Comment le réchauffement climatique bouleverse les habitats naturels
Le changement climatique
modifie les conditions climatiques des milieux naturels (humidité, température, catastrophes naturelles, niveau des mers…) et bouleverse ces habitats naturels. Tout comme nous, les animaux souffrent de la chaleur et les canicules augmentent considérablement leur taux de mortalité.
Et inversement : lorsque l’Australie étouffe sous une chaleur écrasante, l’Amérique du Nord est totalement gelée, et certaines espèces ne supportent pas non plus ces températures extrêmes 🥶. C’est pourquoi les scientifiques préfèrent parler du dérèglement du climat, plutôt que de son réchauffement.
L’adaptation au changement climatique : les différentes stratégies
Perte d’habitat, catastrophes naturelles (sécheresses, feux de forêt, ouragans…), conflits entre l’Homme et la faune sauvage pour le partage des derniers espaces et ressources… D’une manière globale, dans le monde animal, il y a deux politiques face au dérèglement du climat :
- Les espèces qui se déplacent vers des régions plus fraîches, plus en altitude ou en profondeur dans les océans afin de survivre à la mutation de leur environnement 🗺️ (autrement dit, qui changent d’aire de répartition), les écosystèmes ayant tendance à se déplacer vers le nord : c’est une fuite dans l’espace,
- Et celles qui tentent de s’adapter, en modifiant leurs habitudes et le calendrier saisonnier de certains événements biologiques, tels que la migration, la sortie de l’hibernation ou la saison des naissances, ce qui constitue une fuite dans le temps aux effets dudit réchauffement.
Dans ce domaine, certains sont plus avantagés que d’autres. Par exemple, si certains oiseaux migrateurs voient leurs rythmes dictés par les températures, ils reviennent plus tôt et parviennent à profiter de la précocité du développement de leur source d’alimentation : les insectes 🦗. D’autres ont un rythme dicté par la photopériode, donc la longueur du jour, qui elle, ne varie pas, et ratent le coche : elles reviennent trop tard pour profiter de la période où les insectes pullulent…
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L’étonnante métamorphose physique des animaux
Mais plus étonnant, le réchauffement climatique change jusqu’à l’apparence de certains animaux : pour s’adapter, ils vont parfois jusqu’à changer de morphologie, si l’on en croit les résultats d'une étude publiée par des chercheurs de l'université Deakin, en Australie, dans la revue Trends in ecology and evolution !
En effet, les organismes vivant sous des climats chauds sont pourvus de plus gros membres par rapport à leur taille, pour mieux dissiper la chaleur interne, et inversement pour les climats froids.
Ainsi, de nombreux oiseaux prennent du bec : les perruches nocturnes, vivant en Australie, voient la surface de leur bec augmenter, de même que les juncos ardoisés, en Amérique du Nord. Chauves-souris aux ailes plus développées, lapins de garennes, aux oreilles plus longues 🐰 … Tout est bon à prendre pour évacuer la chaleur et mieux se thermoréguler 🌡️ !
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Des animaux qui rétrécissent avec le changement climatique
D’une manière générale, les animaux ont tendance à rétrécir sous l’effet du réchauffement climatique 🧐 : chez les ours blancs, par exemple, les scientifiques ont observé que les femelles sont devenues plus minces et plus petites, perdant en moyenne 65 kg et 5 cm de longueur entre les années 1980 et 2010. Elles mettent donc au monde moins d’oursons, et des oursons plus petits eux-aussi, une mauvaise dynamique pour l’espèce.
Un phénomène observé auprès de nombreuses autres espèces (reptiles, amphibiens, insectes, oiseaux ou mammifères). Ainsi, d’après Brian Weeks, professeur adjoint à l'école de l'environnement et du développement durable de l'université du Michigan, presque toutes les espèces sont de plus en plus petites. Il s’agit d’un phénomène appelé par les scientifiques « troisième réponse universelle » au réchauffement climatique, un effet inquiétant qui impacte la survie et les capacités reproductrices des individus, en plus des modifications d’aires géographiques et du changement de rythme adaptatif.
Et pour cause : les individus de grande taille retiennent mieux la chaleur que les petits, c’est ce qu’on appelle la règle de Bergmann 🤓. Ainsi, les individus d’une même espèce seront de plus grande taille vers la limite froide de leur aire de répartition que ceux qui vivent vers la limite chaude, pour une meilleure efficacité de leur thermorégulation.
À l’inverse, les individus plus grands conservent mieux la chaleur, ce qui réduit leurs risques d’hypothermie. Raison pour laquelle on observe que les oiseaux de la forêt amazonienne perdent du poids corrélativement à une diminution des précipitations et à une augmentation des températures moyennes : il s’agirait de devenir plus « thermo-efficaces » afin de mieux réguler leur température corporelle.
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Les grands perdants du réchauffement climatique
Évidemment, les grands perdants du changement climatique sont les espèces qui dépendent d’une alimentation et d’un milieu très spécifique, dont l’habitat est en passe d’être totalement dévasté : leur capacité d’adaptation est, de fait, extrêmement limitée.
Ainsi, l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Les ours polaires, aux premières loges du dérèglement climatique, subissent une perte de diversité génétique inquiétante du fait de la fragmentation de leur habitat, corrélé à la disparition de la glace, ce qui les expose à une inquiétante consanguinité pour l’avenir de l’espèce.
De plus, la banquise arctique où l’animal chasse sa proie favorite, le phoque 🦭, disparaît peu à peu pendant l’été, et se reforme de plus en plus tard à l’automne. Condamnés à la famine, ils sont donc contraints de se nourrir différemment, en entrant plus dans les terres. Les conflits avec les hommes augmentent donc, car les pauvres bêtes n’ont d’autre choix que de s’approcher de plus en plus près des habitations. 👉 Record de petitesse de la banquise de l'Antarctique
Le manchot Adélie, lui aussi, qui vit en Antarctique, est également très impacté : se nourrissant de krill, dont les populations diminuent du fait de la fonte de la banquise, ils doivent migrer toujours plus loin à la recherche de nourriture, au détriment de leur reproduction.
Les coraux du monde entier sont particulièrement lésés 🪸, et blanchissent inexorablement du fait de l’augmentation anormale des températures océaniques, subissant actuellement un épisode massif de blanchissement. On estime que si rien n’est fait, ces écosystèmes à la valeur inestimable pourraient avoir totalement disparu d’ici la fin du siècle.
🐨 Les koalas, de leur côté, dépendent entièrement des eucalyptus pour survivre, ce qui les rend vulnérables aux effets du changement climatique : parviendront-ils à s’adapter à ces changements rapides et brutaux ?
🐼 Le panda géant, qui se nourrit de bambou, sera impacté par le changement climatique, car plusieurs espèces de ces végétaux disparaîtront (rappelons que certaines espèces de bambou ne fleurissent et ne se reproduisent que tous les 15 à 120 ans !), ce qui affectera la disponibilité en nourriture.
Pour les tortues de mer, la situation est plus que préoccupante : leur sexe est déterminé par la température d’incubation des œufs enfouis dans le sable des plages après la ponte, et plus il faut chaud, plus la proportion de femelles augmente, avec à terme un risque de déséquilibre tel entre mâles et femelles que la survie de l’espèce pourrait être compromise.
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Un développement de maladies qui inquiète
Le réchauffement climatique pourrait également, d’après l’Anses, entraîner l’apparition ou le développement de maladies animales telles que la fièvre de la vallée du Rift, l'infection à virus West Nile, la leishmaniose viscérale, les leptospiroses, la fièvre catarrhale ovine et la peste équine 😱.
Les suricates, par exemple, ces petits mammifères qui vivent dans les régions désertiques et semi-désertiques de l’Afrique australe, sont beaucoup plus sujets aux épidémies de tuberculose au fur et à mesure de l’augmentation des températures, du fait du déplacement des mâles entre groupes et du stress physiologique engendré. Les fortes chaleurs provoquent un stress physique tel que le temps consacré à la recherche de nourriture diminue, au fur et à mesure que celle-ci, de son côté, devient de moins en moins disponible.
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Ralentir le réchauffement climatique pour leur laisser une chance de s’adapter
Pour toutes ces raisons, ralentir autant que possible la vitesse et l’intensité du changement climatique est vital pour la survie d’un grand nombre d’espèces, afin de laisser aux écosystèmes un indispensable temps d’adaptation. La réduction des autres pressions qui pèsent sur leurs épaules, telles que la destruction des habitats naturels, la pollution ou la surexploitation, les aiderait également considérablement.
Car le déclin de la biodiversité sur Terre poursuit son effrayante progression, aggravé désormais par le changement climatique qui en devient une des causes principales.
Les dernières études témoignent du fait, notamment, que les conséquences du réchauffement planétaire ont été jusqu'à maintenant très sous-estimées, ne prenant pas assez en compte les co-extinctions. Une seule espèce clé qui disparaît, c’est tout un écosystème qui est bouleversé. De fil en aiguille, la diversité animale terrestre pourrait diminuer de 10 % d’ici 2050 et de 27 % d’ici 2100 🥺.
À retenir :
Aux premières loges du réchauffement climatique, les animaux en sont les premières victimes silencieuses. Luttant de toute leur force pour s’adapter à ces évolutions trop rapides de leur milieu de vie, certaines espèces optent pour la fuite en avant et changent d’aire de répartition, quand d’autres tentent d’adapter leurs habitudes et leur rythme biologique à ces nouvelles contraintes. Des processus évolutifs se mettent également en place, engendrant des modifications morphologiques des individus de manière à favoriser leur capacité de thermorégulation. Les grands perdants, et ils sont nombreux, sont ceux qui dépendent d’une alimentation et d’un milieu très spécifique, et dont l’habitat naturel est voué à disparaître. La survie des écosystèmes dépendra de la capacité des organismes et animaux qui les composent à s’adapter, et de notre capacité à freiner autant que possible ce phénomène afin de leur en laisser le temps.
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Sources : geo.fr, nationalgeographic.fr, futura-sciences.com, anses.fr
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