industriel, politique et économique entraîneront l’effondrement de l’ensemble, toutes les crises étant interconnectées et se nourrissant les unes les autres 😔.
👉 Climato-sceptiques : Quelles sont les théories de ceux qui doutent ?
Les 5 stades de l’effondrement
Selon Jared Diamond, auteur de l’ouvrage « Effondrement » paru en 2005, les sociétés ayant d'ores et déjà disparu du fait des activités humaines ont toutes suivi le même « schéma-cadre » :
- Changement climatique
- Tensions frontalières
- Perte de partenaires commerciaux
- Dégradation de l’environnement
- Résilience des sociétés
Il estime ainsi la probabilité que le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui s’effondre d’ici à 2050 à 49 %.
L’auteur russo-américain Dmitry Orlov, de son côté, évoque à son tour « Les cinq stades de l’effondrement » dans son livre du même nom, selon le schéma suivant :
- Effondrement financier 💰, du fait notamment de l’augmentation du coût de l’énergie menant les pays à contracter des dettes auxquelles elles ne parviennent pas à faire face.
- Effondrement commercial, en raison d’un approvisionnement devenu impossible lié à des produits plus rares et plus coûteux, et menant la population à accumuler les denrées, ce qui prive une partie d’entre elles des produits de première nécessité.
- Effondrement politique : les citoyens, en colère, renversent les gouvernements en place, et c’est l’anarchie 😠.
- Effondrement social : en conséquence, les institutions s’écroulent peu à peu (hôpitaux, police, transports en commun, armée…).
- Effondrement culturel : à terme, on assiste à la perte de notre humanité.
Voilà voilà, des gens pas hyper optimistes, quand même, il faut bien le dire, mais des auteurs à succès : début janvier 2019, « Comment tout peut s’effondrer » sorti au printemps 2015 par Pablo Servigne et Raphaël Stevens se hissait au rang de best-seller avec 45 000 exemplaires vendus.
👉 Combien d'humains la terre peut-elle supporter ?
Une théorie qui fait écho auprès du grand public
Il s’avère que 65% des Français les Français sont convaincus que la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s’effondrer dans les années à venir, si on en croit les résultats d’un sondage de la Fondation Jean Jaurès de février 2020. Ainsi, la France est le 2ème pays qui croit le plus en une théorie de l’effondrement, derrière l’Italie (71 %) mais devant le Royaume-Uni (56 %) et les États-Unis (52 %), selon les chiffres de la Fondation Jean Jaurès.
Il ne s’agit donc en rien d’une théorie marginale, mais d’un sentiment ressenti par une majorité de la population, largement alimenté par la pandémie du COVID-19 😷. Certains estiment d’ailleurs que la crise sanitaire nous a donné un avant-goût de l’effondrement qui s’opérera dans l’avenir, paralysant l’économie. Un discours apocalyptique qui rencontre donc un succès indéniable, créant un pont entre les scénarios catastrophe qui ont de tout temps fasciné l’humanité et la réalité. À la nuance près que si la catastrophe est un évènement certain dans le futur mais évitable avec les actions d’aujourd’hui, la collapsologie annonce une catastrophe absolument inévitable : pour les adeptes de cette théorie, le compte à rebours a déjà commencé.
👉 L'écologie, la nouvelle religion ?
À retenir
Notre civilisation peut-elle vraiment disparaître ? C’est en tout cas la conviction des adeptes de la collapsologie, ou de la théorie de l’effondrement. Pour eux, les signes avant-coureurs des limites de notre modèle économique et social sont déjà là, et laissent entrevoir un écroulement de la société telle que nous la connaissons du fait d’un enchaînement de crises d’ordre environnemental, économiques, géopolitiques… Car le point commun des différents auteurs de la collapsologie est sans doute celui-là : l’interdépendance entre les facteurs (climat, environnement, système politique, économique…) causera la disparition de notre système actuel, qui devrait intervenir, d’après les prévisions, aux alentours de la première moitié du XXIème siècle, donc avant 2050. Une théorie désormais très répandue auprès du grand public, en particulier depuis la crise sanitaire.
Explorer - protéger - se ressourcer #BornToBeWild
|
Sources : hellocarbo.com, geo.fr, courrierinternational.com